Avec la météo changeante depuis le début de l'année 2023, des périodes avec des sols secs, ou des températures trop basses qui ont duré longtemps, certains producteurs de bio enregistrent du retard, voire des pertes dans leurs récoltes. Ils tentent de trouver des solutions.
"On s'est retrouvés fin mai et on n'a pas pu commencer la récolte parce qu'il faisait trop froid et trop humide pour travailler correctement dans les champs." Le constat est amer pour Hélène Tupigny, productrice bio à Saint-Quentin, dans l'Aisne. Plus de la moitié de son champ de haricots verts ne pourra pas être récoltée, faute à la météo.
L'observation est partagée par Sophie Tabary, présidente de l'association Bio en Hauts-de-France. "C'est assez catastrophique. On a eu une saison qui a démarré très tard à cause du froid, un temps sec et la pluie en août se sont rajoutés", déplore-t-elle.
Des solutions coûteuses
La productrice de l'Aisne tente de trouver des solutions. Pour ce faire, elle décide de semer la totalité de sa production en dix jours. "Il faut réussir à faire la même chose pour le désherbage. J'ai réussi pour les pommes de terre et le maïs. Quand je suis arrivée pour les haricots verts, c'était trop tard et les mauvaises herbes étaient déjà trop grandes", déplore Hélène Tupigny.
Impossible d'utiliser la machine habituelle. Alors, en urgence, elle a eu recours à une solution coûteuse : désherber manuellement, avec l'aide de huit saisonniers.
"On a à peu près sauvé un hectare et demi sur les quatre. L'idée, ce n'est pas de gagner ma vie, c'est de limiter la perte", explique-t-elle.
Une perte de 10 à 20 % pour la productrice axonaise
Autre production d'Hélène Tupigny ébranlée : par la météo : son verger, cœur de son activité. Avec le froid au mois d'août 2023, la maturité des fruits est estimée à deux semaines de retard. Et la pluie a laissé des traces.
"On se retrouve avec des champignons sur les feuilles et malheureusement ça peut aussi se développer sur les pommes. Sur huit jours, on a pris 100 millimètres de pluie, donc on ne pouvait pas venir protéger les arbres contre la maladie."
Hélène Tupigny, productrice de fruits et légumes bio dans l'Aisne
Au total, elle prévoit dans son verger une perte de 10 à 20 % de sa production. Cette ancienne professeure de français, qui s'est lancée dans l'aventure bio en 2019, fait face à un autre problème.
Convaincre les grandes surfaces de baisser leur marge
"La grande difficulté, c'est de commercialiser en direct. Pour avoir des prix qui rémunèrent notre travail puis retrouver les consommateurs sur les marchés, ce serait chouette", témoigne la productrice.
De son côté, l'association Bio en Hauts-de-France tente d'influencer les grandes moyennes surfaces (GMS) pour qu'ils baissent leur marge. "Aujourd'hui, leur marge est quasiment doublée sur nos produits, ce qui les rend inaccessibles. Alors que nos prix sont en train de baisser malgré l'inflation", souligne Sophie Tabary.
En attendant ces négociations et toujours dans l'optique de rencontrer le consommateur, le verger d'Hélène Tupigny sera ouvert à la cueillette début septembre pour la première fois.
Avec Lucie Cailleret / FTV