Coronavirus : à Calais, les associations poussent un nouveau cri d'alarme sur la situation des personnes migrantes

Dans une lettre adressée au préfet, ce mardi 7 avril, les associations d'aide aux personnes migrantes dénoncent la "situation matérielle désastreuse des personnes exilées qui survivent à Calais et dans les communes voisines".

Fin de la distribution de repas chauds, insuffisance en eau potable, absence de poubelles, présence de rats, impossibilité de recharger les téléphones, poursuite des démantèlements... Les conditions des personnes migrantes se dégradent en cette période de confinement selon les associations qui ont décidé d'écrire au préfet pour s'insurger de la situation.

"La situation est très mouvante à Calais", confie François Guennoc, vice-président de l'Auberge des migrants. "Depuis le début du confinement, plein de changements sont apparus au niveau des services de l'Etat notamment la cessation de la distribution des repas chauds et de la possibilité de recharger son téléphone".
 
Les téléphones sont pourtant le moyen pour les exilés de communiquer avec leur famille, d'avoir accès aux soins en appelant le 15 ou à l'hébergement avec le 115 et aux associations ayant maintenu leurs activités.
 


A certains endroits, la distribution d'eau est parfois insuffisante, notamment "près de l'hôpital, où vivent une centaine de personnes, la distribution se résume à 20 bidons de cinq litres, soit environ un litre par jour et par personne". Or, l'Organisation mondiale de la santé, considère qu'il faut un "mimum vital de 20 litres d'eau par jour et par personne pour répondre aux besoins fondamentaux d'hydratation et d'hygiène personnelle."

Autre problème, l'arrivée des rats attirés par les déchets "qui dévorent les tentes et les affaires personnelles des habitants des campements pour avoir accès au peu de nourrirutre que ceux-ci gardent". Les associations demandent en conséquence "la mise à disposition de poubelles et de sacs et leur évacuation."
 

Des démantèlements qui continuent


Malgré l'épidémie du coronavirus, les démantèlements se poursuivent. La situation avait déjà été évoquée lors d'une précédente lettre, adressée cette fois au procureur de la république de Boulogne par l'association Salam.
 
Cette situation mène à la défiance des exilés. Ils sont "peu nombreux" selon François Guennoc à monter dans les bus qui les conduisent dans les différents abris mis à disposition : le centre de vacances de Merlimont, l'hôtel de Fouquières-les-Béthune, le centre sportif de Liévin et le centre d'accueil et d'examen des situations de Nédonchel.
 
Près d'un millier d'exilés seraient sur Calais en ce moment selon les associations, mais seulement 226 ont accepté les opérations de mise à l'abri proposées par la préfecture du Pas-de-Calais depuis le 3 avril. La faute à un manque de confiance en l'Etat français selon le communiqué du fait des "opérations d'expulsions quotidiennes qui [...] impactent gravement la santé physique et mentale des personnes, mettent à mal la confiance que peuvent avoir les personnes dans les actions des autorités - notamment lors des opérations de mise à l'abri en hébergement adapté."
 
Le retour du beau temps incite aussi les exilés à rester sur Calais car ils espèrent pouvoir bientôt passer en Angleterre. La semaine dernière, "ils sont 150 à avoir réussi leur passage". Mais la préfecture compte poursuivre les opérations de mise à l'abri dans les journées qui viennent.

Dans un communiqué, le préfet a répondu aux associations ce vendredi 10 avril.
 


 
20 amendes en deux semaines pour les associatifs
"C'est un véritable scandale", les associations dénoncent le nombre important de PV reçus par les bénévoles depuis deux semaines. Ils rappellent que leur "présence sur le terrain, à toute heure, en dehors des distributions même, est indispensable pour collecter des informations sur les besoins et dialoguer avec les personnes migrantes".

Ils dénoncent les "restrictions mises en place par la préfecture du Pas-de-Calais" dont "un couvre-feu, leur interdisant d'intervenir entre 20 heures et jusqu'à 8 h 30", et un "périmètre d'action restreint à certains lieux précis imposés par la préfecture et qui ne correspondent pas à l'ensemble des lieux où elles ont l'habitude d'intervenir ou bien ceux où seraient présentes les personnes sans abri."

Conséquence, en deux semaines, les associations ont reçu " 18 amendes entre le 19 mars et le 8 avril dans le cadre de l'exercice de leur mission humanitaire et de leurs maraudes".  Ce système est "totalement arbitraire" s'insurge François Guennoc, vice-président de l'Auberge des migrants. "On a l'impression qu'avec ces PV, certains policiers règlent leurs comptes."
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