Lors des championnats nationaux de parkour qui se sont déroulés le dimanche 9 juillet 2023 en Moselle, le club Parkour59 de Roubaix s'est qualifié parmi les équipes qui s'envoleront vers Londres fin octobre, pour participer aux championnats internationaux.
Le parkour est une discipline qui se fait une place de plus en plus importante dans le monde du sport, en partie grâce aux réseaux sociaux, qui mettent en avant les vidéos d'athlètes train de sauter de mur en mur... Toujours plus vite, toujours plus haut.
Mais ce sport urbain ne se résume pas qu'à un bondissement aléatoire. "On peut parler d'un réel art du déplacement", assure Kevin T'Joen, médiateur du club Parkour59, association établie à Roubaix depuis 2005. "Concrètement, le parkour consiste à bouger d'un point A à un point B le plus efficacement possible. Si par exemple je marche pour aller chercher ma baguette, c'est le niveau 1 du parkour. Mais si j'utilise des sauts, des acrobaties ou des raccourcis un peu périlleux, là c'est un niveau supérieur."
Direction les championnats du monde
Le club de parkour de Roubaix figurait parmi les équipes qualifiées pour les premiers championnats de France, qui se sont déroulés le dimanche 9 juillet 2023 à Yutz, en Moselle. Au total, trois des quatre équipes roubaisiennes - dont une féminine - ont pu participer à la compétition. Mais comment se déroulent les épreuves ? "En fait il s'agit d'un face-à-face, à un contre un, dans un duel de "chase tag", une sorte de jeu du chat et de la souris", explique Bilel Ligreci, éducateur sportif chez Parkour59 et membre de l'équipe "première" du club.
Qualifiée pour aller aux mondiaux de parkour, qui se tiendront fin octobre à Londres, l'équipe "première" de Parkour 59 espère pouvoir ravir l'or. Du moins c'est ce qu'espère Bilel Ligreci : "L'année dernière nous sommes arrivés en deuxième place du classement, juste derrière l'équipe américaine. Comme on s'en est très bien sorti aux nationaux, on espère pouvoir de nouveau rivaliser avec eux."
Les valeurs du parkour
Tout comme Bilel, Mohamed Ayari, membre de l'équipe "première" de Parkour59, a découvert ce sport par hasard. "Je suis tombé dans le parkour grâce à des amis. Quand Parkour59 a ouvert, je suis très vite devenu bénévole. J'ai fini par devenir adhérent et à entrer dans les équipes."
Pour le jeune homme de 28 ans, le parkour regorge de valeurs et de principes, "qui font toute la beauté de la discipline. C'est un sport qui prône la confiance en ses capacités, qui aide à s'approprier son corps. Il y a un côté individuel, mais aussi une grande importance vouée au collectif. On n'est jamais seul face à un saut ou à une épreuve. L'entraide est une notion centrale de cette discipline."
Un sport encore "connoté négativement"
Malgré tout, derrière ce nom se cache un sport encore souvent incompris. Beaucoup auront en tête l'image des yamakasis, du film éponyme sorti en 2001, mettant en scène des jeunes athlètes et cascadeurs qui se servent de leurs talents de parkour pour entrer par effraction dans des appartements. "C'est vrai qu'ils utilisent le parkour pour se déplacer, mais associer cette discipline à des personnes qui s'en servent pour commettre des vols, je trouve ça très réducteur... Ça donne une mauvaise image d'un sport pourtant bienveillant et respectueux", affirme Kevin T'Joen.
Le médiateur explique d'ailleurs que les adeptes de ce sport, initialement pratiqué en extérieur, apprennent très vite quels lieux privés et quels monuments ne doivent pas servir dans leur pratique. "C'est un sport encore émergent qui nécessite un travail quotidien pour gagner la confiance des autres."
Le jeune homme raconte même qu'aux premières heures du club, les Roubaisiens pensaient avoir affaire à des cambrioleurs. Mais à force de communication, les athlètes ont su apprivoiser les riverains. "Aujourd'hui, nous sommes même invités sur le toit de La Piscine de Roubaix", une sorte de petite victoire pour Kevin T'Joen, qui espère pousser la cohabitation encore plus loin.