Depuis 48h et la mise en place des mesures de reconfinement, de nombreux appels ont été émis en soutien aux petits commerces dont l'activité n'est pas dite "essentielle". A Chauny, dans l'Aisne, certains prévoient de rouvrir symboliquement leur boutique ce mardi 3 novembre.
"Commerce non-essentiel" : à l’évocation de cette expression, Catherine Dolatka "[s’]agace". Sa boutique de Chauny propose à la clientèle des vêtements neufs et d’occasion. Elle fait donc partie des magasins qui ont dû fermer leurs portes vendredi 30 octobre, au premier jour du reconfinement décidé pour endiguer la flambée des contaminations à la Covid-19 dans le pays. Une mesure qui ne passe pas auprès de nombreux commerçants de proximité.
Gel hydroalcoolique en boutique, passage à la vapeur des vêtements après essayage, désinfection des cabines entre chaque client… Catherine Dolatka estime avoir fait les efforts nécessaires – financiers également – pour assurer sa réouverture après le premier confinement. Aujourd’hui, elle dit se sentir "en colère" et "abandonnée".
L’incompréhension majeure, c’est l’ouverture des grandes enseignes qui vendent vêtements, accessoires, matériel de sport… Tous ces articles que ne peuvent plus présenter en boutique les commerces de proximité. "On fait travailler les gros et eux, ils mènent bien leur barque, pendant que nous sommes en train de nous casser la figure", s’exaspère Catherine Dolatka. Une situation qu’une lettre ouverte signée de plusieurs députés (notamment des trois départements picards) et adressée au Premier ministre résume comme "une forme évidente de concurrence déloyale".La France aurait été mise sous cloche, on aurait tout à fait compris. Seulement, tous les lieux où on brasse énormément de personnes sont ouverts : aussi bien les grandes enseignes que les écoles, les lycées, etc. [...] Sauf les petits commerçants, nous qui recevons - allez - trois personnes à la fois. Une grande journée, en gros, on a 20 personnes dans la journée en boutique. Ce n'est pas chez nous que c'est dangereux.
"Juste impossible"
L’association Artisans et Commerçants de Chauny partage ce point de vue et refuse de s’y résoudre. Elle appelle ses 150 adhérents – et au-delà – à ouvrir leur magasin mardi prochain malgré l’interdiction, pour "taper du poing", selon l’expression de son président. "Financièrement, on ne peut pas se permettre aujourd'hui de fermer, martèle Fabien Decq, qui tient une bijouterie. C'est juste impossible." L’indemnisation de 10.000 euros annoncée par le ministère de l'Économie et des Finances ? "Une miette de pain."
Ça nous couvre pas le chiffre d'affaires que l'on peut faire pendant un mois. Surtout à cette période d'avant Noël. La plupart d'entre nous avons fait toutes nos commandes cet été ou au mois de septembre pour les fêtes de fin d'années. Tout commence à arriver, et les factures qui vont avec. Il va falloir quand même payer ça.
Et de citer également les emprunts déjà contractés par certains indépendants pour faire face au confinement de mars dernier. Pour ces deux commerçants, une solution alternative et acceptable aurait été un couvre-feu avancé, même accompagné d’un confinement le week-end. Dans une autre lettre ouverte, des maires appelaient ce samedi à fermer les rayons d’articles "non-essentiels" dans les grandes surfaces. Mais Fabien Decq prévient : "Quoi qu’il en soit, à partir du 1er décembre, on rouvrira tous."