Jardinage. "Ça pousse tout seul sans pesticide" : dans le potager de ce maraîcher à Houlle, le sol travaille pour lui

Baptiste Courbot est un maraîcher heureux qui pratique dans le Pas-de-Calais une culture biologique. Tout se joue dans le sol, un lieu de vie où se côtoient microbes, insectes ou vers de terre en symbiose avec les plantes. Une technique accessible à tous qu'il partage avec les jardiniers amateurs.

Imaginez un instant un potager dans lequel les plantes pousseraient toutes seules. Impossible ? Et pourtant ce paradis des jardiniers existe. Vous le trouverez le long de la Houlle dans le marais audomarois. Sur 5.000 m2 s'étendent les cultures de cette exploitation maraîchère un peu spéciale baptisée "Du potager à l'assiette". Son créateur s'appelle Baptiste Courbot et il est bien réel.

Sa passion pour le jardin remonte à l'enfance. Adulte il est d'abord salarié, magasinier, mais le potager n'est jamais loin. Très vite, Baptiste Courbot s'interesse à l'agroécologie, la permaculture et il cherche à s'installer à son compte sur une petite surface. Son exploitation voit le jour en 2016.

Pour ceux qui poussent la porte de son domaine sans le connaitre, la réaction est souvent la surprise : "c'est le bordel organisé un peu ici, non ?" Alors Baptiste Courbot se prête avec plaisir à une petite explication. Oui il y a des "mauvaises herbes" au milieu des tomates, ses rangs de légumes ne sont pas au cordeau, mais c'est volontaire !

Le sol travaille pour vous

Bienvenue dans un espace où l'on pratique le maraîchage sur sol vivant. "Je reproduis tout simplement ce qui se passe dans la nature, explique Baptiste Courbot. Comme avec les feuilles qui tombent au sol à l'automne pour constituer de l'humus dont vont se nourrir les arbres."

Je reproduis simplement dans mon potager ce qui se passe dans la nature.

Baptiste Courbot

Ce potager n'est pas une création articifielle, il s'inspire des lois de la nature. Pour le comprendre, il suffit d'observer d'un peu plus près ce qui se passe sous nos pieds. "Dans le sol cohabitent divers micro-organismes, des microbes, des bactéries, des champignons, des insectes, des vers de terre..." Un inventaire à la Prévert pour le néophyte, mais une description qui a du sens pour Baptiste Courbot.

La vie qui grouille en silence à quelques centimètres sous terre est en effet en symbiose parfaite avec la plante en surface. "Chaque être vivant a un rôle bien défini. Lorsque la plante génère la photosynthèse - c'est-à-dire lorsqu'elle transforme la lumière en composés organiques qui fournissent ensuite l'énergie nécessaire à l'organisme - elle envoie du sucre aux champignons dans le sol. Et eux il renvoient des oligoéléments que la plante ne sait pas puiser seule dans le sol."

"Ça pousse tout seul !"

Pour Baptiste Courbot, quand on comprend ce qui se joue dans le sol alors on accepte plus facilement l'idée qu'il ne sert à rien de labourer son potager. Pire, "si vous retournez le sol, vous cassez la maison du ver de terre." Et pourtant là-encore, son rôle est essentiel. En creusant ses galeries il permet une bonne aération du sol, une circulation de l'eau optimale et un meilleur développement des racines dans cette terre ameublie.

Pour convaincre les plus sceptiques, il rappelle volontier, sourire aux lèvres, que son potager est idéal pour les jardiniers amateurs, et même idéal pour les plus fainéants. "La seule fois où j'arrose deux ou trois fois mes courgettes c'est au moment de leur plantation. Après, comme mon sol est paillé, il y a un isolant naturel, l'eau s'infiltre facilement dans le réseau qui existe dans le sol grâce aux organismes vivants. Ça pousse tout seul !"

Une technique écologique accessible à tous

Pratiquer le maraîchage sur sol vivant ne s'apprend pas encore à l'école. Baptiste Courbot est un autodidacte. "Je me suis interessé d'abord à la permaculture, à l'agroécologie. J'ai acheté des tas de bouqins et découvert de nombreuses vidéos sur YouTube consacrées à cette technique du sol vivant." Aujourd'hui, il veut transmettre son savoir faire. 

Sol nu, sol foutu !

Baptiste Courbot

Aux passionnés des jardins potagers il donne quelques clés : "Sol nu, sol foutu, martelle-t-il. Il faut toujours pailler votre sol, cela le nourri. Avec des déchets verts, toutes les matières sèches font l'affaire. Même les mauvaises herbes sont utiles. Si vous voyez des boutons d'or, des renoncules ou du liseron, c'est que votre sol est trop tassé, qu'il y a trop d'azote."

Cette technique n'est pas réservée aux petites surfaces. "Sur deux ou trois hectares c'est possible aussi !", assure Baptiste Courbot. Et même s'il est certainement un précurseur dans l'Audomarois, d'autres commencent à rejoindre le mouvement dans les Hauts-de-France. Plusieurs centres de formation des apprentis dans le domaine agricole de la région l'ont déjà sollicité. A la rentrée scolaire 2021, il interviendra aussi dans certaines écoles, "c'est important de faire de la pédagogie, dès la maternelle même."

Baptiste Courbot est intarissable lorsqu'il parle de maraîchage. Il partage son expérience sur les réseaux sociaux et poste des photos sur son compte Instagram. Mais rien ne remplace le contact direct. Chez lui à Houlle dans le Pas-de-Calais ou sur les marchés autour. L'occasion de déguster ses carottes, courgettes tomates et autres fruits et légumes de saison. "Leur qualité est incomparable et ils offrent une meilleure conservation.

Désormais, à chacun de mettre en pratique la technique de Baptiste Courbot. "C'est vraiment acessible à tous et c'est naturel." Voilà qui correspond à une vraie préoccupation des consommateurs. Il l'assure, les rendements seront au moins identiques à la culture traditionnelle, car la plante pousse en bonne santé. A vos potagers !

 

 

 

 

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