TEMOIGNAGES. "Ca fait mal au coeur de tourner la page", barman et animateur, ils changent de métier à cause du Covid-19

La paralysie de certains secteurs professionnels a poussé des travailleurs à se reconvertir, parfois à contre-coeur. C'est le cas de Maxime, barman pendant cinq ans, et Quentin, animateur dans un camping. Pour ces deux Boulonnais, le besoin de stabilité a guidé leur choix.

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Depuis plus d'un an, l'épidémie de Covid-19 rebat les cartes dans bien des secteurs d'activité. Restauration, tourisme, monde de la nuit... La paralysie actuelle de ces milieux professionnels laisse de nombreux travailleurs sur le carreau, ou dans l'incertitude, et pousse à la reconversion professionnelle. Maxime, 27 ans, et Quentin, 28 ans, originaires de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ont décidé de changer de métier, à "contre-coeur". Ils témoignent.

  • Maxime Telliez, 27 ans, de barman à vendeur Conforama

Au mois de mars 2020, Maxime Telliez était sur le point de racheter un bar du centre-ville de Boulogne-sur-Mer. Un projet mûrit depuis plusieurs années que le jeune homme rêvait de réaliser. Il avait récolté les fonds et s'appuyait sur cinq ans d'expériences derrière les comptoirs de bars ou de discothèque. Mais la pandémie de Covid-19 a tout fait valser.

Alors qu'il s'est accroché à l'espoir d'un retour à la normale après le premier confinement, le barman de 27 ans a jeté l'éponge à l'annonce du reconfinement d'octobre 2020. Il renonce à acheter l'établissement. "Dans ma tête, je me suis dit "on ne s'en sortira jamais", et on n'est pas à l'abri d'un troisième confinement", raconte Maxime Telliez. L'avenir lui donnera raison.

"Ce métier de barman, je l'aimais bien..., livre-t-il avec regret. Mais je voulais me rediriger vers un métier plus sûr." Après avoir mis un terme à son contrat qu'il avait dans un café du centre-ville, il s'est mis à chercher un nouveau job.

"Je voulais un CDI pour m'assurer une suite dans la vie, car j'ai aussi des projets personnels, comme l'achat d'une maison. Mais ça fait quand même mal au cœur de tourner cette page."

Maxime Telliez, 27 ans, ex barman.

Diplômé d'un BTS en négociation et relations client, Maxime Telliez vise un poste de vendeur.  partir du mois de décembre, j'ai distribué des CV dans les grandes enseignes", explique-t-il. Conforama a répondu favorablement. En mai, il doit signer un CDI.

"Je voulais ce CDI pour m'assurer une suite dans la vie, raconte-t-il. Car j'ai aussi des projets personnels, comme l'achat d'une maison." Et de conclure : "Mais ça fait quand même mal au coeur de tourner cette page."

  • Quentin Ducloy, 28 ans, d'animateur en camping à ouvrier à l'usine

Cela faisait dix ans que Quentin Ducloy vit au rythme effréné d'un saisonnier. L'été dans les campings, l'hiver dans les stations de ski. "J'anime des karaokés, des soirées dansantes, des sessions d'aquagym... J'adore ça, je kiffe ça." Sauf que le Covid-19 a mis un grand coup d'arrêt à son activité et rend incertain son avenir.

En un an, le jeune Boulonnais de 28 ans n'a exercé son métier de responsable d'animation que durant trois mois. "Ça fait réfléchir, lâche-t-il. Saisonnier quand tout va bien, c'est super, mais là..."

S'il espère faire au moins une saison d'été dans son camping des Landes, le jeune homme pense sérieusement à changer de métier en janvier 2022. Dans quel domaine ? "Aucune idée, répond-il. Je verrai pour faire des formations avec Pôle emploi, peut-être comme vendeur." Avec un objectif au bout : "assurer un CDI."

"Castex a annoncé le jeudi qu'il ne rouvrirait pas les stations de ski, le lundi suivant j'étais à l'usine. C'était dur, mais c'était une bonne expérience humaine."

Quentin Ducloy, 28 ans, animateur saisonnier.

Privé de revenu durant une grande partie de l'année, en dehors de la saison estivale 2020, Quentin Ducloy a dû pousser les portes des agences intérim au mois de janvier 2021. "Castex a annoncé le jeudi qu'il ne rouvrirait pas les stations de ski, le lundi suivant j'étais à l'usine", raconte-t-il. Durant près de deux mois, il se retrouve à ôter la tête de saumons à la chaîne : "c'était dur, mais c'était une bonne expérience humaine."

Aujourd'hui, Quentin Ducloy est employé par son camping, situé dans les Landes, pour faire du ménage dans les mobil-homes. "Je me retrouve à nettoyer des assiettes alors que je devrais être en train de donner des cours de sport", souffle-t-il.

À partir de ce lundi 3 mai, début du déconfinement, les campings pourront accueillir des clients de toute la France. L'occasion pour Quentin Ducloy de retrouver son rôle d'animateur et d'organiser des karaokés ou des soirées discos. Une dernière danse avant de quitter ce métier ?

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