La chapelle Saint-Joseph à Lille n'est pas éligible au titre des monuments historiques indique le ministère de la Culture. Plus rien ne s'oppose donc à sa démolition pour laisser place à un campus universitaire.
C'est la fin d'un long bras de fer. La chapelle Saint-Joseph, située dans le quartier Vauban à Lille, devrait être détruite pour laisser place à un campus universitaire. Le ministère de la Culture vient de refuser l'inscription du bâtiment au titre de monument historique.
Et l'école d'ingénieurs JUNIA (ex-YNCREA), propriétaire de l'édifice, ne souhaite pas revenir sur son projet d'agrandissement. Plus rien ne s'oppose donc à la démolition de l'édifice. Toutefois, des éléments comme les vitraux ou les tapisseries seront conservés.
"Si cette chapelle de la fin du XIXème siècle de style éclectique n'est pas dénuée d'intérêt architectural, celui-ci n'est pas suffisant pour justifier d'un classement au titre des monuments historiques"
Plus rien ne s'oppose à la démolition
La chapelle Saint-Joseph ne peut donc pas bénéficier d'une protection juridique. Et JUNIA, le propriétaire des lieux, a décidé de poursuivre le projet d'agrandissement et de modernisation de son campus, qui passe par une démolition de la chapelle."Il résulte des contacts pris avec les représentants d'YNCREA (ndlr : désormais JUNIA) qu'ils ne souhaitent pas modifier leur projet de restructuration du site du collège Saint-Joseph en vue d'y implanter leur cursus universitaire", indique le directeur général des patrimoines, dans un courrier du 20 octobre, publié sur le site La Gazette du patrimoine.
Une décision entérinée le 14 novembre par le ministère de la Culture, qui confirme faire le "choix de ne pas ouvrir d'instance de classement sur cette chapelle". Le ministère reconnaît la nécessité du projet de création d'un campus porté par JUNIA. Un argument s'est révélé décisif pour le convaincre, l'école d'ingénieurs s'est engagée à rénover et à occuper le palais Rameau, situé juste à côté de la chapelle. Inoccupé et très dégradé, cet édifice est classé en tant que monument historique, contrairement à la chapelle Saint-Joseph.
Un campus universitaire sera bâti à la place de la chapelle
Construite en 1876, la chapelle est inutilisée depuis une vingtaine d'années. Elle est située dans l'enceinte du Centre Scolaire Saint-Paul. Elle a été vendue à JUNIA et fait l'objet d'un permis de démolir qui a été signé le 28 mai 2019.A la place, JUNIA, qui fait partie de l'Université Catholique de Lille, envisage d'y bâtir des espaces de travail et un "learning center" (laboratoires de recherches, salles de cours, médiathèque...). Ce projet permettra d'augmenter la capacité d'accueil du campus de 5000 à 8000 étudiants. Selon le ministère de la Culture, "renoncer à la démolition de la chapelle impliquerait donc de devoir abandonner un projet important pour le développement de l’enseignement supérieur, qui représente un investissement de 120 millions d’euros".
Dans une interview accordée à Actu.fr en juin 2020, Jérôme Crunelle, le directeur des projets de JUNIA (ex-YNCREA) jugeait la démolition inévitable. "Le sol n’est pas droit, il s’affaisse, les vitraux sont à restaurer, les murs s’effritent. Surtout, le bâtiment ne correspond pas aux besoins d’YNCREA. Nous voulons des espaces modulables, lumineux. Nous voulons être ouverts sur le quartier. Or, la chapelle ne dispose pas d’accès extérieurs", assurait-il.
Un projet qui rencontre une forte opposition à Lille
La perspective d'une telle démolition soulève une vive émotion à Lille. Au printemps dernier, une pétition a été signée par 5.500 personnes pour demander l'annulation de cette décision. Une demande entendue par Franck Riester, alors ministre de la Culture. Ce dernier avait demandé une instruction supplémentaire pour rechercher une solution alternative à la destruction de l'édifice.Ce sursis n'est plus de mise aujourd'hui, la chapelle Saint-Joseph du quartier Vauban devrait bien être détruite.
Chapelle Saint-Joseph de Lille : je demande une instruction complémentaire ⬇︎@bernstephane pic.twitter.com/etCTOi1MJ7
— Franck Riester (@franckriester) June 5, 2020