C'était la nuit du 4 juillet 1944. Un avion britannique de la Royal Air Force s'écrasait à Laversines, dans l'Oise, lors d'un raid contre les forces nazies. Un mémorial de ce crash a été inauguré 80 ans après par les proches et descendants de l'équipage.
Le son d'une trompette brise le silence. L'instant est solennel. Ici à Laversines, dans l'Oise, il y a 80 ans presque jour pour jour, un Lancaster de la Royal Air Force s'est écrasé sur la commune. Sur les huit membres d'équipage que comptait l'appareil, seuls deux ont survécu.
Ce samedi 7 juillet 2024, un hommage leur est rendu. 28 descendants se sont réunis pour inaugurer une stèle en leur honneur. Des proches qu'ils ont parfois connus et dont tous saluent aujourd'hui le sacrifice.
Hommage des proches et descendants
Patricia Barlow a fait le voyage depuis l'Angleterre. Elle tient dans ses mains une photo de mariage : "là, c'est ma mère, indique-t-elle du doigt. Elle s'est mariée avec Franck Wareham qui est l'un des hommes auxquels on rend hommage aujourd'hui. Elle s'est mariée à vingt ans et dix mois plus tard, il était tué. Elle avait vingt et un ans".
Franck Wareham est l'un des six membres d'équipage à avoir perdu la vie cette nuit-là. Å bord de l'avion, des soldats britanniques, canadiens et australiens. Parti de la base de Dunholme Lodge dans le Lincolnshire à 23h le 4 juillet 1944, l'appareil est touché par un chasseur allemand alors qu'il rentre d'une mission à Saint-Leu-d'Esserent. Il s'écrase à 1h50 du matin au sud de Laversines.
Maureen Palmer et Sue Carless peinent aussi à contenir leur émotion. Leur oncle, Leslie Jackson, est mort à quelques mètres dans un champ : "c'était très bien organisé, magnifique. On a essayé de contacter les deux rescapés. Å l'époque, il n'y avait pas d'internet ou d'emails, alors on a écrit beaucoup de lettres mais on n'a jamais eu de retour. Aujourd'hui, c'est comme si on finissait son histoire".
Le père de Mike Wainwright est un de ces deux rescapés. Pendant de longues semaines, le sergent-chef Jack Wainwright a été caché par une famille française. C'est la deuxième fois que son fils vient à Laversines. Avec le Groupe national de recherches 1939-1945, il a mis presque dix ans à retracer cet épisode de la vie de son père. En avril dernier, l'association lui a remis la montre de Jack qui était restée à bord de l'appareil : "mon père est mort quand j'avais 18 ans. Je ne lui ai parlé de ça que deux ou trois fois. J'étais très jeune. Ma soeur a beaucoup plus de souvenirs. Moi, je me rappelle de la famille Pelltiers venir en Angleterre et nous, venir en France pour les voir".
Hommage des habitants
Autour des descendants, des officiels et beaucoup d'habitants sont venus en famille pour assister à la commémoration : "c'est très important, souligne Daphné Dorin, une mère accompagnée de ses enfants. Il fallait leur inculquer ce devoir de mémoire, leur apprendre ce qu'il s'est passé avant pour pouvoir les forger pour leur avenir et savoir ce que la France a vécu".
Pour la liberté de leur pays, les soldats du bombardier se sont sacrifiés. Désormais, ils seront à jamais dans la mémoire.
Avec Jules Beaucamp / FTV