Prix de l'énergie : face à l'augmentation des tarifs de l'électricité, la coopérative agricole Biocer en grande difficulté

La coopérative agricole Biocer, implantée dans 21 départements sur le quart nord-ouest de la France, va subir une forte hausse des tarifs de l'électricité. Elle s'inquiète pour son avenir et celui de ses 280 adhérents.

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La nouvelle est tombée cet été et a fait l'effet d'un coup de massue : le fournisseur d'électricité alternatif Enercoop va mettre fin aux contrats d'électricité sur deux sites de Biocer situés en Normandie. Depuis, la coopérative agricole tente de trouver des solutions, mais l'issue semble inévitable : avec un nouveau contrat, chez ce fournisseur comme chez EDF, la facture d'électricité va être multipliée au moins par trois.

Des conséquences sur 280 fermes adhérentes

Selon Biocer, la facture globale passerait de 285 000 euros à plus d'un million d'euros. Implantée sur 21 départements du quart nord-ouest de la France, elle compte 280 adhérents. Et même si les changements de contrat d'électricité ne concernent que deux sites, c'est toute la coopérative qui se retrouve fragilisée. "Ce qui pose problème d'un côté a des répercussions de l'autre, déplore Vincent Devyldère, vice-président de Biocer. L'impact se fera sur tous les adhérents, quel que soit le lieu." Des adhérents qui sont tous agriculteurs bio et qui dépendent de la coopérative pour la collecte, le stockage ou encore la mise aux normes de leurs produits.

Des activités indispensables, mais gourmandes en énergie. "C'est du bio, donc on ne peut pas mettre de phyto ou d'insecticides derrière, explique Adrien Pruvost, gestionnaire du site Biocer de Fouilloy, dans l'Oise. On est obligés de ventiler au maximum pour descendre la température du grain et avoir une meilleure conservation pour l'hiver. On n'a pas le choix c'est obligatoire. En ce moment on sèche aussi le maïs qui arrive des champs. Si on ne peut pas le sécher, si on ne peut pas le trier et le conserver, la récolte est perdue."

"Au bout d'un moment, on ne génère plus de revenus"

Une situation intenable pour les agriculteurs déjà frappés de plein fouet par la crise de l'énergie et la crise économique. Olivier Desmarest, agriculteur à Sainte-Segrée dans la Somme, n'est pas optimiste pour l'avenir. "Nos prix de vente vont baisser, pour la filière céréales par exemple, on nous annonce 50 euros de moins la tonne, c'est tout simplement impossible. Si je commercialise 300 tonnes de céréales, ça fait 15 000 euros, je ne peux pas me le permettre." Il explique par ailleurs que l'écart des prix de vente entre le secteur bio et le secteur conventionnel est déjà faible, alors que les rendements sont bien moindres.

"D'un point de vue économique, c'est très compliqué pour moi comme pour tous mes collègues. Le produit qui diminue et les charges qui augmentent, au bout d'un moment, on ne génère plus de revenus, précise-t-il. Ça n'incite pas à aller vers l'agriculture biologique, aujourd'hui il n'y a plus de conversions, c'est au point mort, et je pense qu'il va même y avoir des "déconversions", c'est à dire-des-gens qui repassent en agriculture conventionnelle."

Biocer continue les négociations avec les fournisseurs d'énergie, et la sénatrice de l'Orne Nathalie Goulet a interpellé le ministre de l'Agriculture à ce sujet. Mais l'étau se resserre : les contrats en question prennent fin le 31 octobre.

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