Le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a récusé ce mardi le terme d'"ensauvagement" de la société, cher à Gérald Darmanin.
Eric Dupond-Moretti a promis mardi des "sanctions" en cas de dysfonctionnement de la justice après le meurtre et le viol d'une adolescente par un multirécidiviste à Nantes, et dénoncé la "surenchère populiste" sur ce drame en récusant tout "ensauvagement" de la société.
"La France n'est pas un coupe-gorge"
"Si la justice a dysfonctionné, il y aura des sanctions", a assuré le ministre de la Justice sur Europe 1, en expliquant avoir "demandé une inspection" sur ce "crime atroce"."Après un drame comme celui-là, on doit se taire. Et on n'est pas obligé de faire dans la surenchère populiste", a ajouté le ministre originaire de Maubeuge, réagissant aux critiques virulentes formulées par l'extrême droite et la droite ce week-end.Le ministre de la Justice @E_DupondM sur #Europe1 :
— Europe 1 ??? (@Europe1) September 1, 2020
"Après un drame comme celui-là, on doit se taire. Et on n’est pas obligé de faire dans la surenchère populiste (…) La France, ce n’est pas un coupe-gorge"
Son interview complète par @somabrouk ici ? https://t.co/vBI65XRkeU pic.twitter.com/eh67cCCdjL
"La France, ce n'est pas un coupe-gorge", s'est-il indigné, en rappelant que le taux de réponse pénale est "de plus de 90%". Pour lui, "on ne peut pas dire que la justice ne fonctionne pas".Le rétablissement des peines plancher ou de la rétention de sûreté, qui permet le placement de détenus qui ont exécuté leur peine mais présentent toujours un risque élevé de récidive dans des centres de soin, "ça n'arrangera rien", a-t-il jugé. "Il n'y a aucun système qui permet la rémission des crimes".
Insécurité et sentiment d'insécurité
En revanche, "il y a un vrai sujet, c'est la réaction de la justice qui parfois est tardive", a-t-il reconnu, en promettant des mesures pour inventer "une réponse qui soit immédiate à la petite délinquance."M. Dupond-Moretti a par ailleurs récusé "l'ensauvagement de la société" dénoncé par la droite et par un autre ministre nordiste : Gérald Darmanin. L'ex-maire de Tourcoing (qui a démissionné samedi après son mariage) avait employé ce terme dans un entretien au Figaro en assurant que l'on "assist[ait] à une crise de l'autorité" et qu'il fallait "stopper l'ensauvagement d'une certaine partie de la société".
Ce choix de mot avait été critiqué par une partie de l'opposition, mais aussi par plusieurs députés de la majorité LREM. La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a estimé, lundi sur France Inter, que Gerald Darmanin avait eu "tout à fait raison d'utiliser ce terme".
"L'ensauvagement, c'est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité", a de son côté estimé Eric Dupond-Moretti, ce mardi. Or "pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité" qui est "de l'ordre du fantasme" et est nourri par "les difficultés économiques" et "certains médias", selon lui."Bien sûr, sur le terrain économique, la droite n'a rien à opposer au président de la République, donc elle vient sur les sujets régaliens et sécuritaires", a-t-il ironisé. Pour montrer que la justice agit, il a annoncé son intention de communiquer plus souvent.