Entre plus d'un millier de "gilets jaunes", selon une source policière, et 2000, selon les organisateurs, ont défilé ce samedi à Lille pour la vingtième semaine consécutive, empruntant un itinéraire "alternatif" après l'interdiction du centre-ville par la préfecture.
A la suite des "violences" et "dégradations" intervenues la semaine dernière, la préfecture avait pris dans la matinée un arrêté interdisant les rassemblements de "gilets jaunes" dans plusieurs rues du centre-ville. Après un rapide débat, les manifestants ont décidé de respecter le "parcours alternatif" autorisé, traversant notamment les secteurs de Wazemmes, Montebello et Cormontaigne.
"On regrette que ce soit imposé, mais on va traverser des quartiers populaires, qui nous avaient jusqu'ici été interdits. C'est là que sont nos alliés, pas dans les quartiers bourgeois !", a réagi Alexandre Chantry, l'un des organisateurs.
Des accrochages ont éclaté à plusieurs reprises, les forces de l'ordre faisant parfois usage de gaz lacrymogène, notamment après qu'un groupe de "black blocs", vêtus de noir et cagoulés, a aspergé de peinture la devanture d'une banque.
Selon la préfecture du Nord, quatre personnes ont été interpellées à la suite d'un "incident entre des "gilets jaunes" et des supporters de football" venus assister à la finale de la Coupe de la Ligue ce samedi soir au Stade Pierre-Mauroy, entre Strasbourg et Guingamp.
"Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, changeons le système !", plaidait une banderole en tête de cortège. "Macron démission", "Lille, debout, soulève toi !", scandaient les manifestants, au milieu des pétards et des fumigènes.
"Lutte contre les expulsions et pour l'accès au logement"
Coïncidant avec "la fin de la trève hivernale", cet acte XX de la mobilisation était placé sous le signe de la "lutte contre les expulsions et pour l'accès au logement". Sur leur route, les "gilets jaunes" ont croisé un rassemblement de familles précaires, SDF, demandeurs d'asile et soutiens, venus réclamer "un toit pour tous".
"Je veux la hausse des salaires, la baisse des taxes et le référendum d'initiative citoyenne (RIC) ! Je continuerai tant que je n'aurai pas obtenu les trois !", a assuré Marie, 38 ans. Corinne, 50 ans, et Dominique, 65 ans, affichaient eux fièrement sur leurs gilets les lieux et dates de leurs vingt samedis de mobilisation. "On pourra regarder nos petits-enfants dans les yeux et leur dire qu'on a tout essayé", a lancé Corinne.
"Ça fait vingt semaines que ça dure, on est dans une impasse (...) En essayant de gagner du temps" avec le grand débat, Macron "en a fait perdre à tout le pays", a accusé le député LFI Adrien Quatennens, présent dans le cortège.