Une marche silencieuse à Dunkerque contre le projet de parc éolien : "C’est vraiment un site industriel qui s’implante devant nous"

Une troisième mobilisation silencieuse a eu lieu à Dunkerque ce samedi 10 juin 2023 à l'appel de l'association Vent Debout 59. Les manifestants s'opposent à l'implantation d'éoliennes en mer, à 10 kilomètres de la plage entre Dunkerque et Bray-Dunes. Ils dénoncent, entre autres, des dégâts écologiques.

La mobilisation était certes silencieuse, mais l'opposition, elle, était bien visible. Ce samedi 10 juin 2023, une marche a eu lieu sur la digue de Malo-les-Bains, à Dunkerque (Nord). 

Les manifestants s'opposent à un projet de parc éolien à 10 km de la plage, entre Dunkerque et Bray-Dunes dont l'installation est prévue pour 2028. Le projet a été validé en mai 2021 par l'ancienne ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

Ce parc off shore permettrait de produire 600 megawatts par an, soit la consommation électrique d’un million de personnes. Cette ambition a d'ailleurs été rappelée par le président de la République Emmanuel Macron lors de sa visite à Dunkerque, le 12 mai dernier.

Mais pour les opposants, il s'agit d'une aberration et d'une "fumisterie", malgré les retombées économiques que ce parc éolien peut apporter. Une pétition en ligne a d'ailleurs déjà réuni près de 20 000 signatures.

300 mètres, "c’est la taille d’une Tour Eiffel"

En effet, ce projet prévoit 46 éoliennes pouvant atteindre jusqu'à 300 mètres de haut. "46 éoliennes de 300 mètres de haut, ça a un impact très fort, c’est la taille d’une Tour Eiffel", lance Florent Caulier, président de l'Association Vent Debout 59

"Là, c’est vraiment un site industriel qui s’implante devant nous, poursuit-il. Et pour déjà avoir un espace sacrifié à l’industrie à Dunkerque, là, on serait vraiment dans une situation d’enfermement, chose qu’on refuse complètement pour notre territoire"

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La marche silencieuse, ce samedi 10 juin 2023. ©Bruno Espalieu / FTV

Ce qui lui pose aussi problème "c’est l’emplacement essentiel de ces éoliennes" qui démarreraient "à la sortie du port de Dunkerque jusqu’à la frontière belge, donc vous voyez, ça prendrait tout l’horizon de la plage de Dunkerque".

Celles de Zuydcoote, Bray-Dunes et de Leffrinckoucke sont aussi concernées. "Donc c'est vraiment tout l'espace des dunes de Flandres qui serait saturé au niveau de l'horizon", déplore-t-il.

Florent Caulier précise qu'il s'agit encore d'un "projet en concertation" même si la zone a été définie et "ne sera plus du tout modifiable". Ce qui est en pourparlers, "ce sont les habituelles concertations publiques". Il note aussi qu'il y a eu un débat public et qu'ils attendent la date de l'enquête publique qui "devrait arriver en 2023". 

En 2024, "le préfet devrait prendre sa décision. Donc rien n'est joué malgré ce que peuvent dire les promoteurs, les politiques, toutes les personnes qui ont intérêt à ce que ce projet se mette en place". Il estime que "le préfet peut tout à fait prendre une décision inverse de ce qui a été décidé depuis des années, par rapport, peut-être, à une forte opposition locale au niveau des habitants et des partis politiques".

Un couloir migratoire pour des millions d'oiseaux

Autre point important aux yeux des manifestants : le projet se trouve au coeur d'une zone Natura 2000, un réseau qui "vise à assurer la survie à long terme des espèces et des habitats particulièrement menacés, à forts enjeux de conservation en Europe", selon la définition du Ministère de la Transition Ecologique.

"Donc c'est une zone qui est très réglementée", insiste Florent Caulier avant d'ajouter : "quand je vois qu'on implante un site industriel polluant avec tous les impacts négatifs qu'il y a, c'est quelque chose d'incompréhensible pour moi". D'autant plus que, d'après lui, "on va donner aux promoteurs une autorisation de destruction d'espèces protégées" en plein "entonnoir migratoire Nord Europe". 

De son côté, Annie Jourdan, qui se définit comme "citoyenne" attachée à sa plage pense aux "millions d'oiseaux qui passent là. C'est un couloir migratoire, chaque saison et pour se repérer - souvent ils traversent de nuit -, ils le font grâce aux traits de côtes, donc ils ne sont pas loin de la côte, ils sont exactement à l'endroit où seront installées les éoliennes".

Elle dénonce aussi "une vaste fumisterie : on trompe les gens sous couvert de la transition écologique. Les gens s'en mordront les doigts dans quelques années". 

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Annie Jourdan, citoyenne "vent debout" contre le projet de parc éolien développe ses arguments. ©Bruno Espalieu / FTV

Les marcheurs ont également fait savoir leur ras-le-bol face à l’industrialisation du littoral qui verra prochainement deux EPR compléter la centrale de Gravelines. "Il y a sûrement des têtes pensantes en France qui ont trouvé que c'était la solution pour créer de l'énergie alors que je pense qu'il y en a déjà assez des solutions d'énergie à Dunkerque, on n'a pas besoin de plus", estime un autre manifestant, Christophe, habitant de la ville. 

"On pense au départ que c'est un projet écologique"

Florent Caulier note par ailleurs qu'on "pense au départ que c'est un projet écologique, mais si on s'informe bien, on voit que ce n'est pas du tout un projet écologique". Pour appuyer ses dires, il souligne que le territoire de Dunkerque possède "déjà une centrale nucléaire qui a des moyens de production très importants, qui fournit tous les Hauts-de-France".

De plus, ce projet élolien en mer "est plus polluant qu'autre chose". Il se base sur les chiffres de l'ADEME au niveau des émissions de CO2 . "Une centrale nucléaire c’est 4 grammes de CO2, un site éolien en mer c’est 15 grammes, donc rien que sur ce point-là, on est plus polluant".

Il appuie sur le fait qu'en plus, la production d'énergie est "plus aléatoire" car elle "dépend du vent. Et même, ça dépend de certaines plages de vent. Donc la production est vraiment moins forte que ce qu'on a déjà sur le territoire", conclut-il. 

Avec Claire Chevalier / FTV

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