Choquées par les propos de Nicole Belloubet, ministre de la Justice, et de Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, les avocates de Sophie Patterson-Spatz, qui accuse Gérald Darmanin de viol, dénoncent dans un communiqué un soutien "publique" et "sans recul" du gouvernement.
Les avocates de la femme qui accuse Gérald Darmanin de l'avoir violée en 2009 à Paris ont dénoncé ce vendredi 12 juin dans un communiqué le soutien apporté par le gouvernement au ministre des Comptes publics, au lendemain de la relance des investigations.
"Il est assez choquant d'entendre en France en 2020 une ministre ou une secrétaire d'Etat soutenir publiquement et sans recul le mis en cause, qui au nom de ses qualités professionnelles, qui au nom de l'amitié, alors qu'en face, une femme sans pouvoir ni soutien médiatique a trouvé le courage de porter plainte contre lui", écrivent Mes Elodie Tuaillon-Hibon et Marjolaine Vignola.
"Que les membres du gouvernement cessent de peser éhontément en faveur de leur collègue à chaque interview", poursuivent les avocates, qui réclament que la "présomption d'innocence du mis en cause ne devienne pas la présomption du mensonge de la victime". La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet ont ainsi apporté, sans entrer dans le fond de l'affaire, leur soutien et leur confiance au ministre.
Gérald Darmanin accusé de viol : "La procédure suivra son cours. Au demeurant, Gérald Darmanin est un excellent ministre du Budget", indique Nicole Belloubet pic.twitter.com/JKJginRm6C
— franceinfo (@franceinfo) June 12, 2020
Reprise des investigations sur les accusations de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance
Après deux ans de bataille procédurale, la cour d'appel de Paris a ordonné ce mardi 9 juin de reprendre les investigations sur les accusations de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance portées contre le ministre par Sophie Patterson-Spatz. Cette décision a annulé celle rendue à l'été 2018 par une juge d'instruction qui avait refusé de reprendre les investigations.
Dans son ordonnance de non-lieu, la juge estimait que l'enquête préliminaire menée quelques mois plus tôt par le parquet de Paris avait permis d'écarter les accusations. "Seule une enquête de police parcellaire avait été menée sous l'unique contrôle du parquet pendant un mois et demi" et "elle avait abouti à un classement sans suite parfaitement scandaleux", soulignent les avocates.
Celles-ci se félicitent qu'"après deux ans de batailles procédurales, deux ans de souffrances [...], le fond du dossier va enfin pouvoir être abordé dans une enceinte en théorie plus propice à la victime", qui n'avait pas été confrontée au ministre lors de l'enquête préliminaire.
En mars 2009, Sophie Patterson-Spatz s'était adressée au jeune élu, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP (ancêtre de LR), pour tenter de faire annuler une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon. Selon elle, Gérald Darmanin, aujourd'hui âgé de 37 ans, lui aurait fait miroiter son appui en échange de faveurs sexuelles. Entendu en audition libre le 12 février 2018, Gérald Darmanin a confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Mme Patterson-Spatz, mais selon lui librement consentie et à l'initiative de la plaignante.