Pour les Nordistes, le visage de Jeanne Pelat est familier. Atteinte d'une forme rare de myopathie, elle était, depuis 2004, très impliquée pour le Téléthon. Entrée dans les Ordres le 16 octobre dernier, c'est désormais à la religion qu'elle dédie sa vie.
Lorsque son livre « Resiste ! » est paru en 2015, Jeanne se décrivait comme une « poupée de porcelaine », pour évoquer sa myopathie. Elle a à l’époque 18 ans et étudie l’Histoire de l’art et le journalisme.
Trois ans plus tard, la jeune femme a choisi de dédier sa vie à la religion. Dans une vidéo publiée par le Diocèse de Lille, elle raconte son choix, longuement réfléchi. « Un premier appel [divin] m’est tombé dessus, peu après ma confirmation, en 2013. » A l’époque pourtant, elle est épanouie dans sa vie : ses études lui plaisent, et elle a un amoureux. S’en suivent alors 5 ans de « discernement », pendant lesquels Jeanne s’est interrogée sur la vie qu’elle souhaitait mener.
Fais des études d'abord
« J’ai toujours été croyante et pratiquante », dit-elle. « Mais je pensais me marier, avoir des enfants. » Elle prend un directeur spirituel qui lui conseille de terminer ses études et de faire des stages dans les deux branches de la vie religieuse [voir encadré] avant de prendre sa décision finale. Un an plus tard, elle part en pèlerinage à Lourdes. Là-bas, elle reçoit un deuxième appel. « C’était très intense, très précis et ça m’orientait vers la vie religieuse contemplative. »
« Recevoir un appel, c’est comme tomber amoureux »
Malgré son envie irrépressible de devenir moniale, Jeanne doit y aller par étapes. Elle étudie la théologie ; puis choisit l’ordre qui lui correspond. Celui de la Visitation Sainte-Marie, une branche contemplative consacrée, comme son nom l’indique, à la Vierge Marie. Les questions pratiques se sont ensuite posées : il fallait trouver un monastère où sa maladie pourrait être facilement prise en charge, et une communauté de religieuses dans laquelle elle se sentait pleinement épanouie.
Enfin vient l'ultime étape. Celle des renoncements, nécessaires avant d’intégrer définitivement les ordres. « J’ai dû me faire à l’idée que je ne verrai plus, ou peu, ma famille et mes amis », explique la jeune fille avec sérénité. « C’est aussi la fin de mes engagements apostoliques. »
VIDEO. @Telethon_France Le témoignage émouvant de Jeanne Pelat, 21 ans, originaire de Lille. Elle sait que sa myopathie n'est plus "guérissable". Mais elle veut garder l'espoir "pour les autres".
— France 3 Nord (@F3nord) 10 décembre 2017
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Chaque année depuis 2004, elle participait activement au Téléthon. Elle en était devenue une figure incontournable. « Je suis soulagée que la médiatisation s’arrête. » Contactée par la rédaction de France 3, elle n'a pas souhaité nous donner d'interview. « Il y a un temps pour le témoignage, et un temps pour la prière », estime-t-elle.
Son désir pour une vie cloîtrée est irrépressible. « Recevoir un appel, c’est [comme] tomber amoureux », confie la néo-religieuse. « Je suis convaincue que les religieuses sont les femmes les plus heureuses du monde. » Son sourire est sincère, ses yeux pétillent à l’évocation d’une vie de prière. Et quand elle parle de sa vocation, c’est avec une passion semblable aux premiers émois.
Vie monastique ou apostolique, quelle différence ?
Pour les catholiques, la vie religieuse peut prendre deux formes distinctes : elle peut être soit monastique et contemplative, soit apostolique.Le premier cas de figure concerne les religieux et religieuses qui ont consacré leurs vies à Dieu par des « vœux publics » : pauvreté, chasteté et obéissance. Ces religieux vivent cloîtrés dans les monastères. « On est dans l’indicible », explique Jeanne.
Les missions des apostoliques sont plus « terre à terre, concrètes », estime la jeune femme. Ces religieux ne prononcent pas de vœux et mènent des missions d’évangélisation et de formation spirituelle.