La police municipale pourra, dès la mi-avril, verbaliser les automobilistes de Lille sans se déplacer, grâce aux caméras installées sur la voie publique. Jacques Richir, adjoint à la mobilité de la ville, explique les enjeux de ce nouveau système.
Dès le mois d'avril, la vidéo-verbalisation permettra de contrôler, avec les plaques d'immatriculation des véhicules, certaines infractions au code de la route. Une façon, surtout, d'améliorer la sécurité des usagers, explique l'adjoint à la mobilité de la ville, Jacques Richir.
En quoi consiste la vidéo-verbalisation ?
"La ville de Lille a mis en place depuis maintenant deux ans un centre de supervision urbaine qui capte toutes les caméras en ville, au nombre de 141. Dans les deux ans qui viennent, on aura une trentaine de caméras supplémentaires. Ce système de vidéoprotection sert à repérer les difficultés en centre-ville. La vidéo-verbalisation est un outil qui vient donc s’y ajouter."
Ce système de vidéoprotection sert à repérer les difficultés en centre-ville. La vidéo-verbalisation est un outil qui vient donc s’y ajouter.
Jacques Richiradjoint à la mobilité à la mairie de Lille
"Les caméras sont déjà en place depuis 2022, on a simplement investi sur quelques compléments de logiciels et sur la formation des agents. C’est une suite logique au plan de circulation de 2016, à la fermeture à la circulation de 24 rues scolaires deux heures par jour et au passage de 88% de la ville à 30 km/h – des mesures qui ont beaucoup apaisé Lille."
Pourquoi installer un système de vidéo-verbalisation à Lille ?
"Malheureusement, il y a encore des accidents, très régulièrement. Notre objectif est d’améliorer la sécurité routière et surtout la sécurité des personnes les plus fragiles, à savoir les piétons et les cyclistes."
L’idée, c’est vraiment de pouvoir verbaliser, de manière à ce que des pratiques beaucoup plus vertueuses s’installent.
Jacques Richiradjoint à la mobilité à la mairie de Lille
"La vidéo verbalisation va nous permettre de sanctionner les véhicules mal stationnés : sur les passages protégés, en double file, sur les pistes cyclables, sur les places destinées aux personnes handicapées, sur les espaces vélos… Ou même ceux qui prennent les voies de bus. L’idée, c’est vraiment de pouvoir verbaliser, de manière à ce que des pratiques beaucoup plus vertueuses s’installent."
Quels sont les endroits concernés par la vidéo-verbalisation ?
"On a repéré dans la ville de Lille des lieux où on sait que le besoin en verbalisation est important pour garantir le respect des règles et donc la sécurité des usagers."
"Sur l’avenue Willy Brandt par exemple, on a un grand nombre de véhicules qui se mettent en warning sur une zone de livraison ou sur une voie réservée aux taxis… Et qui reviennent 20 minutes après. Le samedi, il nous arrive que des agents à pied se retrouvent avec plus de 200 procès-verbaux. On a déjà fait appel à la fourrière jusqu’à 30 fois sur une seule journée. Or, on ne peut pas mobiliser deux ou trois agents tout le temps pour une seule rue. L’avantage avec la vidéo verbalisation, c’est qu’un même agent peut verbaliser seul toutes les voitures."
On a aussi repéré d’autres endroits, à la sortie des écoles et des collèges, avec des parents imprudents qui laissent leur voiture sur les pistes cyclables, les couloirs de bus.
Jacques Richiradjoint à la mobilité à la mairie de Lille
"Rue Faidherbe, on rencontre également des soucis, avec toujours des voitures ou des camions de livraison sur la piste cyclable."
"Et on a aussi repéré d’autres endroits, à la sortie des écoles et des collèges, avec des parents imprudents qui laissent leur voiture sur les pistes cyclables, les couloirs de bus. C’est dangereux, surtout pour les enfants."
Comment fonctionne le système de vidéo-verbalisation ?
"Ce sont des policiers municipaux, assermentés pour pouvoir verbaliser, qui seront chargés de la surveillance des vidéos de verbalisation, à tour de rôle. Depuis le centre de supervision urbaine, ils pourront surveiller les 141 caméras situées sur la voie publique. Aussi bien celles, fixes, qui tournent à 360 degrés que les caméras mobiles. On veut repérer les endroits où les infractions sont les plus courantes, pour arriver à une ville apaisée."
Depuis le centre de supervision urbaine, les policiers municipaux pourront surveiller les 141 caméras situées sur la voie publique.
Jacques Richiradjoint à la mobilité à la mairie de Lille
"Ces caméras sont très performantes : les agents peuvent zoomer et en cas d’infraction constatée, ils conservent une photographie de l’infraction. Les verbalisations ne se font donc pas automatiquement, même s’il y a des systèmes d’aide à la décision. Les policiers municipaux rédigent ensuite un procès-verbal électronique qu’ils transmettent à l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai) de Rennes. Celle-ci envoie ensuite le PV au conducteur en faute."
Quelle serait la suite logique que vous imaginez pour la vidéo-verbalisation ?
"On pourra être amené à verbaliser d’autres infractions du code de la route dans un second temps : comme des automobilistes qui ne respectent pas les feux rouges ou qui utilisent leur téléphone au volant… Il ne s’agira que de reconnaître les plaques d’immatriculation, il n’y aura bien sûr aucune reconnaissance faciale."
"Au-delà de ce système, certaines caméras n’auront toujours pas vocation à verbaliser. La vidéo-protection nous permet aussi de constater des comportements délinquants : ça permettra d’envoyer très vite la police municipale pour constater l’infraction, par exemple en cas de dépôt sauvage. On s’est rendu compte que les agents qui travaillent en vidéo surveillance apprennent à être réactifs, c’est un système qui augmente l’efficacité de la police municipale de façon assez importante."