"J'espère qu'il y aura une prise de conscience" : après des attaques de chiens, l'urgence de la prévention

Ce lundi 11 mars, la propriétaire de plusieurs chiens qui ont blessé plusieurs personnes et semé la panique dans la commune de Vailly-sur-Aisne le 6 mai 2023 était convoquée devant le tribunal de Soissons. Des attaques qui se reproduisent régulièrement et semblent difficiles à prévenir.

"J'ai fait une déclaration en gendarmerie pour mise en danger de la vie d'autrui. Nous n'avons pas été convoqués, mais on va y aller tout de même". Ce lundi 11 mars, dans l'après-midi, Arnaud Battefort, le maire de Vailly-sur-Aisne devait se rendre au palais de justice de Soissons.

L'élu entendait suivre le procès de la propriétaire des chiens qui ont semé la panique dans sa commune il y a près d'un an. Il faut dire que sa localité reste marquée par ces événements. Le 6 mai 2023, le bourg s'était quasiment retrouvé en état de siège suite à une divagation de 5 chiens qui avaient semé la panique dans les rues. La décision tombe le soir même : 9 mois avec sursis pour la propriétaire, avec plusieurs amendes, une obligation de réparation, l'interdiction de détenir un chien et plusieurs amendes.

Un souvenir douloureux

Surtout, une femme de 58 ans avait été mordue à plusieurs reprises. Touchée à l'avant-bras et à la main, la victime n'a toujours pas retrouvé l'usage de son membre à ce jour. 

C'est un souvenir douloureux d'une chose qui n'aurait pas dû arriver. Des mois après des gens me disent encore qu'ils hésitent à sortir à pied

Arnaud Battefort, maire de Vailly-sur-Aisne

"J'espère qu'il y aura une prise de conscience. C'est un début de réparation", estime Arnaud Battefort au sujet de la propriétaire des animaux.

Cette affaire met en lumière la question de la prévention des attaques de chiens. Elles défraient régulièrement la chronique un peu partout, occasionnant des blessures plus ou moins graves. Sans parler du cas extrême de la retentissante affaire Pilarski dans l'Aisne qui a coûté la vie à une jeune femme et à l'enfant qu'elle portait en novembre 2019.

Des faits réguliers estime Arnaud Battefort, le maire de Vailly-sur-Aisne. "Pas plus tard qu'hier dans ma commune, un monsieur a été attaqué à proximité du collège alors qu'il promenait son chien", rapporte l'élu. Une problématique face à laquelle il s'estime désarmé. 

"Nous sommes impuissants"

"Dans notre affaire, les animaux n'étaient pas déclarés comme ce devrait être le cas pour une nouvelle habitante. Nous n'avions aucun contact. Il sont arrivés sans se présenter", regrette le maire.

"La responsabilité des propriétaires est totale. Le problème, c'est la non déclaration des animaux. J'ai le sentiment que je ne connais pas les chiens de catégorie potentiellement dangeureuse qui sont sur ma commune. Il y a de moins en moins de gens qui répondent. Il ne viennent pas nous voir en Mairie. On ne sait pas du tout, nous sommes impuissants", déplorent le premier magistrat qui souligne toutefois avoir été bien épaulé accompagné par la gendarmerie et la préfecture au moment des faits.

Des gendarmes qui gèrent l'urgence quand elle survient, mais pour prévenir ces faits, les autorités semblent à la peine. Le  contrôle du respect des obligations légales par les propriétaires de chiens lui semble aléatoire en l'absence d'alerte particulière.

Confronté à plusieurs reprises à cette question, le maire de Tergnier, lui, se montre toutefois plus serein sur le sujet. Michel Carreau estime avoir pu régler chaque situation en accord avec les propriétaires. "Un enfant avait été mordu au visage, nous avons pris conscience du problème. On a eu un problème à un moment donné avec un chien mordeur. Ca s'est réglé par le dialogue. Il a fallu résoudre le problème en respectant les chiens et l'humain. On arrive avec l'ensemble des personnes concernées à trouver des solutions. A ma connaissance, il n'y a pas de danger", juge le maire.

"Les maires n'osent pas intervenir"

Pour Lévi Zohar éducateur comportementaliste canin basé dans l'Aisne, "les maires ont un pouvoir de police et parfois il n'osent pas trop intervenir. Il y a beaucoup de personnes qui ne respectent pas les obligations, mais en fait les gens savent parfaitement où il y a des chiens", explique le spécialiste qui met en cause un manque d'information.

"Il y a un problème de méconnaissance. Il y a des communes où même la mairie ne connait pas les règles. L'obligation d'un propriétaire est d'avoir le contrôle de son animal. Il y a un vrai manque d'information dans l'ensemble du circuit", analyse Lévi Zohar.

Pour le comportementaliste, il s'agit aussi d'avoir la bonne attitude avec son animal. "J'explique aux gens qu'un chien, on ne le laisse pas dans le jardin. C'est une solution de facilité. On rentre, il rentre. Les gens mettent le chien dans le jardin, il fait le tour et après il s'ennuie et le jour où il sort il y attaque le premier truc venu", analyse Lévi Zohar, prenant l'exemple du facteur qui se fait attaquer.

"Éduquer les humains"

Le spécialiste entend également démonter une idée reçue à son sens. "Ce n'est pas forcément des chiens catégorisés qui mordent. Cela peut arriver à tous les chiens, malinois, berger australien, golden. En fait, il y a moins d'accidents avec les chiens catégorisés que les autres", indique celui qui milite aussi pour la création d'un permis de détention d'un animal de compagnie, car pour lui, il n'existe pas de fatalité en la matière.

"Empêcher de mordre ça s'apprend. Il faut surtout éduquer les humains. Il faut avoir le chien qui correspond à son mode de vie. Quand on prend un chien cela doit être une grande réflexion. Il faut se projeter", conclut le comportementaliste. 

L'actualité "Faits divers" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité