Gaz naturel dans l'Oise, électrique à Soissons : la transition des bus et cars en Picardie

Dispositions légales, volonté d'accompagner la transition énergétique, économies à terme : des services de transports urbains et interurbains investissent dans les alternatives au carburant pétrolier. Depuis janvier, un car fonctionnant au gaz naturel a ainsi été mis en circulation dans l'Oise. 

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C’est une première dans l’Oise : depuis la rentrée scolaire de janvier, des voyageurs de la ligne 62, entre Senlis et Crépy-en-Valois, montent à bord d’un car qui roule au gaz naturel. Le véhicule émet, selon le transporteur Keolis, jusqu’à 95% d’émissions de CO2 en moins que son équivalent au gasoil.
 

Cette mise en service intervient alors que de nombreux services de transports en commun picards se tournent vers les alternatives à l'essence et au gasoil, encouragés par des obligations légales (cf. encadré), la persective de mobilités plus respectueuses de l’environnement et/ou moins chères sur le long terme.

L’électrique en expérimentation


Ils ont été inaugurés en mai dernier et ne cessent de susciter des débats depuis. Quatre lignes du réseau amiénois Amétis, baptisées Némo, fonctionnent aujourd'hui grâce à des bus électriques "à haut niveau de service" (wi-fi embarqué, prises USB…).
 

Ici encore, Keolis est en charge de l’exploitation des véhicules. Selon les objectifs affichés par la société au lancement du service, ils devraient à terme "générer plus de 70% du trafic global de l’agglomération". Mais huit mois de service ont vu s'accumuler les critiques, allant des retards sur les lignes à l'accès aux titres de transports, ou des interrogations sur la sécurité des piétons
 

Ces réserves n’ont pas empêché les tests de navettes ou de bus électriques de se multiplier en Picardie. A Soissons, l’expérimentation menée dans le centre-ville l'été dernier dernier a débouché sur une décision d’achat : deux navettes de 18 places devraient dans le courant de l’année remplacer des véhicules traditionnels sur la ligne "Coeur de ville".
 
La régie de transport SITUS souligne la nécessaire réorganisation de l’exploitation sur le réseau pour tenir compte de l’autonomie de ces véhicules. Elle compte toutefois poursuivre dans cette direction : dès lundi, un bus électrique rentrera en phase de test pour une période de trois semaines. L’objectif, à terme, est d’envisager la circulation de ces véhicules sur l’ensemble des 14 lignes du réseau.
 

Le gaz naturel, "plus adapté" ?


Le gaz naturel est la solution testée par Keolis dans l’Oise. Elle offre une autonomie importante (600 km, quatre fois plus que l’électrique), et un prix à la pompe inférieur de 30% à l’essence malgré un investissement initial plus important pour le véhicule. Des arguments qui poussent la société à envisager la conversion d’ici 5 ans de la moitié de ses 300 véhicules qui sillonnent les routes du département. "Aujourd’hui, les capacités de stockage dans les batteries ne permettent pas de parcourir plus de 150 km avant de recharger […], indique Laurent Tonon, directeur de Keolis secteur Oise. C’est un peu plus contraignant en termes d’exploitation. Aujourd’hui, on a une solution qui nous paraît plus adaptée à notre métier."
 

Ils ont aussi convaincu les Transports Urbains Laonnois (TUL) de mettre en circulation un premier véhicule début janvier, et à annoncer la livraison d’un second en juin 2020. "Il apparaît que la solution gaz soit aujourd’hui plus avantageuse que la solution électrique, que ce soit au regard du coût d’acquisition des véhicules, ou des investissements à réaliser au niveau du dépôt bus et donc plus adaptée à notre territoire", note la commune. Les deux bus rouleront au gaz naturel véhicule (GNV), mais pas au biogaz. Ils consommeront donc une énergie fossile. Leur conversion à un carburant renouvelable issu de la méthanisation est l’un des objectifs affichés par la collectivité à terme, quand les infrastructures le permettront.
 

Un parc mixte à Beauvais


Dans le Beauvaisis, l’ouverture d’un site de production par le constructeur chinois BYD est venue accompagner une transition. Dès 2018, la commune accueillait les deux premiers véhicules assemblés au sein de l’usine, qui reliaient la mairie et l’aéroport Beauvais-Tillié. Ils ont depuis été rejoints par quatre bus au GNV.
 
Des acquisitions qui, selon Jacques Doridam, vice-président de l’agglomération du Beauvaisis en charge des mobilités, participent à un projet global : convertir la moitié du parc au GNV, l’autre à l’électrique d’ici 2029. En attendant, la collectivité mise sur les véhicules hybrides. "Le diesel sur nos lignes, c’est fini", assure l’élu.

Pour autant, tous les gestionnaires de transports urbains ne sont pas prêts à s'orienter vers ces alternatives. Du côté d’Abbeville, on indique que si des véhicules de service sont déjà dotés de moteurs électriques, cette solution n’est pas envisagée pour les bus de voyageurs. Entre l’achat des véhicules et l’aménagement du réseau, "les coûts de consommation sont énormes, et il faut le supporter", souligne François Danzel d’Aumont, directeur de la Régie des transports des bus de l'Agglomération de la Baie de Somme, qui souligne que le territoire n'est pas touché par des obligations légales. Quant au gaz, des projets seraient en réflexion.
 L’article 37 de la loi de transition énergétique, votée en 2015, établit des obligations d’acquisition ou d’utilisation de véhicules à faibles émissions (dont la liste a été établie par décret) lors du renouvellement du parc, notamment pour l’Etat, les établissements publics, les collectivités territoriales.

Sont concernées les entités qui gèrent « directement ou indirectement » plus de vingt autobus et autocars dans le cadre de transports publics. Selon le texte, la proportion de véhicules à faibles émissions doit atteindre 50% du renouvellement en 2020 et 100% en 2025.
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