À Calais, cinq Érythréens, aidés de l'association Utopia 56, ont déposé plainte pour violences contre une compagnie de CRS. Le procureur de Boulogne a été saisi et a confié l'enquête à l'IGPN.
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"Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des migrants. Nous sommes des innocents qui essayons d'aller en Angleterre", rappellent ces cinq Érythréens dans une lettre ouverte diffusée par l'association Utopia 56 Calais ce mardi 14 avril. Ils ont décidé de déposer plainte pour des violences policières qu'ils disent avoir subies. Une enquête est ouverte par l'IGPN, la police des polices.La plainte déposée vise une compagnie de CRS "et leurs actions impulsives et agressives à notre égard", selon les cinq Érythréens. "Ils ne nous considèrent pas comme des êtres humains. Ils nous insultent de noms tels que monkey (singe), bitch (salope), [...]"
De la violence verbale, les CRS de cette compagnie seraient passés à la violence physique : "depuis quelques semaines, ils ont commencé à menacer nos vies en nous battant dès que l'occasion se présentait à eux. [...] Ils accélèrent dans leurs véhicules en roulant dans notre direction, comme s'ils voulaient nous écraser. Ils ont également emmené des gens avec eux dans des endroits éloignés de Calais, et les ont frappés jusqu'à ce qu'ils perdent connaissance."
Du 26 au 31 mars, huit actes de violence sont dénoncés par les Érythréens
En tout, du 26 au 31 mars, ce sont sept faits qui sont reprochés à cette compagnie, un huitième ne lui étant pas attribué avec certitude. À chaque fois, les Érythréens dénoncent "
un passage à tabac", menant jusqu'à la "
quasi inconscience" de l'un d'entre eux le 31 mars 2020. "
À ce moment, ils nous ont demandé d'agir, car ils avaient peur qu'ils tuent quelqu'un", explique Léa Njeim, chargée de communication pour l'association Utopia 56 Calais. "
On a averti la préfecture qui nous a alors signalé le départ de la compagnie de CRS de Calais". L'institution a confirmé l'ouverture "
d'une enquête administrative interne demandée par le préfet", comme c'est le cas "
à chaque signalement de ce genre".
Une enquête ouverte par l'IGPN, la police des polices
Cette plainte est une "
première depuis longtemps" selon Léa Njeim. "
C'est rare d'arriver à vraiment déposer plainte car le suivi est difficile : ils vivent à la rue, il faut pouvoir se poser, écrire leurs témoignages, les traduire. Mais, surtout, il y a la peur des représailles et leur méconnaissance du système juridique français", liste-t-elle. Cette fois a été différente du fait de "
l'ampleur et du ciblage qui était assez remarquable", souligne Léa Njeim. "
C'est monnaie courante que tous les deux jours, il y ait des démantèlements, des tentes déchirées, la police qui urine dans les tentes, sur la nourriture" dénonce-t-elle. "
Une personne nous a même envoyé une photo de son visage brûlé au gaz lacrymogène, à la suite d'une réaction allergique. Malheureusement, on a perdu contact avec elle, car elle n'avait plus de batterie. Pendant le confinement, recharger son téléphone est devenu beaucoup plus difficile."Le procureur de Boulogne, saisi, a confié l'enquête à l'IGPN. "
Ils vont reprendre toute l'histoire pour enquêter et procéder à des auditions voire à des gardes à vue, mais pour l'instant, je n'ai pas d'informations supplémentaires."