Covid-19 - Belgique : deux provinces instaurent un couvre-feu de 1h à 6h, un exemple qui pourrait inspirer la France

Deux des cinq provinces wallones viennent d’annoncer l’instauration d’un couvre-feu entre 1h et 6h du matin, pour quinze jours minimum. L’objectif : interdire les rassemblements nocturnes identifiés comme "supercontaminateurs." Un exemple que pourrait suivre la France.

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La métropole lilloise et ses 95 communes ont basculé en zone d’alerte maximale –selon la classification mise en place par le gouvernement français- alors que les données récoltées par Santé Publique France indiquent une hausse notable des contaminations et des hospitalisations. Le virus ne connait pas de frontières, preuve en est les chiffres de la Covid-19 en Belgique jugés "particulièrement sérieux" par le Premier ministre Alexander de Croo, qui a appelé la population à respecter les mesures, car "si ça ne s'améliore pas, on devra prendre des mesures." Plus de 15 personnes sont décédées chaque jour des suites du coronavirus du 1er au 7 octobre en Belgique. Comme en France, les contaminations explosent chez les jeunes. Ainsi, le gouvernement a décidé la mise en place de mesures plus contraignantes. Les cafés et bars ont fermé jeudi 8 octobre dans l’ensemble de la région de Bruxelles pour une durée d’un mois minimum. Dans tout le pays, ils doivent désormais fermer au plus tard à 23 heures. Est-ce néanmoins la bonne solution ? Dans le journal belge le Soir du 13 octobre 2020, l’éditorialiste en chef Béatrice Delvaux pointe du doigt la difficulté pour les autorités – gouvernement, gouverneurs, bourgmestres etc. – de prendre des décisions et titre son édito de manière directe, Message à tous : tout faire pour éviter un nouveau confinement.

"Fermer les bars ? Mais alors les étudiants se retrouveront dans les kots. Fermer les auditoires ? Mais alors les étudiants vont rentrer à la maison et peut-être mettre en danger leurs parents ou grands-parents. Chaque organisation, chaque pouvoir public est aujourd’hui placé devant des dilemmes invraisemblables."

Béatrice Delvaux, éditorialiste au Soir, le 13 octobre 2020

La province du Brabant wallon, située au sud de Bruxelles, et la province rurale de Luxembourg viennent de sauter le pas en instaurant un couvre-feu entre 1h et 6h du matin, à partir de ce mercredi 13 octobre et pour les quinze prochains jours. Ce "confinement nocturne" limite ainsi tout déplacement à l’essentiel (raison médicale ou professionnelle, assistance etc.) pendant le créneau horaire défini, avec pour objectif affiché d’endiguer les comportements inappropriés et les rassemblements nocturnes clairement identifiés comme des "supercontaminateurs."Une mesure qui serait à l’étude en France, alors qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole mercredi 14 octobre à 19h55 pour demander un véritable changement de comportement et sans doute annoncer de nouvelles restrictions dans les grandes villes pour lutter contre la Covid-19.

Deux provinces wallones instaurent un couvre-feu

Dans la province du Brabant wallon, 400 000 habitants, le gouverneur Gilles Mahieu n’a pas hésité une seule seconde avant d’imposer cette nouvelle mesure, "forte, mais proportionnée et nécessaire" nous dit-il. Plus de la moitié des nouvelles contaminations ont lieu chez les moins de 30 ans depuis le 1er septembre, principalement lors de fêtes privées identifiées comme des foyers très importants de propagation du virus. Exemple criant : l’université de Louvain-la-Neuve, où au moins 600 étudiants ont été testé positifs ces derniers jours.
En parallèle, les centres de testing de la province sont saturés, le taux d’incidence –c’est-à-dire le nombre de cas positifs pour 100 000 habitants- s’élève à 623 (à titre de comparaison, il s’élève à un peu plus de 300 dans la métropole lilloise) et le taux de positivité des tests a été multiplié par 10 en un mois, atteignant désormais 15%.

"En interdisant les déplacements une partie de la nuit, on met une barrière en plus à la circulation du virus. Ce n’est pas une mesure anodine mais elle est moins impactante."

Gilles Mahieu, gouverneur du Brabant wallon le 12 octobre 2020

Plus au sud, le gouverneur de la Province de Luxembourg Olivier Schmitz a lui aussi imposé le couvre-feu. Pourtant bien plus rurale, elle n’échappe pas à la hausse soudaine des contaminations : 36 des 44 communes qui la composent enregistrent un taux de contamination supérieur au seuil d’alerte fixé par les autorités et ici, le nombre de cas positifs double tous les 5 jours depuis la rentrée de septembre. "Nous sommes désormais en niveau 4 d’alerte, soit le niveau le plus élevé" explique le gouverneur. Dernier chiffre évocateur, la province de Luxembourg possède le plus haut taux de reproduction de toute la Belgique : une personne positive à la Covid-19 en contamine en moyenne deux autres.

Vers plus de restrictions ?

Les trois autres provinces wallones n’ont pas encore instauré la mesure de couvre-feu, même si cette mesure restrictive reste à l’étude dans les villes universitaires de Namur, Liège ou encore Mons. Une réunion est prévue entre le gouverneur de Namur Denis Mathen et les 38 bourgmestres de la province ce mercredi pour décider collectivement des nouvelles mesures à mettre en place.

"L’opinion générale n’est pas en faveur de cette mesure. Le but c’est de dissuader ces rassemblements dans des lieux privés. C’est la raison pour laquelle, parce que la ville de Namur est une ville universitaire, je vais voir s’il n’est pas possible d’avoir des mesures beaucoup plus ciblées pour également viser le même but."

Denis Mathen, gouverneur de la province de Namur, le 13 octobre 2020 sur la 1ère

Le gouverneur de la province du Hainaut devrait également prendre une décision dans les prochains jours, tandis que le gouverneur de la province de Liège attend que des mesures soient dictées à l’échelle nationale. Rudi Vervoort, ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, estime qu'il faut une "cohérence" à l'échelle fédérale pour "générer de la compréhension." Néanmoins, il n'écarte par la possible mise en place d'un couvre-feu, expliquant "attendre de voir les directives qui viendront du ministère de l'Intérieur pour pouvoir valider certains points de vue juridiques et faire en sorte qu'on puisse l'appliquer."
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