Victime de propos racistes, un commerce qui menaçait de fermer a changé d'avis après la mobilisation de son village dans le Nord

Menaçant de mettre la clé sous la porte, le Proxi de Saint-Aubert (59) a bien failli céder aux insultes racistes dont il était la cible. Mais c'était sans compter sur le soutien des habitants de la commune et des habitués de ce commerce de proximité.

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"C'est avec le cœur gros et surtout de la colère que je vous annonce la vente du magasin Proxi à Saint-Aubert." Katia Meresse, Aubertoise, annonçait le 5 août sur Facebook la mise en vente de l'un des seuls commerces de proximité de la commune.

Tenue par Adil et Nawel, cette épicerie de village ne menace pas de mettre la clé sous la porte pour raisons économiques, mais pour insulte raciste. "J'ai pu moi-même entendre des menaces atroces que je ne peux accepter" poursuit l'Aubertoise à l'origine de la publication sur les réseaux sociaux.

Attachés à ce commerce, les habitants de Saint-Aubert et des communes environnantes ont décidé de se mobiliser contre cette fermeture. Un élan tel, qu'il a fait changer d'avis Nawel et Adil.

Une pétition pour soutenir le commerce et "contre la haine raciale"

Sous la publication de Katia Meresse, administratrice d'un groupe d'Aubertois en ligne, les messages de soutien pleuvent : "Bon courage", "C'est une vraie perte pour notre village", "Ne vous laissez pas intimider" peut-on lire dans la centaine de commentaires postés.

À l'unanimité, habitants de Saint-Aubert et habitués du commerce de Nawel et Adil soulignent la gentillesse des deux propriétaires. Au point qu'une pétition a été lancée le 9 août pour affirmer ce soutien et soutenir ce commerce local. 

Nous condamnerons clairement et fortement toutes formes de racisme et d'intimidation

Cédric Wuiot

À l'origine de la pétition en ligne

"À Saint-Aubert, nous avons un seul commerce de proximité, qui représente beaucoup plus qu'un simple lieu de vente. Récemment, ce commerce a été ciblé par des propos racistes et des menaces de mort, un comportement inacceptable qui n'a sa place nulle part" estime Cédric Wuiot, à l'origine de la pétition. "En signant, nous montrerons notre soutien indéfectible à Nawel, Adil et leurs enfants, et nous condamnerons clairement et fortement toutes formes de racisme et d'intimidation".

En l'espace de 10 jours, la pétition a recueilli 241 signatures. Un chiffre important pour cette commune d'à peine 1500 habitants.

Les élus mobilisés

Face à cette "situation préoccupante", Pascal Gérard, maire de la commune, a lui aussi décidé de s'exprimer. "Il m'est parvenu que certains individus ont menacé et insulté ces personnes en raison de leur religion. De tels agissements sont inacceptables et vont à l'encontre des valeurs de notre village."

Lui aussi ne peut que souligner la "gentillesse" de Nawel et Adil. "Leur dévouement et leur gentillesse sont grandement appréciés par la majorité de nos concitoyens et leur établissement est un véritable atout pour notre communauté."

Relayée par les médias locaux, cette histoire est remontée jusqu'à Julien Poix, conseiller régional des Hauts-de-France. Cet élu de gauche félicite la "mobilisation de tout le village pour soutenir les victimes." Il rappelle par la même occasion, sa "solidarité face à la bêtise insondable de certains."

Face à cette vague de soutien, Nawel et Adil sont revenus sur leur décision et n'ont pas cédé aux pressions racistes. La bonne nouvelle a été partagée par Katia Meresse. "C'est donc avec un plaisir immense et une grande reconnaissance envers vous tous que j'ai le plaisir de vous annoncer que Nawel, Adil et leurs enfants resteront des Aubertois et continueront de vous servir dans le magasin (...) Ils se joignent à moi pour vous dire un grand MERCI".

Un commerce "SOS Villages"

Ce combat est d'autant plus important que ce Proxi situé en plein centre de Saint-Aubert n'est pas un commerce comme les autres. Il a été repris en 2023 par Nawel et Adil dans le cadre du programme "SOS Villages", une plateforme dédiée à la relance des commerces en zone rurale.

Véritable relayeuse de l'actualité de la commune, Katia Meresse avait fait la promotion de cette reprise sur Facebook en février dernier. "Ils se sont dit : « ce village a besoin de nous », c'est donc avec enthousiasme qu'ils sont venus à Saint-Aubert pour reprendre le commerce"

Malgré des débuts difficiles, ponctués par une panne des congélateurs, ils ont finalement réussi à se faire un nom dans le village, qui devrait perdurer grâce au soutien de la population locale.

Pour rappel, l'injure commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée est punie de l'amende prévue pour les contraventions de la 5e classe et peut s'accompagner de peines complémentaires.

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