Pour s'implanter en France, l'entreprise familiale belge Agristo, spécialisée dans les surgelés de pomme de terre, a fait mainmise sur la dernière usine sucrière du Nord. La vente a été officialisée ce lundi 28 août 2023, en présence de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie.
Clap de fin pour l'usine Tereos d'Escaudœuvres. Un feuilleton qui aura connu beaucoup de rebondissements ces derniers mois, notamment en mars, lorsque l'usine sucrière avait annoncé sa fermeture prochaine. Selon le groupe, le site souffrait d'une "baisse de volumes de betteraves engagés pour des raisons agronomiques (rotation culturale, sécheresse, jaunisse)", provoquant la longue mobilisation de 300 personnes, venues soutenir les salariés.
Mais ce lundi 28 août 2023, après des semaines d'incertitudes, le président de Tereos, Gérard Clay, a officialisé la reprise de la dernière usine sucrière du Nord par l'entreprise belge Agristo, spécialisée dans les surgelés de pommes de terre. La nature du repreneur était gardée secrète depuis mars dernier.
350 emplois à créer
En fin de matinée ce lundi, Tereos a officialisé la vente de son site - à 350 millions d'euros - avec Agristo. Le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, était sur place pour attester de la tant attendue signature. "En six ans c'est la meilleure nouvelle dans l'industrie agroalimentaire en termes de nombre d'emplois créés avec un investissement étranger en France", indiquait le ministre, saluant les 350 emplois qui devraient être créés par la récente reprise.
Une "bonne fin pour Tereos" selon Gérard Clay. Le PDG de l'entreprise sucrière s'attarde notamment sur la question de la sauvegarde de l'emploi, indiquant que "celui ou celle qui souhaite un reclassement chez Tereos pourra trouver une place qui lui conviendra."
Aussi, 40 des 123 salariés de l'usine de sucre pourraient conserver un poste chez Tereos, car un site logistique continuera de cohabiter avec l'entreprise belge à Escaudœuvres. Les autres employés devront quant à eux partir travailler à la sucrerie de Boiry-Sainte-Rictrude dans le Pas-de-Calais, ou espérer un recrutement de la part d'Agristo.
Des pommes de terre de la région
Une ouverture sur la France qui se veut stratégique pour Agristo, malgré la hausse du prix de la pomme de terre que connaît l'Hexagone depuis un an (+ 29,5% entre juillet 2022 et juillet 2023 selon FranceAgriMer). En s'implantant dans le Nord, l'entreprise belge mise sur "un bassin d’agriculteurs expérimentés dans la culture de la pomme de terre", commente la directrice générale d'Agristo, Hannelore Raes.
Le PDG de Tereos affirme aussi que les pommes de terre transformées dans l'usine d'Escaudœuvres viendront exclusivement "d'agriculteurs de la région." Mais quid des producteurs de betteraves sucrières, jusque-là employés par la société ? Selon Gérard Clay : "Les coopérateurs Tereos continueront de fournir l'entreprise en betteraves" pour alimenter les usines du Pas-de-Calais, situées à Lillers, Boiry-Sainte-Rictude et Attin.
Une reprise pour Buitoni à Caudry ?
Suite à sa visite de l'usine d'Escaudœuvres, le ministre de l'Industrie s'est rendu à Caudry, une autre commune du Nord cherchant un repreneur pour son usine Buitoni, à l'arrêt depuis le 2 mars dernier. "Nous avons de bonnes touches : plus de 80 entreprises ont été sollicitées pour racheter le site", confie Frédéric Bricout, maire de la commune. "Actuellement on est sur une short list de 7 gros groupes nationaux et européens." Si le secteur d'activité du futur repreneur - qui "restera dans l'agroalimentaire", selon l'élu - semble plutôt assuré, le retour à l'emploi des 120 salariés de l'usine Buittoni, lui, reste encore incertain.