Pierre Cherpin, 52 ans, est décédé dans l'avion sanitaire qui le rapatriait en France, après avoir chuté lors de la 7ème étape du Dakar avant d'être opéré suite à un traumatisme crânien. Ses proches témoignent et rendent hommage au pilote de moto amateur lillois qui avait "toujours la banane."
"Toujours la banane", "le Dakar pour lequel il était le mieux préparé", "il avait de l’huile dans les veines"… Qu’ils aient partagé un bout de route avec lui ou qu’ils l’aient aidé à se préparer avant de partir en Arabie saoudite, les proches de Pierre Cherpin emploient tous les mêmes mots, élogieux, pour rendre hommage à leur ami.
Le pilote de moto amateur lillois de 52 ans, père de deux enfants, est décédé des suites d’une fièvre aigüe dans l’avion sanitaire qui le rapatriait en France, jeudi 14 janvier dans la soirée. Quelques jours auparavant, il avait été victime d’un grave accident lors de la 7ème étape du Dakar. Ses proches témoignent et rendent hommage à un aventurier "au sourire rayonnant".
Un aventurier dans l’âme
Pierre Cherpin n’en était pas à son coup d’essai. Il avait déjà participé au Dakar en Amérique latine à trois reprises en 2009, 2012 et 2015. Mais lorsqu’il avait découvert les paysages d’Arabie saoudite, impossible pour lui de résister. C’est d’ailleurs ce qu’il nous avait expliqué lorsque nous l’avions rencontré en novembre 2020. "Je m’étais dis « tu n’y retournes pas, c’est trop dur, qu’est-ce que je fous la dedans ? » Mais quand j’ai regardé à la télé, je me suis dit : « là, il faut que j’y aille. »"
Dossard 111, le motard amateur participait au Dakar en malles-motos, une catégorie officielle où les coureurs n’ont droit à aucune assistance et entassent dans une malle de 80 litres tout leur matériel : outils, pièces de rechange ou encore combinaison d’appoint. "C’est lui qui faisait sa mécanique, et pour rien au monde il aurait changé de catégorie, parce que c’est ça qu’il voulait" témoigne Matthieu Huyghe, ami proche du pilote qui lui avait fourni ses dernières motos.
Une catégorie reconnue de tous comme rassemblant les aventuriers dans l’âme. "Il avait la banane et il était heureux avec son sac de couchage sur les épaules… se rappelle Matthieu Huyghe. C’était la philosophie de Pierre, prendre du plaisir, s’amuser… et dans ce moment difficile, on se dit qu’il est parti en faisant ce qu’il aimait… c’est ça qui nous remonte le moral."
Que s’est-il passé au kilomètre 178 ?
Olivier Deflandre, son préparateur et meilleur ami, raconte avoir eu Pierre au téléphone samedi 9 janvier, veille de sa chute. "On a discuté pendant une bonne demi-heure. Il était en forme même si il avait vécu durement la première semaine qui était hard, mais il était dans son élément. Il était content d’y être."
Après une courte nuit, le pilote lillois a entamé la septième étape en quittant la ville d’Ha’il dans la matinée du dimanche 10 janvier. Vers 10h30 heure locale, Pierre Cherpin a chuté à hauteur du kilomètre 178, retrouvé inconscient avant d’être héliporté à l’hôpital de Sakaka pour être opéré en urgence par un neurochirurgien, suite au traumatisme crânien qu’il a subi.
"On ne saura jamais ce qui s’est passé… c’est le Dakar, il y a des risques et il en avait conscience… Inattention, fatigue ou faute à pas de chance ? Malheureusement on ne saura jamais et on ne va pas chercher à savoir pourquoi parce que ce n’est pas ça qui le fera revenir."
"J’ai eu des images de sa moto (après le chute, ndlr), elle n’avait rien, rien qui pouvait nous faire penser qu’il était dans une vitesse inconsidérée", raconte Olivier Deflandre. Il complète. "C’était un terrain sablonneux avec des pierres affleurantes par endroit, sous le sable. Je pense que c’est la roue arrière qui a pu taper, la moto est partie en sucette et le pilote a été catapulté et a pu tomber sur la tête dans le sable ou sur un rocher. Pour moi c’est bêtement une mauvaise chute."
"De l’huile dans les veines"
Pierre Cherpin dirigeait une société de désamiantage dans la métropole lilloise. Mais dès qu’il le pouvait, il partait sur les plages avec sa moto. "Son truc, c’était le sable, explique Jean-Marie Struys, ami du motard lillois et président du club Flandres Moto Verte dont Pierre Cherpin faisait partie. Il allait régulièrement rouler à Loon-Plage."
Partager des moments en moto avec ses amis était son passe-temps favori. "Quand on est passionné, on a de l’huile dans les veines… et on ne peut plus en ressortir", résume Jean-Marie Struys. Pierre était de ceux-là.
"En prenant l’avion depuis Paris pour l’Arabie saoudite, il m’avait téléphoné pour me parler de ses motos pour l’Enduro au Touquet."
Au-delà des quatre Dakar, le pilote amateur avait participé à une dizaine d’Enduropale au Touquet, et avait pour projet de rempiler en 2021, avant que la course ne soit annulée pour cause pandémie. "En prenant l’avion depuis Paris pour l’Arabie saoudite, il m’avait téléphoné pour me parler de ses motos pour l’Enduro au Touquet, se souvient le président du club Flandres Moto Verte. Il me disait : tu va bien les soigner, tu les prépares bien, comme l’année passée ? Tu seras là à mes côtés pour l’assistance ? Je lui ai dit qu’il pouvait compter sur moi."
Pierre Cherpin est le 27ème pilote à perdre la vie sur le Dakar depuis sa création, en 1979.