Ilévia : Entre fraude et matériel vieillissant, un rapport dresse un bilan en demi-teinte pour les transports de la MEL

La chambre régionale des comptes des Hauts-de-France a publié une enquête sur Keolis Lille Métropole, société qui exploite le réseau de transports en commun Ilévia depuis 2018. Le bilan est mitigé pour le réseau métropolitain.

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La chambre régionale des comptes des Hauts-de-France a publié à la fin du mois de juillet 2024, un rapport sur la "gestion de la tarification des services de mobilité urbaine" dans le Nord. Au cœur de ce travail d'enquête, l'activité réalisée par Ilévia, le réseau de transports en commun de la Métropole Européenne de Lille (MEL), entre 2018 et 2022.

Démarrer cette enquête en 2018 n'est pas anodin. C'est cette même année que Keolis, via sa société Keolis Lille Métropole (KLM), démarre l'exploitation du réseau métropolitain. L'occasion pour la Cour régionale des comptes de faire un point sur ce qui a été réalisé depuis, donc.

Ilévia peine à endiguer la fraude sur son réseau

La première conclusion du rapport est sans appel : le taux de fraude est élevé sur le réseau. Considérée comme "un des facteurs essentiels de la qualité du service offert aux usagers des transports publics", la lutte contre la fraude peine à démontrer son efficacité. 

La chambre régionale des comptes révèle qu'Ilévia s'était engagée à faire passer son taux de fraude annuel de 12% en 2018 à 5% en 2023. Mais les derniers chiffres montrent que le concessionnaire se trouve bien loin de son objectif  avec 11,6% de fraude enregistrée en 2022.

Pourtant Ilévia semble s'investir pour endiguer le problème avec le déploiement de contrôleurs en civil, le renouvellement du parc des appareils nécessaires à la réalisation du contrôle en 2022, mais aussi le développement d'un partenariat avec les polices municipales de communes comme Lomme ou Wattrelos.

Mais rien n'y fait, "la fraude cumulée sur la période du contrôle reste élevée et représente 54M € de recettes en moins pour l'autorité concédante" détaille le rapport. 

L'enquête permet d'avoir plus de visibilité sur le profil "type" du fraudeur dans la Métropole. Si "la fraude varie en fonction du mode de transport et de la zone géographique. Elle concerne principalement des hommes de 26 à 40 ans." Sur tous les moyens de transport proposés par Ilévia, c'est le bus qui pâtit le plus des comportements frauduleux, et plus régulièrement dans le secteur de Roubaix-Tourcoing, que dans celui de Lille.

19.1M € de pénalités quant à la qualité du service 

Le problème de la fraude est double pour Ilévia. S'il représente un manque à gagner indéniable, il est également sanctionné par des pénalités. Le non-respect des objectifs annuels (ici, 5%), est sanctionné. "La MEL a appliqué à KLM de nombreuses pénalités relatives à la qualité du service, pour un montant total de 19,1M €" explique le rapport dans son préambule.

Les pénalités sont aussi le fruit de contrôles qualité effectués par des "clients mystères". En quatre ans, les bus du réseau ont cumulé 75.500 pénalités, soit 9,1 M€, en raison notamment, des défauts de ponctualité du service.

Un matériel roulant vieillissant

Au cœur de la tourmente pendant les Jeux Olympiques du fait de la maintenance des rames de métro couplées à la découverte d'amiante, l'état du matériel roulant du réseau est également pointé par le rapport. L'âge moyen de ce matériel s'élève à 30 ans et 4 mois pour les rames de métro, et à 28 ans et 7 mois pour les tramways. Il n'y a que le bus qui a rajeuni en 4 ans, suite au renouvellement partiel du parc.

► Lire aussi : Doublement des rames de métro à Lille : la métropole et Alstom s'affrontent devant la justice

Un matériel vieillissant nécessite une attention et une maintenance particulière. Cela représente un coût pour l'entreprise. "L'entretien et la maintenance des rames de métro se sont élevés à 23,1 M€ en 2022, soit plus de deux tiers des charges de maintenance des trois modes de transports réunis."

À cela s'ajoute la problématique du doublement des rames de métro, qui a poussé Ilévia à prolonger la durée de vie de ces dernières de 30 à 40 ans. Le renouvellement de 27 rames a ainsi pris huit années de retard, ce qui l'expose à des charges supplémentaires.

Pour rappel, le réseau exploité par Keolis Lille Métropole (KLM) est l'un des plus importants de la région Hauts-de-France. En 2022, 178,8 millions de voyages ont été réalisés, soit 26 millions de kilomètres en bus, 12,8 millions en métro et 1,5 million en tramway.

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