La ville de Saint-Quentin accueille samedi 23 septembre 2023 son premier festival dédié à la langue des signes et à la culture sourde, le Festi'signes, organisé par l’association Écoute les signes. La date ne doit rien au hasard : le 23 septembre est la journée mondiale des sourds. 200 personnes étaient au rendez-vous.
"Je n’imaginais pas que ça prendrait une telle ampleur, on remplit la moitié de la place de l'hôtel de ville !", souffle, ravie, la secrétaire adjointe de l’association Écoute les signes, Camille Tavernier.
Après seulement un an d’existence, l’association de Saint-Quentin organisait samedi 23 septembre son premier Festi’signes : un festival pour faire rayonner la langue des signes française et la culture sourde.
Pour trinquer avec des sourds, par exemple, nous n’entrechoquons pas les verres entre eux, mais rapprochons les verres de façon que les mains se touchent.
Camille Tavernier, Festi'signes
Car il s’agit bien d’une culture à part entière, souligne Camille Tavernier : "Pour trinquer avec des sourds, par exemple, nous n’entrechoquons pas les verres entre eux, mais rapprochons les verres de façon que les mains se touchent."
18 exposants sont réunis sur la place de l’hôtel de ville : associations, commerçants, jeux, concert de chansigné et ateliers animent les lieux jusqu’à 18 heures. Plus de 200 personnes sont venues en profiter.
"Il faut que l’on progresse sur l’inclusion"
Depuis sa création, Écoute les signes organise des cafés signes ouverts à toutes celles et ceux qui souhaitent s’initier à la langue des signes française et échanger avec des personnes malentendantes. Écoute les signes rassemble 110 membres, " moitié sourds, moitié entendants : tous les membres du bureau sont sourds et les entendants sont adjoints ", précise Camille Tavernier.
/regions/2023/09/23/img-20230923-152730-650ef33d7b77b514400273.jpg)
L’association milite pour un meilleur accompagnement des personnes touchées par la surdité. "Il faut que l’on progresse sur l’inclusion au quotidien, affirme Camille Tavernier. Comment on fait pour demande un papier d’état civil ou faire une réclamation sur ses impôts quand on est sourd ? Pour assister à un spectacle ? Comment on fait à l’école ? "
Ancienne enseignante spécialisée auprès d’élèves sourds et malentendants, elle sait que le chemin à parcourir est encore long. Mais le travail de l’association commence à porter ses fruits.
Saint-Quentin, ville pionnière
Saint-Quentin est la première ville de France à proposer une permanence de la police municipale en langue des signes, à l’initiative de Clémence Bendier, policière et par ailleurs présidente de l’association qui organise ce Festi’signes.
La médiathèque s’est dotée d’un fonds documentaire adapté et cette année, quatre spectacles adaptés seront proposés par les services culturels de la ville. Des visites guidées du patrimoine, interprétées en langue des signes, sont également organisées depuis quelques mois.
"Dès la création de l’association, nous avons voulu travailler avec la municipalité, se rappelle Camille Tavernier. Les choses progressent à force de travail, même dans nos petites villes, plus besoin d’aller dans les grandes métropoles pour avoir des activités culturelles adaptées."
Des visiteurs sont venus de Soissons et Château-Thierry pour ce premier Festi'Signes, profiter du concert du conservatoire où le public était équipé de gilets vibrants et pour le spectacle de chansigné proposé par l'association Main dans la Main.
La langue des signes, "c’est créatif et théâtral"
Organiser cet événement est enfin un moyen de créer des rencontres avec le grand public. "La surdité fait peur car il y a la barrière de la langue, regrette Camille Tavernier. Il est vrai que c’est une langue à part entière, mais nous la dédramatisons en apprenant un signe à la fois, avec un peu de mimes, un peu de théâtre, pour lever les peurs. C’est créatif et théâtral. Il ne faut pas hésiter, si l’on a envie de l’apprendre, à se rapprocher des associations."
Après avoir célébré en beauté cette journée mondiale des sourds, l’association Écoute les signes reprendra dès octobre ses cafés signes à Saint-Quentin. Avec, peut-être, quelques nouvelles recrues.
