La mobilisation contre la réforme des retraites s'annonce très suivie dans l'Education nationale et poussera certains salariés à garder leurs enfants avec eux au travail, à condition que leur employeur accepte.
Pas d'école jeudi ? Pas de place en crèche ? Pas les moyens de payer plus d'heures à la nounou ? Pas de grands-parents prêts à vous sauver la mise ? Pas de congés à poser ? Lors de la grève du 5 décembre, certains papas et mamans envisageront une solution pour leurs bambins : les emmener avec eux au travail.Le Code du travail ne l'interdit pas. Il ne l'autorise pas non plus. C'est une pure question de réglement intérieur de l'entreprise et d'autorisation du patron. En premier lieu, il faut donc formuler une demande au chef d'entreprise. Arriver en famille au boulot sans prévenir, c'est risquer de se voir refuser l'entrée et reprocher une absence injustifiée, annonciatrice de sanctions.
Un arrangement à ne pas prendre à la légère
Les petites structures hésitent rarement à rendre ce service, au moins pour laisser le temps au salarié de se retourner. "C'est déjà arrivé pour quelques heures ou une demi-journée, confie une responsable du Salon VL Institut, à Saint-Quentin dans l'Aisne. Il ne faut pas déranger le travail, mais on a beaucoup d’espace dans le salon, donc ça peut le faire."
Mais en cas de pépin, d'accident avec un rasoir ou des ciseaux, quelles sont les règles ? Les responsabilités ? "Je ne sais pas trop, avoue la coiffeuse. Mais je vais me renseigner tout de suite ! Parce que personne ne m’a encore demandé pour jeudi, mais ça peut arriver (rire)."
L'essentiel est d'être assuré contre les dommages causés aux tiers. C'est normalement le cas de toutes les entreprises accueillant des clients ou des visiteurs. Si vous êtes employeur, vérifiez quand même votre contrat.
Pas d'obligation pour l'employeur
Même quand elles en ont la possibilité, les entreprises n'ont aucune obligation d'accueillir les progénitures de leurs salariés. "A chaque mouvement de grève, la question resurgit, se désole Jean-Claude Henry, avocat en droit du travail à Amiens. Faute d'élément objectif ou légal, c'est laissé à la libre appréciation de l'employeur : soit il est accomodant, soit il vous dit 'débrouillez-vous', et il n'a pas à argumenter".
Il a d'ailleurs souvent de bonnes raisons de refuser : dangerosité du lieu de travail, présence de matériel fragile, accueil du public, gêne pour les collègues en open space... "On a des clients qui viennent tous les jours dans nos bureaux, donc ce n'est pas envisageable d'avoir des enfants à côté des postes de travail", témoignent par exemple les ressources humaines d'Intra Call Center, grande plateforme téléphonique à Amiens. L'entreprise, qui n'a pas de crèche, posera des RTT employeur pour les salariés en difficulté.
Que l'employeur accepte ou opte pour des RTT/congés payés, "la souplesse a ses limites, analyse Maître Jean-Claude Henry. Si à un moment donné l'impact est trop sévère pour la société, l'employeur pourra refuser les congés" ou la présence des enfants. Un esprit de réquisition, vers lequel les entreprises pourraient se diriger si la grève se révélait longue et générale.