"Je commande des packs d’eau par vingtaine" : sans eau potable depuis un an, le casse-tête d'un village de 250 habitants

L'eau cristallise les tensions à Vaudesson, village situé entre Soissons et Laon, dans l’Aisne. Depuis juin 2023, les 250 habitants sont privés d'eau potable en raison d'un pesticide issu de l'agriculture betteravière. Pourtant les factures ont bondi.

La scène est devenue banale à Vaudesson, village axonais : jerrican à la main, un habitant monte dans sa voiture et va chercher de l’eau potable à une "borne-fontaine", située à trois kilomètres de là, au niveau d’un château d’eau.  

"Il faut ouvrir avec une clé, introduire le badge ici et la colonne délivre 30 litres d’eau, une fois par jour", décrit Christian Meriaux, maire de la commune.

"La mairie doit fournir de l’eau potable. Ici, c'est la meilleure solution", assure l’édile. "On m’a demandé de fournir l’eau directement sur la place du village mais l’eau, on va la chercher où ? Ici, on est dans l’enceinte du SPENS (Syndicat de production d’eau potable du nord de Soissons, ndlr)". Le point de collecte, entièrement gratuit, a été construit spécialement pour affronter la crise traversée par le village depuis un an.

Borne-fontaine ou bouteilles d’eau : à chacun sa solution 

Tout commence fin juin 2023, un arrêté préfectoral interdit de consommer l’eau du robinet. L'Agence Régionale de Santé a relevé des taux de métabolites de chloridazone trop élevés, "un pesticide principalement utilisé pour la culture de la betterave et qui n’est plus autorisé", précise un communiqué de la préfecture.

Depuis l’annonce, dans ce village de 250 habitants, certains privilégient le système des bouteilles d’eau. "Je commande un maximum de packs d’eau, par vingtaine parfois pour pouvoir être tranquille plusieurs semaines", confie Anaïs Wurtz, 33 ans et mère d’une petite fille de trois ans. 

Après avoir bénéficié d’une distribution de bouteilles d’eau durant trois mois par la municipalité, les frais sont aujourd’hui à sa charge. Lassée, elle a décidé de rejoindre un collectif intitulé "Eau potable de Vaudesson". Une dizaine d’habitants en ferait partie. 

Au quotidien, je suis obligée de descendre à la cave pour récupérer des bouteilles pour faire la cuisson, un café, laver les dents... C’est assez pénible.

Anaïs Wurtz

Habitante et membre du collectif "Eau potable de Vaudesson"

Des factures qui ont presque doublé 

Anaïs Wurtz dénonce aussi l’augmentation de ses factures. "Avant, je payais 1,25 euro le mètre cube d’eau. Au premier semestre 2024, la facture est passée à 2,40 euros et je ne peux toujours pas consommer l’eau du robinet", constate Anaïs Wurtz.   

L'eau potable de Vaudesson étant gérée en régie municipale, la mairie est à l’origine de cette décision. Interrogé, l’édile explique que la hausse était obligatoire pour être éligible à des subventions et pouvoir ainsi réaliser les travaux : "Il y a un prix minimum du mètre cube à atteindre pour avoir des subventions. Il ne s’agissait pas uniquement de dire aux financeurs ‘nous allons augmenter le prix de l’eau’, il fallait aussi que ce soit effectif."

La commune projette de se raccorder au SPENS (Syndicat de production d’eau potable du nord de Soissons). Coût estimé : "entre 350 et 400 000 euros". La commune va emprunter mais cela ne suffira pas. "Je suis toujours à la recherche de davantage de subventions que celles qu’on me propose", confie Christian Meriaux. 

L’édile se dit “optimiste” et espère de nouvelles réunions en sous-préfecture, à la rentrée. Une fois le budget bouclé, les travaux pourraient durer plusieurs mois, "six, peut-être", confie-t-il, sans trop s’avancer.

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