Deuxième jour du procès en appel de Jean-Philippe Caux, accusé d'avoir tenté d'assassiner sa fille Emilie, 8 ans, en janvier 2020. Lors de l'accident de voiture dans lequel Emilie a été grièvement brûlée, c'est un passant qui a pu tirer la fillette des flammes. Il était entendu par la Cour ce mercredi.
"Elle criait « je ne veux pas mourir »." C'est avec toujours autant d'émoi que Francesco Morelle a de nouveau raconté les évènements auxquels il a assisté cette terrible nuit, le 19 janvier 2020. La date est gravée dans son esprit, tout comme chaque détail de l'accident. Il se souvient de tout.
Il était 21 heures lorsque Francesco circulait avec sa fille, Camille, sur la route départementale qui relie Grenay à Mazingarbe. Face à lui, une voiture arrive à pleine vitesse, qui heurte un poteau et s'embrase instantanément. Sans hésiter, ce père de famille se rue sur le véhicule, ouvre la portière et voit une petite fille, Emilie, tomber à ses pieds, dont il s'est occupé jusqu'à l'arrivée des secours. Des gestes qui ont permis de sauver l'enfant.
Francesco était le premier arrivé sur les lieux et l'un des seuls témoins de cette tentative d'assassinat. Un geste qualifié d'héroïque par Stéphanie, mère d'Emilie, et les nombreuses personnes qui soutiennent la maman dans cette affaire. Sur Facebook, la page Soutien à Émilie adressait un message à ce sauveur, quelques mois seulement après le drame : "Un grand et énorme merci à vous Francesco, même si pour vous c'était votre devoir, pour nous tous vous êtes un héros".
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Francesco Morelle, témoin, entendu à la barre
En sortant de l'audience, Francesco est bouleversé. Pour lui, comme pour la mère et les proches d'Emilie également auditionnés ce jour, ressasser les détails de ce terrible évènement est difficile. Non pas en raison d'une mémoire défaillante, bien au contraire : le nordiste se rappelle trop bien des sensations vécues au moment de sauver Emilie. De ses hurlements, de ses blessures.
"Je pense souvent à cette petite fille, presque tous les jours, relate le témoin. Elle va faire partie de ma vie je crois, jusqu'à la fin. Heureusement je n'étais pas tout seul, il y avait aussi ma fille qui a appelé les secours. C'est très dur, surtout quand on a en plus un enfant du même âge."
Je pense souvent à cette petite fille, presque tous les jours, relate le témoin. Elle va faire partie de ma vie je crois, jusqu'à la fin.
Francesco Morel, témoin de l'accident
Faire appel à ces souvenirs est très douloureux pour ce héros du 19 janvier. Les mots de l'avocat général, qui l'a de nouveau félicité pour son acte de bravoure : "Les mots de l'avocat général m'ont touché, les larmes ont coulé. Je fais croire que je suis un dur mais oui, toute cette affaire ça fait très très mal."
Jean-Philippe Caux plaide toujours innocent
Pour rappel, le 19 janvier 2020, Jean-Philippe Caux rentrait chez lui en voiture, accompagné de sa fille, Emilie. Sur une petite route entre Mazingarbe et Grenay, le Nordiste appuie sur l'accélérateur et fonce dans un pylône à 95 km/h. Selon les experts, cette route était pourtant limitée à 30 km/h.
Lors de l'impact, la voiture flambe. Le père d'Emilie avait préalablement dissimulé deux bidons d'essence dans l'habitacle du véhicule, qui s'est embrasé à la première étincelle. Sorti de justesse de véhicule, Jean-Philippe Caux s'en est sorti avec quelques brûlures, contrairement à la fillette de 8 ans, grièvement brûlée, mais survivante de l'accident.
Placée dans un coma artificiel au centre hospitalier de Lille, l'enfant a dû subir une dizaine de greffes de peau. Malgré les multiples opérations, Emilie souffre toujours de larges brûlures sur l'ensemble de son corps et, à 14 ans, demeure entièrement dépendante de sa mère.
En octobre 2022, Jean-Philippe Caux avait écopé de 30 ans de prison, avec une peine de sûreté de 20 ans et le retrait de l'autorité parentale. Un an et demi plus tard, devant la Cour d'appel de Douai, ce père réfute toujours la tentative d'assassinat. Il sera interrogé par la Cour ce jeudi.