"Je ne travaille pas pour me faire voler" : des agriculteurs alertent sur les vols enregistrés dans leurs champs

Vols de légumes, de carburants ou de GPS. Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs enregistrent depuis plusieurs années des pertes sur leurs exploitations. Depuis début septembre, certains utilisent banderoles et réseaux sociaux pour alerter sur les vols qu'ils subissent.

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"10% du champ a déjà été récolté, en l'espace de 5 à 6 jours", souffle Guillaume Delannoye, agriculteur à Hazebrouck. Installé depuis 2015 sur cette exploitation familiale, où il récolte en ce moment des potimarrons, le Nordiste indique n'avoir jamais connu autant de vols. 

Avec l'aide des Jeunes Agriculteurs des Flandres, il a décidé de mener une action et a affiché des banderoles sur son champ.

"J'ai dû mettre une corde au bord du champ, j'ai demandé aux voisins d'être vigilants et je tourne souvent le soir", explique-t-il.

Des fois, j'essaie de discuter avec les auteurs des vols et ils ont différentes excuses : "Je les ai récupérés dans le fossé", "Je pensais qu'ils étaient trop gros et que vous ne pourriez pas les récolter", "Je vais vous les payer"...

Guillaume Delannoye

Agriculteur à Hazebrouck

Alors qu'il prend régulièrement des photos des auteurs et de leurs voitures, l'agriculteur de 33 ans a décidé qu'à présent, il déposerait plainte systématiquement.

Des vols constatés dans toute la région des Hauts-de-France

Lundi 4 septembre, au beau milieu de l'après-midi, Clément Leturcq, agriculteur à Thieux, dans l'Oise, a vécu une scène similaire : "J’ai vu une voiture s’arrêter au niveau des courgettes, potirons... Je me suis demandé qui c’était. Au bout de cinq minutes, la personne a chargé son coffre. Un chargement, un deuxième… Quand je me suis approché en tracteur, l’individu a couru en voiture et est reparti.

Exaspéré, il a porté plainte pour vol auprès de la gendarmerie. Pour alerter, il a choisi quant à lui de s'exprimer sur les réseaux sociaux. "Je ne travaille pas pour me faire voler. Je dépense beaucoup d’argent et d’énergie pour produire des légumes bio de qualité", écrit-il.

Sur la dizaine d’hectares en légumes qu’il possède, il estime le préjudice à environ 500 euros par an. Pour cet agriculteur, qui travaille depuis 2009, c’est "la goutte d’eau qui a fait déborder le vase."

Tous les ans, on a des vols, des gens qui viennent se servir en bord de chemin, parfois en pleine nuit. C’était déjà le cas avant mais là, ça s’aggrave avec l’inflation.

Clément Leturcq

Agriculteur dans l'Oise

Un phénomène en augmentation ?

"C’est compliqué à estimer, ils en piquent à droite et à gauche", estime Benjamin Thirouin, agriculteur dans le sud de l’Aisne et secrétaire générale des Jeunes Agriculteurs de l’Aisne. Récemment, 200 à 300 kilos de pommes lui ont été dérobés, soit environ 1 000 euros de pertes. 

"C'est difficilement quantifiable", approuve Denis Bully. Le président de la FDSEA de la Somme indique toutefois recevoir fréquemment des messages d'un réseau d'alerte qui a été mis en place sur son département. "Les agriculteurs peuvent signaler les vols ou dégradations. La gendarmerie alerte ensuite tous ceux qui ont adhéré gratuitement. Par exemple, le 4 juillet dernier, j'ai reçu un message indiquant 'vol de GPS à Vismes'."

Tous s'accordent pour rappeler les règles du glanage : "Il faut ramasser le produit consommable au sol, qui est resté dans le champ après la récolte mécanisée. Comme vous pénétrez sur une parcelle privée, question de convenance, il faut demander l'accord de l'agriculteur."

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