Lors des émeutes urbaines de juin 2023, de nombreux bâtiments municipaux de Denain ont été incendiés ou dégradés. Face à la somme exorbitante des travaux, l'assureur historique de la ville a préféré se désengager du contrat, laissant la commune sans assureur depuis le 1er janvier 2024.
Depuis quatre mois, la maire de Denain est désespérément en quête d'une assurance. Anne-Lise Dufour-Tonini, édile socialiste de cette ville du Valenciennois, sait que cette bataille est une course contre la montre : depuis le 1er janvier 2024, les bâtiments de sa commune ne sont plus assurés. Le moindre départ de feu dans un bâtiment municipal risquerait donc de faire plonger les économies de la Ville, déjà marquée par un fort taux de pauvreté chez ses 20 000 habitants.
Merci à tous les agents mobilisés en mairie et sur notre commune depuis 3 nuits maintenant. Les casseurs ne gagneront pas https://t.co/IXI4DBLbm1
— Anne-Lise Dufour (@al_dufourtonini) July 2, 2023
Jusqu'en décembre dernier, c'est à la Maif que revenait la gestion des contrats d'assurance de Denain. Mais suite aux émeutes de juin 2023, l'assureur historique de la Ville n'a pas souhaité se réengager.
Dans la nuit du 29 au 30 juin dernier, les violences urbaines déclenchées après la mort de Nahel à Nanterre avaient causé de sévères dégradations dans les rues de Denain. Théâtre, gare, façade de la mairie et magasins ont été pillés, tagués ou encore incendiés.
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Des évènements qui n'auront sûrement plus jamais lieu
De multiples dégâts à la facture salée, établie à 600 000 euros, qui tient désormais les assureurs à distance. La Ville, elle, n'a payé que la franchise : 750 euros. Pourtant, Anne-Lise Dufour-Tonini affirme à l'AFP que "les assureurs n'ont pas dépensé beaucoup pour Denain ces dernières années", mais qu'en une nuit, "les trois-quarts des bâtiments communaux ont été dégradés".
Depuis, la mairie a lancé deux appels d’offres en juin et octobre 2023 pour retrouver une assurance en 2024. Mais aucune compagnie n'a répondu présente.
"Quand l'assurance n'a pas à intervenir, il n'y a pas de soucis. Par contre, dès qu'un incident se produit et qu'on a besoin d'aide, l’assurance nous lâche. Je suis très déçue de cette attitude de non-engagement dans les territoires", tempête l'élue, qui ne mâche pas ses mots.
Dès qu'un incident se produit et qu'on a besoin d'aide, l’assurance nous lâche. Je suis très déçue de cette attitude de non-engagement dans les territoires.
Anne-Lise Dufour-Tonini
Auparavant, la ville de Denain n'avait jamais connu de si gros incidents. Aucune dégradation, aucun vol... "Il ne se passe rien, les assurances n'ont jamais eu à verser des centaines de milliers d’euros jusque-là", assure Anne-Lise Dufour-Tonini. Selon elle, les assurances redoutent de voir les émeutes ou des évènements similaires se reproduire. Une crainte injustifiée pour la maire, qui pointe l'exceptionnalité des violences de juin 2023.
L'État invité à agir face à la désolidarisation des assurances
Face à la détresse des élus de Denain, qui craignent pour leur ville à chaque fois qu'une sirène de pompier ou de police retentit, ce lundi, le président de la Région Hauts-de-France Xavier Bertrand a adressé un courrier au Premier ministre, le sommant d'interférer dans cette situation au plus vite.
"L’État ne peut pas s'exonérer de sa responsabilité et doit, avec les assureurs, renforcer son accompagnement auprès des collectivités territoriales", résume le représentant de la Région, pointant du doigt la "multiplication des difficultés en matière de couverture des risques".
L’État ne peut pas s'exonérer de sa responsabilité et doit, avec les assureurs, renforcer son accompagnement auprès des collectivités territoriales.
Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France
Il y a une semaine déjà, la maire de Denain, mais également le maire de Maubeuge, s'étaient entretenus avec Gabriel Attal à Matignon sur ces questions. Le Premier ministre leur avait alors assuré que des solutions seraient apportées courant mai, lorsque les conclusions de la mission gouvernementale travaillant sur les assurances des collectivités, seraient rendues. Anne-Lise Dufour-Tonini en attend beaucoup.