La ville de Lille a accueilli une délégation de 40 enfants ukrainiens dans le cadre d’un séjour sport, nature et loisirs sur le site de l'Ecole de la forêt de Phalempin (Nord). Un moment de répit pour les jeunes victimes de la guerre.
C'est une colonie de vacances presque comme les autres. Le site de l'Ecole de la forêt, géré par la ville de Lille et installé en plein cœur de la forêt de Phalempin (Nord), accueille pour deux semaines une quarantaine de jeunes ukrainiens. Une parenthèse loin des bombardements, pour souffler et essayer de s'amuser.
Après un long périple et une attente interminable à la frontière, le groupe est arrivé dans le Nord dans la nuit du mardi 13 juillet. Ils ont temporairement laissé Kharkiv derrière eux, ville à 30km de la frontière russe et très bombardée. Elle est la "ville sœur, ville jumelle" de Lille, organisatrice de ce séjour.
"C'est un séjour de répit pour les enfants ukrainiens qui vivent souvent dans des sous-sols. "Jamais des enfants ne devraient connaître ça", explique la maire Martine Aubry à notre équipe sur place (Ophélie Masure et Sébastien Gurak), ce mercredi 14 août.
Yacoslav n'oubliera jamais cette bombe tombée à 300 mètres de lui il y a quelques mois. Sous sa casquette noire, alors qu'il raconte son histoire, ses yeux brillent d'un éclat sérieux et triste à la fois.
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"Dès que j'entends le bruit des avions, même ici, j'ai l'impression que ce sont des drones qui tombent. La différence ici, c'est que je n'entends pas les sirènes de la ville", rapporte-t-il. Le jeune garçon compte bien s'amuser un peu avec ses camarades, mais sans jamais oublier ses parents restés en Ukraine qu'il appelle deux fois par jour.
Retrouver du lien
Promenades en calèche, équithérapie, gravure sur bois, toupies et jeux de ballon... Les activités ne manquent pas dans l'écrin de verdure forestière de quatre hectares. Ce que préfère encore Sonia, ce sont les poneys. Entre deux rires d'ado timide elle lâche qu'elle est soulagée d'être en dehors de son pays en guerre, et qu'elle trouve les Français "très accueillants".
D'autres, comme Ivan, 13 ans, ont le verbe prolixe. "Ici je peux souffler... C'est quelque chose de nécessaire, ça nous aide à nous relaxer, à nous changer les idées. Dans notre situation, c'est indispensable", témoigne-t-il.
"L'enfance chez nous est perturbée [...] ici ils ont une occasion de reprendre une vie normale."
Oleksi Pouikarovsky, représentant de la Ville de Kharkiv
Une analyse qu'Oleksii Ponikarovskiy, chef du service départemental de la coopération internationale de Kharkiv faisant partie du voyage avec trois autres représentants, partage totalement. Pour lui, ces deux semaines de presque vacances permettent aux enfants de retrouver du lien social.
"Je ne parle même pas des bombardements, des blessés etc., mais l'enfance chez nous est perturbée [...] ici ils ont une occasion de reprendre une vie normale. Même s'ils ne se connaissaient pas tous avant ils ont une occasion d'apprendre à se connaître et de reprendre cette habitude d'être ensemble", indique l'homme en français.
Le soutien à l'Ukraine apporté par la ville de Lille, outre l'accueil de plus de 1000 réfugiés, "passe par des petits gestes comme cela, d'amitié entre les peuples et d'humanité tout simplement", déclare Martine Aubry, venue à la rencontre des enfants. D'autres séjours de ce genre sont à venir dans les prochains mois.
Certains pensent déjà au retour, comme Olena Roudnieva, l'une des deux professeures ukrainiennes accompagnatrices. La mère de famille est partagée entre la joie de venir en France, son rêve, et l'inquiétude pour ses trois enfants restés à Kharkiv.
"Mes enfants me manquent, je pense à eux tout le temps et à mon mari... j'espère que ces deux semaines vont se passer vite", admet-elle dans un sourire. La professeure de français promet tout de même d'essayer de profiter du calme et espère revenir dans son pays avec une annonce optimiste : que la paix est pour bientôt.