Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a lancé ce mardi "un appel à l'armée de l'ombre des hommes et des femmes" qui "n'ont plus d'activité" en raison de la crise du coronavirus, "à rejoindre la grande armée de l'agriculture française". Des propos qui suscitent des réactions constrastées.
"Il y a aujourd'hui la possibilité d'avoir 200 000 emplois directs dans les métiers de l'agriculture", privée de la main-d'oeuvre notamment étrangère qu'elle emploie habituellement pour les travaux des champs, a affirmé Didier Guillaume sur BFMTV et RMC, demandant à ceux qui le souhaitent d'aller "dans les champs".
L'appel au Français du ministre de L'agriculture:
— RMC (@RMCinfo) March 24, 2020
"Les agriculteurs n'ont pas de main d'oeuvre (...) Il faut que les travaux des champs se fassent (...) Il y a besoin de la solidarité nationale pour qu'on puisse manger"
? @dguillaume26 min. de l’agriculture#BourdinDirect pic.twitter.com/j9yTXy797H
"Je lance un grand appel aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas, qui sont confinés chez eux, qui sont serveur dans un restaurant, hôtesse d'accueil dans un hôtel, coiffeur de mon quartier, qui n'ont plus d'activité... Et je leur dis de rejoindre la grande armée de l'agriculture française, ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine", a-t-il déclaré.
"Il faut produire pour nourrir les Français", a-t-il encore clamé en évoquant "un acte citoyen, civil". Selon le ministre de l'Agriculture, les volontaires "seront salariés par les agriculteurs et on regardera comment les choses pourront se faire".
"Le ministre n'a pas conscience du niveau de qualification"
Ces propos ont été fraîchement accueillis par les agriculteurs de la région. "Ils ne savent plus comment faire pour se rendre intéressants", a réagi Jean-Christophe Rufin, vice-président de la FDSEA du Nord et secrétaire général de la FRSEA Hauts-de-France. "L'idée est bonne... quand on ne connait pas les métiers agricoles", ironise-t-il. "Vous essaierez de faire utiliser un pulvérisateur à une coiffeuse... C’est à croire que même notre ministre n’est pas conscient du niveau de qualification dans notre métier".
"Il y a parfois besoin de petites mains pour le ramassage des asperges, on a aussi la récolte des fraises qui va commencer, mais de grandes annonces pour dire ça aux gens, ce n'est pas ce qu'on attend de notre ministre", ajoute-t-il.
Jean-Christophe Rufin reconnaît toutefois que le secteur agricole dans la région "commence à avoir des soucis" mais "pas tant dans les champs que dans les industries de transformation". "Mais on reste mobilisé", souligne-t-il. "L'avantage quand on travaille seul dans les champs, c'est qu'on n'est pas trop exposé au risque de contagion, même si on a des gens dans notre secteur qui sont aussi malades".
"Par contre, il va manquer du monde dans les industries de transformation, là c’est sûr", insiste-t-il. "Mais ce sont des gens qui ont une qualification et qu’on ne peut pas remplacer comme ça". "On va avoir aussi un souci dans le transport, notamment le transport du lait", estime le responsable agricole. "Là, il faudra mobiliser, mais on remplacera un chauffeur par un autre chauffeur".
Proposition soutenue par la FNSEA
Au niveau national toutefois, la FNSEA approuve l'appel du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume.
«Nous avons besoin de bras pr remplir vos assiettes. Je tiens à rassurer tts les personnes intéressées : ttes les mesures de sécurité nécessaires seront mises en place pour les accueillir et elles sont rémunérées» @ChLambert_FNSEA sur @BFMTV
— La FNSEA (@FNSEA) March 24, 2020
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"Nous avons besoin de bras pour remplir vos assiettes. Je tiens à rassurer toutes les personnes intéressées : toutes les mesures de sécurité nécessaires seront mises en place pour les accueillir et elles sont rémunérées", a déclaré ainsi sa présidente, Christiane Lambert.
Un site internet, baptisé "Mobilisons-nous pour remplir nos assiettes", a même été ouvert pour que les personnes qui souhaitent se porter volontaires puissent postuler à un travail dans les exploitations agricoles.