Coronavirus / confinement : ces maires des Hauts-de-France qui ne veulent pas rouvrir les écoles le 11 mai

La réouverture des écoles annoncée le 11 mai par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 20 avril est loin de faire l'unanimité. Certains maires des Hauts-de-France ont d'ores et déjà annoncé qu'ils refusaient cette réouverture. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"C'est une sacrée responsabilité à endosser, non seulement en qualité d'élu mais aussi comme professionnel de santé", estime Michel Petit, maire de Berles-au-Bois (près d'Arras) et pharmacien. "Je n'imagine pas un seul instant que l'école puisse devenir un cluster". C'est au regard de cette crainte qu'il a décidé de ne pas rouvrir l'école primaire à tous les élèves, comme d'autres maires du Nord et du Pas-de-Calais. 

"À l'annonce du président de la République, j'étais très surpris honnêtement de la réouverture des écoles primaires. Je sais pertinemment que l'école devra reprendre un jour ou l'autre, mais je trouve la décision précipitée. À aucun moment, le président ne s'est appuyé sur l'avis de l'ordre des médecins, de l'académie de médecine ou encore du conseil scientifique, qui ont, eux, émis un avis défavorable, même si la décision politique n'appartient qu'au président", ajoute l'édile de Berles-au-Bois. 
 
La défiance vis-à-vis de la situation est similaire à Coudekerque-Branche où 17 des élus du Conseil municipal sont tombés malades du coronavirus après avoir tenu les bureaux de vote. "On a payé un lourd tribut. Je ne voudrais pas qu'on paie un tribut aussi lourd, avec la réouverture des écoles, parce que cela entraînerait une deuxième vague", a confié le maire, David Bailleul, à nos confrères de France Bleu Nord
 


Ses réserves portent essentiellement sur le respect des mesures barrières par les enfants : "Les gestes barrières sont difficiles à observer pour les enfants, je n'ose pas imaginer être à la place de l'institutrice qui s'occupera des maternelles", s'inquiète Michel Petit, maire de Berles-au-Bois. 
  

"Qui du Ministre ou du Maire serait tenu responsable [...] ?"


La question de la responsabilité le tracasse aussi : "Si un enseignant contracte le Covid-19, on pourra toujours me reprocher le manque de masque, de gel hydroalcoolique. J'ai 77 ans, je veux dormir en ayant la conscience tranquille. Je vais refuser cette prise en charge et le préfet sera obligé de me réquisitionner."

Un questionnement partagé par les maires de 14 communes de l'agglomération d'Hénin-Carvin. Ils ont interpellé, dans une lettre, le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry : "Qui, du Ministre ou du Maire, serait tenu responsable de nouvelles contaminations au Covid-19 en milieu scolaire ?"
 
Pour éviter ce retour à l'école, le maire veut s'appuyer sur les plateformes en ligne utilisées par l'académie du Pas-de-Calais, durant cette période de confinement. "Dans chaque famille, il y a des ordinateurs, et celles qui en n'auront pas, on leur prêtera", affirme le maire de Berles-au-Bois.
 
Mais certains enfants seront acceptés à l'école : "Nous ne ferons pas office de garderie. L'école sera ouverte pour les enfants des professionnels de santé, de ceux et celles qui sont au front et aussi aux parents qui n'ont pas d'autres alternatives. J'ai demandé aux enseignants aussi de cibler les enfants qui sont décrocheurs pour les faire venir à l'école." Une solution insatisfaisante selon lui mais "la vie n'a pas de prix."
 
D'autres mairies et agglomérations réfléchissent elles aussi à cette rentrée du 11 mai. Les maires du Grand Calais Terres & Mers se montrent réservés sur le sujet dans un commmuniqué de presse daté du 20 avril : "D'ores et déjà nous anticipons collectivement au mieux les dispositions qu'il faudrait prendre : les classes seront donc désinfectées avant tout retour à la normale [...]. Enfin, chaque maire se réserve le droit de ne pas rouvrir ses établissement scolaires s'il estime que les conditions d'hygiène ne sont pas suffisantes ou réunies pour un retour à l'école dans de bonnes conditions."
 

Le maire d'Hautmont, près de Maubeuge, est aussi contre et a décidé de prendre un arrêté, publié sur le site internet de la ville : "Nous n'avons pas la possibilité actuellement [d'accueillir les enfants] en respectant et en leur faisant respecter les gestes barrières s'agissant des maternelles et des primaires. [...] Nous ne sommes absolument pas capables de respecter les consignes sanitaires d'hygiène s'agissant de la restauration scolaire."

Dans la commune de Courcelles-les-Gisors dans l'Oise où vivent 800 âmes, le maire estime que les conditions sanitaires et financières ne permettent pas une réouverture des écoles avant la rentrée de septembre : "Je ne me vois pas rouvrir une école pour cinq ou six gamins car la plupart des parents ne remettront pas leurs enfants à l'école. Au mois de septembre, je suis entièrement d'accord que le virus sera aussi là. Mais les gens auront été habitués à être dehors, auront appris à vivre ensemble, ce ne sera pas tout à fait pareil que là, après deux mois de confinement."

À Abbeville, dans la Somme, "le flou" et "les questions" qui planent autour de cette rentrée au 11 mai mettent en péril une telle reprise pour le maire, Nicolas Dumont, qui s'est exprimé sur la page Facebook de la commune. Il refuse une rouverture des écoles tant que les questions autour de la distanciation sociale à la cantine, dans les transports et les garderies, du port des masques ou non pour les enfants, ne seront pas résolues. "À l'heure où je vous parle, les réponses à ces questions je ne les ai pas. Donc, ma position, c'est de ne pas faire courir le moindre risque aux enfants et au personnel."
 
Pour l'instant, les maire de Maubeuge et de Courcelles-les-Gisors sont les seuls à être allés jusqu'à prendre un arrêté... qui risque d'être considéré comme illégal et retoqué par les préfectures. 


 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité