L'organisateur de l'épreuve, Amaury Sport Organisation (ASO), a annoncé la revalorisation des primes allouées aux concurrentes, sans toutefois les aligner sur celles des hommes. L'an dernier, pour la première édition, l'écart colossal des montants avait créé la controverse.
Après la polémique de l'an dernier, le directeur de course redresse la barre. Mardi 12 mars, à l'occasion de la reconnaissance officielle du parcours du Paris-Roubaix, Thierry Gouvenou a annoncé la revalorisation des primes pour les gagnantes de l'épreuve féminine. Et si l'égalité parfaite n'est pas de mise, l'écart de montant entre les concurrentes et les concurrents a été considérablement réduit.
En octobre dernier, à l'occasion de la première édition de l'épreuve féminine, ce décalage colossal avait provoqué un tollé. Quand la lauréate Lizzie Deignan recevait 1.535 euros pour sa victoire, son homologue chez les hommes, Sonny Colbrelli, remportait la somme de 30.000 euros. Soit près de 20 fois moins.
Des voix s'étaient élevées pour crier au scandale. "Ce n’est clairement pas normal, réagissait l'ex-cycliste professionnelle Marion Clignet, dans les colonnes du Parisien. On ne peut pas accepter n’importe quoi [...] Il ne faut pas une égalité complète mais 200 euros pour la 10e alors que c’est une incroyable performance, franchement, est-ce normal ? On dirait des prix de kermesse."
50.000€ pour les femmes, 90.000€ pour les hommes
Samedi prochain, selon le nouveau barème de primes, la dotation totale des filles s'élèvera à 50.000 euros contre 90.000 euros pour les garçons. Avec pour la gagnante, un chèque de 20 000 euros, contre 30 000 euros pour le gagnant. Un rééquilibrage donc, mais pas encore d'alignement.
"En 2021, nous nous étions basés sur le barème des prix de l’Union cycliste internationale pour les courses, au même niveau que le Tour des Flandres, s’est justifié Franck Perque, le responsable du Paris-Roubaix féminin. Le barème est resté le même mais nous avons décidé de l’augmenter."
La course féminine reste déficitaire
Les organisateurs rappellent également que la course des femmes n'est pas encore rentable. "Je ne vais pas donner de chiffres, mais l’an dernier nous avons perdu plusieurs centaines de milliers d’euros, explique Thierry Gouvenou. Cela s’explique notamment par le choix, assumé, d’organiser la course féminine la veille et non le même jour que les garçons. Cela permet d’offrir aux filles une bien plus grande visibilité." Mais ce qui contraint les économies d'échelle.
Faut-il rappeler que la première édition de l'épreuve a été une réussite, avec 1,4 million de téléspectateurs devant leur écran (contre 2,8% pour la course hommes). "Il y a eu de très bonnes audiences, confirme Franck Perque, l'organisateur du Paris-Roubaix féminin. Quand on fait des pics de téléspectateurs à 1,8 million, on peut s'attendre à ce que de nouveaux partenaires viennent nous rejoindre. Et quand il y a des partenaires, économiquement ça va mieux."
Vers une égalisation des primes
Récemment, la marque de fitness en ligne Zwift a signé un contrat de quatre ans avec avec la grande classique du Nord. Son nom est désormais accolé à l'intitulé de la course : Paris-Roubaix femmes avec Zwift. Des soutiens financiers indispensables à la professionnalisation enclenchée de ce sport. "Il y a eu un développement énorme du cyclisme féminin ces deux ou trois dernières années", indique Franck Perque.
Dans le calendrier féminin, des courses ont d'ores et déjà décidé d'égaliser les récompenses. C'est le cas de l'Amstel Gold Race, qui s'est déroulé le week-end dernier. Gagnant et gagnante ont empoché 16.000 euros. Un exemple à suivre pour le Paris-Roubaix ? "On va regarder la santé économique de l'épreuve sur du moyen terme, dans deux ou trois ans, et on pourra au fur et à mesure s'aligner", répond Franck Perque.