Les salariés grévistes de Valdunes, dernier fabricant français de roues et d'essieux pour trains, métros et tramways pour 70 pays, ont repris le travail ce mardi 23 mai 2023. La recherche d'un repreneur est toujours en cours après l'abandon de son seul actionnaire chinois MA Steel. La CGT reste mobilisée.
En grève depuis le 4 mai, les salariés des deux usines de Valdunes situées à Leffrinckoucke (près de Dunkerque) et Trith-Saint-Léger (près de Valenciennes) ont repris le travail ce mardi 23 mai, nous confirme Daniel Cappelle, le directeur.
Un accord proposé aux salariés a été accepté ce lundi 22 mai. Ils ont obtenu une prime de 1050 euros par personne pour les 4 mois à venir et le paiement des jours de grève.
Daniel Cappelle précise que "nous avons lancé la recherche d'un repreneur", grâce à un conciliateur. "Cela se fait en liaison avec l'Etat, notre actionnaire et la région Hauts-de-France".
Ne pas se retrouver face à "une usine morte"
Mais pourquoi avoir réellement repris le travail ? "On a été contactés par la direction et par Bercy, ils voulaient qu'on reprenne le travail pour livrer les clients fidèles à Valdunes, essayer de récupérer de l'argent dans la trésorerie pour assurer une continuité d'exploitation jusqu'à la fin de l'année", annonce Maxime Savaux, président CGT du CSE de Valdunes.
Cette reprise de l'activité pourrait potentiellement motiver "les futurs repreneurs" pour s'intéresser à Valdunes et "et ne se retrouvent pas face à une usine morte qui ne tourne pas", poursuit-il.
Les négociations ont abouti à une reprise d'activité avec un service minimum à cause d'un "manque d'approvisionnement d'acier chinois qui fait défaut pour les commandes Valdunes". Tous les secteurs ne peuvent donc pas être alimentés.
On a une bonne partie de chômage partiel chez Valdunes. On a un manque d’approvisionnement en acier et un carnet de commandes dans les axes assez faible. Dans le secteur roue, on a de l’activité pour tourner jusqu’à la fin de l’année.
Maxime Savaux, président CGT du CSE de Valdunes
Le syndicat CGT maintient le piquet
La CGT demandait à l'origine "une prime de 1500 euros par mois, par salarié, sur une durée de 4 mois", en plus de leur salaire, ainsi que l'intégralité des heures de grèves payées. "Pour nous, leur démarche de grève était totalement justifiée par rapport à la situation", continue le syndicaliste.
Pour rappel, le fabricant de roues de train avait été abandonné par son actionnaire chinois MA Steel le 4 mai dernier, qui l'avait racheté en 2014. Les salariés sont alors entrés en grève pour faire part des inquiétudes et des incertitudes quant à l'avenir des deux usines.
Malgré la reprise du travail, la mobilisation se poursuit devant les sites de Valdunes. "C'est le syndicat CGT qui maintient le piquet, on alimente les mobilisations avec les salariés. Quand certains sont d'après-midi, d'autres viennent le matin et vice-versa", précise Maxime Savaux.
Il ajoute que le syndicat continuera d'alerter les pouvoirs publics. "On demande aussi à notre fédération CGT et à notre nouvelle secrétaire, Sophie Binet, de venir sur les sites et de constater les dégâts". Toutes les semaines, le président CGT du CSE de Valdunes affirme "recontacter Bercy pour obtenir régulièrement des informations vis-à-vis d'un futur repreneur".
L'état d'esprit des salariés reste "au plus bas"
Du côté des salariés, leur état d'esprit est "au plus bas", d'autant plus qu'il y a "très peu de charges dans les ateliers", ce qui ne les incite pas à "reprendre le travail".
La conciliation que le Tribunal de commerce a accepté est de "laisser 4 mois et éventuellement un cinquième bonus pour retrouver un futur repreneur". Pour Maxime Savaux, "c'est là notre plus grosse inquiétude." Sans repreneur d'ici là, "au mois d'octobre, qu'est-ce qu'on devient ?", s'interroge-t-il.
Au final, "la lutte continue" et "les salariés se tiennent prêts à être mobilisés à tout instant. Si on se sent baladés, on reprendra le piquet de grève de façon illimitée", assure-t-il avant de conclure : "ce n'est pas une prime de 1050 euros pendant 4 mois qui va calmer les ardeurs de la CGT et les salariés, pas du tout".