Avec 120 000 spectateurs sur trois jours, le Main Square 2016 a fait le plein malgré une programmation un peu moins clinquante que celle de l'an dernier. Pour 2017, l'organisation espère ramener une très grosse tête d'affiche.
Avec 120 000 spectateurs et deux journées à guichets fermés, le Main Square 2016 a été incontestablement un succès. "Je suis content", nous a confié ce jeudi Armel Campagna, le directeur du festival arrageois. "C'était un peu une édition d'apprentissage pour nous avec les nouveaux aménagements et la mise en place du "cashless" (paiement par puce élecronique, sans argent liquide NDR). Nous avons bien écouté les critiques de l'an dernier et la circulation a été améliorée à l'intérieur du site".
Côté scène, le patron du Main Square reconnaît une programmation "un peu plus light" que les années précédentes, même si Les Insus (ex-Téléphone) "ont fait du très bon son" et que l'édition 2016 a offert de grands moments à ses yeux, notamment le samedi, avec Mass Hysteria, The Offspring et Macklemore & Ryan Lewis. "On nous disait que le samedi ne se vendrait pas bien, que Macklemore n'était pas une tête d'affiche, mais on était complet ce jour là et ça a bien fonctionné."
Avec seulement 35 000 spectateurs sur une jauge à 42 000, le vendredi a été une déception en revanche malgré une belle affiche (Iggy Pop, Louise Attaque, Disclosure, Flume, Ellie Goulding). "Il manquait un peu de monde", reconnaît Armel Campagna. L'absence d'une très grosse tête d'affiche internationale s'est également fait ressentir au niveau des recettes de merchandising (T-shirts, produits dérivés...) pendant le festival . "Ce n'était pas terrible cette année", avoue le directeur du Main Square. "Le groupe qui a fait le plus vendre, c'est The Offspring. Pour Les Insus, tout est parti en moins d'une demi-heure, mais ils n'avaient pas prévu assez".
Quelle programmation en 2017 ?
Pour 2017, le festival arrageois aimerait de nouveau attirer au moins une très grosse tête d'affiche internationale, même si ce ne sera pas facile. "Cette année, ni Coldplay, ni les Red Hot Chili Peppers, ni Radiohead, ni McCartney, ni Springsteen ne font de festival en France", constate-t-il. La concurrence est très rude à l'échelle européenne, ce qui pourrait contraindre le Main Square à augmenter ses tarifs pour pouvoir s'offrir un gros calibre. "Avec Muse l'an dernier, on a été complet en quelques jours avec un billet journée à 59 euros (contre 49 euros cette année NDR)", rappelle Armel Campagna. "Mais il faut faire attention à l'équilibre de notre modèle économique qui est fragile. Il faudra vraiment que ce soit un très gros nom pour qu'on augmente les tarifs".Alors quels seront les poids lourds en circulation l'été prochain sur les autoroutes festivalières européennes ? Pour l'instant, les calendriers de tournée ne sont pas encore arrêtés. On peut penser que Coldplay et les Red Hot Chili Peppers - qui viennent de sortir de nouveaux albums - remettront le couvert. Le groupe de Chris Martin est déjà venu deux fois à Arras en 2009 et 2011. On attend peut-être aussi l'an prochain les retours d'Arcade Fire (présent au Main Square 2011), de Metallica (venu à Arras en 2008 hors Main Square), de Depeche Mode (tête d'affiche du festival arrageois en 2006), de Bruno Mars (présent au Main Square 2011) et la reformation des Tears for Fears. La presse britannique annonce la sortie en 2017 d'un nouvel album d'Ed Sheeran et sa programmation au prochain festival de Glastonbury, une semaine avant le Main Square. Glastonbury où l'on espère aussi les Guns'n'Roses. Mais là, ça coûte très très cher et il n'est pas sûr que le festival arrageois ait les moyens de s'offrir Axl Rose, Slash et leurs camarades, même en augmentant les tarifs.
On miserait volontiers en revanche sur les Black Eyed Peas, dont on annonce également le come-back en 2017, sans leur chanteuse Fergie qui va tourner en solo et qui pourrait constituer, elle aussi, une tête d'affiche potentielle. En 2010, la bande de will.i.am avait fait le plein à la Citadelle d'Arras avec leur copain David Guetta, une première dans l'histoire du Main Square. Autre piste encore plus probable pour l'édition 2017 : celle d'Imagine Dragons. Le groupe américain, auteur des tubes Radioactive et Demons, est déjà venu au Main Square il y a deux ans. Mieux encore, leur agent est venu faire un petit tour le week-end dernier à la Citadelle d'Arras pour rencontrer les organisateurs. Pour le moment, Dan Reynolds et ses compères travaillent sur leur 3e album studio et n'ont pas encore annoncé de tournée.
