Dix-huit personnes sont actuellement jugées à Lille, soupçonnées d’avoir participé à un réseau de passeurs de migrants entre 2020 et 2022. Ce mardi 8 octobre, le parquet a requis des peines allant jusqu’à 15 ans de prison.
Des peines allant jusqu'à quinze ans de prison. Ce sont les réquisitions de la procureure à l'encontre de 18 personnes soupçonnées d'être impliquées dans l’un des principaux réseaux de passeurs de migrants dans la Manche.
"Les prévenus ne sont pas des bénévoles aidant leur prochain, mais des marchands de mort", a accusé la procureure ce mardi 8 octobre, décrivant des canots chargés de passagers "jusqu'à 15 fois leur contenance théorique".
Jusqu’à 74 000 euros par embarcation
Les accusés, principalement d’origine irako-kurde, auraient récolté des "sommes phénoménales" grâce à ce trafic : jusqu’à 74 000 euros de bénéfice pour une seule embarcation. En 2021, les passages étaient facturés autour de 2 500 euros pour un Irakien et 3 500 pour un Vietnamien.
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Entre 2020 et 2022, ce réseau avait en grande partie la mainmise sur les passages de migrants vers l'Angleterre à partir du nord de la France, d’après l’enquête. La procureure décrit ainsi un "dossier tentaculaire", aux ramifications internationales.
Les prévenus ne sont pas des bénévoles aidant leur prochain mais des marchands de mort.
le procureure de Lillelors de ses réquisitions
Parmi les prévenus, certains sont accusés d'avoir organisé le transport des migrants jusqu'aux plages. D’autres auraient géré l’embarquement des passagers et le gonflage des canots. Ou encore d’avoir pris en charge l'approvisionnement et la livraison des bateaux.
Les peines requises par la procureure varient en fonction de l’implication présumée des prévenus – 17 hommes et une femme. La peine la plus lourde – 15 ans d'emprisonnement, assortie d’une interdiction du territoire français et de 200 000 euros d'amende – a été requise à l’encontre d’un Irakien de 26 ans, qualifié de "chef de réseau" par la procureure.
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Une organisation depuis une cellule de prison
Déjà condamné à deux reprises pour des faits d'aide au séjour irrégulier, ce dernier est soupçonné d'avoir orchestré l'ensemble du réseau depuis sa cellule de prison française. “De jour comme de nuit”, il achetait des armes, organisait des traversées, d’après la procureure. Il avait déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires d'aide au séjour irrégulier.
Pour ceux que la procureure considère comme les lieutenants du principal prévenu, elle requiert de lourdes peines, jusqu'à 12 ans d'emprisonnement. Les exécutants risquent des peines plus faibles. Le procès doit durer jusqu'à la fin de la semaine et la décision devrait être mise en délibéré.
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Jusqu’à présent, douze personnes ont comparu cette année pour leur participation à ce réseau. Trois autres, détenues en Belgique, doivent être jugées en mars 2025. Des logisticiens locaux du réseau, qui vivaient dans le Dunkerquois, ont ainsi été jugés à Lille au mois de janvier. Des peines allant de 15 mois à cinq ans d'emprisonnement ont été prononcées.
Depuis janvier, plus de 26 600 migrants sont arrivés sur les côtes anglaises par ce moyen, selon le ministère britannique de l'Intérieur. L’année 2024 est la plus meurtrière jamais enregistrée sur les côtes de la Manche. Au moins 51 personnes sont décédées depuis le mois de janvier.
Avec AFP