Le Secours Catholique et le diocèse d'Arras ont appelé mercredi à un "moratoire immédiat" sur les démantèlements de campements de migrants à Calais où les exilés vivent dans des conditions "inhumaines", en réclamant l'ouverture de lieux d'accueil décents.
Les mots employés sont forts. "On traite mieux des objets. En France, le droit des animaux de compagnie est mieux respecté que les droits des migrants", a lancé lors d'une conférence de presse l'évêque d'Arras, Mgr Leborgne.
Exprimant sa "stupéfaction" à l'égard de la situation, il a dénoncé le "harcèlement inhumain" subi par les exilés.
"En France, le droit des animaux de compagnie est mieux respecté que les droits des migrants".
"Il faut arrêter cette chasse à l'homme", a déclaré lors du même point presse la présidente du Secours Catholique-Caritas France Véronique Fayet, en marge d'une visite dans cette ville du Pas-de-Calais où se concentrent environ 800 exilés qui espèrent rallier l'Angleterre.
"Ouvrir des lieux qui permettent l'accès aux services de base"
"Nous appelons à décréter un moratoire immédiat sur les expulsions des lieux de vie, et à ouvrir des lieux qui permettent l'accès aux services de base", comme les toilettes ou les douches, pour ces personnes qui vivent "dans des conditions indignes et inacceptables", a poursuivi la patronne de l'association qui gère l'unique centre d'accueil de jour à Calais.
L'Etat a mis en place, sur le littoral nord, une politique de lutte contre les "points de fixation" des migrants et multiplie les démantèlements des campements et bidonvilles. Cela s'est traduit par plus de 900 expulsions en 2020, soit 88% des expulsions au niveau national, selon l'Observatoire des expulsions de lieux de vie informels.
"Rien ne justifie que ces personnes soient humiliées dans le plus profond de leur être"
"Rien ne justifie que ces personnes soient ainsi maltraitées, exclues de l'accès à des besoins essentiels, humiliées dans le plus profond de leur être", a insisté Véronique Fayet.
Les conditions de vie des migrants à Calais sont régulièrement décriées par les autorités indépendantes. Mi-février, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNDCH) a dénoncé la violation de leurs "droits fondamentaux" sur le littoral et l'"extrême dénuement" des personnes y vivant.