2017 pourrait aussi voir le retour des Twenty One Pilots. Depuis premier passage à la Citadelle en 2014, la notoriété du tandem de l'Ohio a explosé dans le sillage de leur single Stressed Out. Leur concert au Zenith de Paris, le 17 novembre prochain, est déjà complet et celui qui s'occupe de leur tournée en France n'est autre qu'Armel Campagna avec sa casquette Live Nation. "Je ne sais pas encore s'ils feront une tournée l'été prochain", nous a répondu ce dernier. "Mais s'ils viennent en France, il y aura sans doute un passage au Main Square".
Nous avons également questionné Armel Campagna sur le groupe américain Paramore - très apprécié du jeune public - qu'on annonce en tournée en 2017. "Pour le Main Square, ce serait intéressant". Et quid de Gorillaz, le collectif électro emmené par Damon Albarn (Blur) qui planche sur un nouvel opus ? "A priori, ils risquent plutôt de tourner en 2018". Le patron du Main Square ne s'engage pour l'instant bien entendu sur aucun nom.
"On s'est prépositionnés sur un certain nombre d'artistes", nous a-t-il expliqué. "Ils se décident à tourner en général entre juin et juillet pour arrêter leurs décisions vers septembre/octobre. Cette année, on a eu beaucoup de gros groupes français qui tournaient, je ne sais pas encore pour l'an prochain". Selon certaines rumeurs circulant sur Internet, Indochine - tête d'affiche du Main Square en 2007 et 2013 - pourrait enchainer nouvel album et tournée l'an prochain. Christine & The Queens est également en train d'écrire son deuxième opus. Le tandem électro Justice pourrait aussi sortir du bois. En tout cas, les premiers noms de l'édition 2017 du festival arrageois ne seront pas annoncés avant fin novembre.
Quelles améliorations sur le site ?
Même si le Main Square n'a pas encore officialisé les dates, la prochaine édition devrait se dérouler du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet 2017. Contrairement aux Eurockéennes de Belfort qui ont choisi de se dérouler l'an prochain sur deux jours, le deuxième week-end de juillet, le festival arrageois ne devrait pas changer de créneau, toujours en frontal avec plusieurs mastodontes européens (Werchter en Belgique, Roskilde au Danemark, Open'er en Pologne et Saint-Gallen en Suisse) qui aspirent pas mal de grosses pointures. Mais cela peut aussi se révéler un avantage pour compléter un calendrier de tournée ce week-end là.Armel Campagna envisage déjà quelques améliorations à apporter sur le site. "Les escaliers entre la Green Room (scène secondaire NDR) et le nouvel espace avec l'écran géant étaient un peu raides, on va sans doute les remplacer par des rampes". Et puis il y a la sortie du site le dernier soir qui reste l'un des points noirs. "Cette année, ça s'est fait en 37 minutes, avec un gros travail de nos équipes de sécurité et des forces de l'ordre pour que tout se passe bien", explique le directeur du festival. "Mais beaucoup de gens ont dû attendre pour sortir. Les autres jours, on n'a pas ce problème, puisque 15 000 personnes restent en général sur le site après le dernier concert sur la Main Stage (scène principale NDR). Pour Salut C'est Cool, dans la nuit de samedi à dimanche, on avait encore 10 000 personnes. C'est difficile de prolonger les concerts au-delà de minuit le dimanche car beaucoup de gens reprennent le boulot le lendemain. Il faudrait trouver une animation musicale de 30/40 minutes sur la grande scène, après le dernier concert, peut-être avec un DJ, pour que certains restent encore un peu et que les gens ne partent pas tous en même temps".
Parmi les nouveautés, le cashless (paiement par carte à puce intégrée à un bracelet) a été une expérience concluante. "Dix jours avant le festival, nous n'avions que 800 comptes créés et préchargés, on en a eu finalement 17 000 grâce aux articles de presse", analyse Armel Campagna. "C'est vraiment pratique, un gain de temps. Au bar, ça va quasiment deux fois plus vite pour payer, ça réduit les files d'attente. On sait toutefois que certains commerçants ont continué à prendre du liquide. Mais ça va encore s'améliorer l'an prochain".
Petite déception en revanche pour le nouvel espace "Mange Lille", installé sur les remparts avec des paniers repas concoctés par des grands chefs de la région. "Le premier jour a été difficile avec la météo et des gens qui arrivent plus tard, après avoir déjà mangé", explique Armel Campagna. "Mais le samedi et le dimanche, on s'en est mieux sorti. On veut le reconduire l'année prochaine, car on croit à cet aspect qualitatif". La signalétique pour accéder à ce nouvel espace un peu excentré devra sans doute être revue et améliorée.