Procès du RN : l'ancienne eurodéputée de l'Oise Mylène Troszczynski et son ancien assistant parlementaire Julien Odoul parmi les mis en cause

Entre octobre 2014 et juillet 2015, Mylène Troszczynski, alors eurodéputée RN de l'Oise, avait embauché en tant qu'attaché parlementaire Julien Odoul, aujourd'hui député RN de l'Yonne. Un emploi que la Justice estime fictif. Elle poursuit le RN, Mylène Troszczynski, Julien Odoul et 25 autres mis en cause pour détournement de fonds publics. Le procès s'ouvre ce 30 septembre.

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Elle était tête de liste du Rassemblement national (RN) aux élections sénatoriales 2023 dans l'Oise. Lui, est aujourd'hui député RN de l'Yonne. Mais entre 2014 et 2019, Mylène Troszczynski était eurodéputée de l'Oise et Julien Odoul, son assistant parlementaire pendant quelques mois.

27 accusés

À compter de ce lundi 30 septembre, la justice examine les activités de l'élu RN pour déterminer s'il a bénéficié d'un emploi fictif auprès de Mylène Troszczynski entre octobre 2014 et juillet 2015 en tant qu'assistant parlementaire. Les enquêteurs soupçonnent qu'il aurait en fait travaillé pour Marine Le Pen au siège du parti, ce qui est interdit dans la réglementation européenne.

Tous deux font en effet partie des 27 personnalités du Rassemblement national accusées de détournements de fonds publics par la justice française. Ils bénéficient, comme tous les autres accusés, de la présomption d'innocence.

Selon l’accusation, plusieurs assistants parlementaires n’en avaient que le titre et travaillaient en fait directement pour le Rassemblement national. Certains n'auraient même jamais rencontré leur employeur officiel ou ne se seraient jamais rendus au Parlement. Ce serait le cas de Julien Odoul selon nos confrères de L'Express : selon le magazine, l'actuel député de l'Yonne aurait écrit en février 2015 à Marine Le Pen "serait-il possible que je vienne à Strasbourg demain pour voir comment se déroule une session" au Parlement, "et faire la connaissance de Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché ?". Un échange qui aurait eu lieu quatre mois après le début de son contrat d’assistant parlementaire auprès de l'eurodéputée de l'Oise.

Qui est Mylène Troszczynski ?

Née à Chauny dans l'Aisne, Mylène Troszczynski étudie l'histoire puis devient conseillère en communication jusqu'en 2014. Elle est par ailleurs la belle-fille du leader historique du parti d'extrême droite en Picardie, Michel Guiniot, député de la sixième circonscription de l'Oise.

En 2007, elle devient suppléante aux élections législatives dans la quatrième circonscription de l'Oise.

En 2010, elle est élue conseillère régionale de Picardie sur la liste conduite par son beau-père Michel Guiniot. Elle reste conseillère régionale (de Picardie puis des Hauts-de-France) jusqu'en juillet 2021.

Elle est la candidate d'extrême droite aux élections législatives de 2012 dans la quatrième circonscription de l'Oise, où elle obtient un peu plus de 20 % des voix. Deux ans plus tard, elle est tête de liste du FN aux élections municipales de Senlis, où elle réunit 9,6 % des suffrages.

Elle devient finalement députée européenne en 2014 et occupe cette fonction jusqu'en 2019, en parallèle de ses fonctions de conseillère régionale.

Des ennuis avec la justice en 2017

En 2017, Mylène Troszczynski avait déjà dû rembourser 56 554 € au Parlement européen, au titre des salaires de deux de ses assistants, dont elle n'avait pas pu prouver qu'ils effectuaient bien le travail prévu dans leurs contrats, entre 2014 et 2015.

Toujours en 2017, son immunité parlementaire était suspendue et elle était poursuivie par le parquet de Bobigny pour "diffamation publique à caractère raciste" et "provocation à la haine et à la violence" pour la diffusion d'un montage photographique sur X (alors nommé Twitter) en 2015. En avril 2018, le tribunal de grande instance de Bobigny la renvoie devant le tribunal correctionnel. Son dernier pourvoi en cassation a été rejeté en 2020.

Une vieille affaire qui s'accélère

Sur le banc des accusés dans l'affaire des emplois fictifs au Parlement européen, Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national (FN), aujourd'hui rebaptisé Rassemblement national, et Bruno Gollnisch, ancien numéro 2 du parti, sont aussi présents. Le parquet de Paris indique dans son réquisitoire que : "les peines encourues sont 10 ans d’emprisonnement, et une amende de maximum 1 million d’euros ou du double produit de l’infraction."

Les accusations de détournements de fonds européens remontent à 2015, suite à un signalement réalisé par Martin Schulz, membre du parti social-démocrate allemand et alors président du Parlement européen. Il s'était rendu compte que  l'organigramme du parti d'extrême droite présentait vingt de ses membres comme assistants au Parlement européen alors qu'ils occupaient en même temps des postes importants au sein du parti.

Martin Schulz avait alors saisi la justice française et les perquisitions qui s'en sont suivies ont permis la découverte de documents accablants. Le RN a déposé de nombreux recours contre cette procédure, mais ils ont tous été épuisés.

Le 21 septembre 2023, Marine Le Pen remboursait de son propre chef les 330 000 € qui lui étaient réclamés par le Parlement européen dans le cadre de cette affaire depuis 2017, afin d'éviter une saisie.

Le Parlement européen estime son préjudice total à 7 millions d'euros pour la période 2009-2017.

Avec Claire-Marine Sellès / FTV

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