Le plat préparé que vous venez de sortir du four ne ressemble pas à celui que vous voyez sur l’emballage ? C'est normal ! Pour la photo, il est passé entre les mains d’une styliste culinaire. C’est le métier insolite qu’exerce Albane Lerouge, installée près de Lille.
Mettre en valeur un plat en jouant sur les textures, les couleurs, les ingrédients et la présentation pour le rendre appétissant sur les photos, c’est le métier et la passion d’Albane Lerouge. Elle est styliste culinaire à Saint-André, à côté de Lille, depuis dix-sept ans.
"Je maquille les aliments pour les embellir, explique-t-elle. Je veux les magnifier. Je ne fais pas les photos moi-même, je travaille main dans la main avec des photographes qui font le shooting."
Pour travailler, Albane possède deux mallettes magiques qui ne la quittent jamais. A l’intérieur, seringues, colorants alimentaires, pinceaux et quantités de flacons et autres fioles.
"Je fais tout de A à Z, je cuisine moi-même les plats qu’on me demande de mettre en valeur, précise-t-elle. J’achète les produits, les petits accessoires, la vaisselle, je fais la mise en place. Tout doit être graphique."
Albane poursuit : "Prenons l’exemple d’un hachis parmentier. Je n'utilise pas celui qui est dans la barquette. Je le refais moi-même pour qu’il soit beau, qu’on voie bien la viande. S’il y a des légumes, je les cuis à moitié pour qu’ils restent bien fermes."
"Généralement, le gratin n’est pas uniforme quand il sort du four. Alors avec un pinceau, j’ajoute de la chicorée pour le brunir et le rendre gourmand et appétissant pour la photo. Idem avec le poulet rôti."
J’essaie de travailler le plus naturellement possible. Tout doit être mangeable après le shooting !
Albane Lerouge, styliste culinaire
"Avant, il y avait d’autres techniques, se souvient-elle. Pour le poulet, on mettait du vernis pour tendre la peau, mais ensuite il n’était plus comestible. Pour moi, le but du jeu, c’est de pouvoir le manger pour ne pas faire de gâchis ! J’essaie de travailler le plus naturellement possible. Tout doit être mangeable après le shooting !"
Pour Albane, pas question donc de remplacer la crème chantilly par de la mousse à raser ou de faire briller les haricots verts avec du spray pour cheveux !
La métropole lilloise compte trois ou quatre stylistes culinaires. Albane Lerouge raconte : "J’ai étudié les arts graphiques pendant sept ans à l’institut Saint-Luc à Tournai, en Belgique. Puis j’ai eu l’opportunité de rentrer dans un studio photo qui faisait beaucoup de culinaire, de déco et d’art de la table. J’y ai travaillé pendant onze ans et j’ai appris mon métier comme ça."
Aujourd'hui, Albane met ses talents au service des entreprises agroalimentaires, des restaurateurs qui veulent renouveler leur carte ou alimenter leurs réseaux sociaux, des grossistes, des auteurs de livres de cuisine ou encore des éditeurs de magazines pour magnifier leurs recettes...
Un de ses derniers contrats ? Une commande d’une marque de moules en silicone, à destination de la France et des Etats-Unis. L’objectif est de faire des visuels du moule et du gâteau pour l’emballage avec au dos, la recette. Quinze moules, à bûches, à pancakes, à burgers et autres, ce qui signifie quinze recettes à inventer et réaliser.
Des recettes qui en plus doivent convenir aux deux pays ! "Par exemple, on ne met pas de raisins secs dans les gâteaux aux USA", sourit la styliste.
Un photographe culinaire viendra faire le shooting dans l’atelier d’Albane, à Saint-André-lez-Lille. Nul doute que ce sera... délicieusement mis en valeur !