"Souvent c'est un sentiment de honte, on n'en parle pas" : la ville de Calais se mobilise contre l'illettrisme

11% de la population est en situation d'illettrisme dans les Hauts-de-France. Pour endiguer le phénomène, la Ville de Calais prend le problème à bras-le-corps pendant les journées nationales de lutte contre l'illettrisme, mais aussi le reste de l'année.

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D'après le dernier rapport publié par l'INSEE, "en 2022, un adulte sur dix rencontre des difficultés à l'écrit". Et parmi ceux qui ont débuté leur scolarité en France, "4% sont en situation d'illettrisme."

Face à ce constat, la Ville de Calais est engagée depuis 2020 dans la lutte contre ce fléau. Dans le cadre des journées nationales d'action contre l'illettrisme, qui ont lieu du 8 au 15 septembre 2024, elle organise pour la troisième année consécutive des animations pour venir en aide à ceux qui en souffrent, et leur proposer un accompagnement.

"Illettrisme, en parler pour avancer"

Les 10, 11 et 12 septembre, des activités ont été proposées dans les trois centres sociaux de la ville. Abordant tous les aspects du quotidien comme les démarches administratives, la parentalité, le numérique, l'apprentissage mais aussi l'insertion, l'initiative souhaitait aborder cette question d'un point de vue ludique centré sur l'échange.

"On veut être dans l'interaction, dans la relation avec les usagers" explique Isabelle Lefebure, coordinatrice illettrisme à la Ville de Calais. "On a vraiment souhaité emballer cela sous l'angle global du quotidien des gens." 

Parce que l'illettrisme peut être un "cauchemar" pour prendre le bus, lire un plan, effectuer une démarche en ligne, mais aussi postuler à une offre d'emploi, avec cette initiative Calais espère rendre leur autonomie aux personnes concernées. "C'est aussi une question de sécurité" ajoute Isabelle Lefebure. "Un adulte qui ne sait pas lire une notice de médicament, c'est très grave."

Pour ce faire, les équipes de la mairie peuvent compter sur une quarantaine d'acteurs comme la CPAM, la CAF, le CCAS ou encore la Banque de France pour mettre en place cet accompagnement. "On espère que cela ne soit plus un tabou. Notre leitmotiv : l'Illetrisme, en parler pour avancer."

Pendant ces trois jours, les personnes qui ressentent des difficultés à l'écrit et dans la lecture sont bien évidemment invitées à se rapprocher des différents acteurs présents sur place pour obtenir des conseils et/ou un accompagnement, voire même une offre de formation. Mais pas que, tout le monde est le bienvenu.

Ce sont des gens qui a un moment de leur vie ont eu un accident de parcours.

Isabelle Lefebure

"À cette occasion on accueille des gens concernés, des voisins, des parents qui connaissent des gens en situation d'illettrisme pour qu'ils nous donnent leurs coordonnées. C'est un gros travail de bouche à oreille", explique Isabelle Lefebure. "Quand les personnes sont repérées, on peut leur proposer de saisir la Coopérative des Solutions, et en fonction d'où elles en sont, on leur propose de partir en formation" poursuit Gaëlle Maubert, directrice du centre social Matisse de Calais.

Parce qu'au-delà des difficultés qui entachent le quotidien, l'illettrisme c'est aussi des clichés. "On dit qu'ils sont moins doués que les autres moins intelligents. Mais c'est faux" rappelle-t-elle. "Ce sont des gens qui a un moment de leur vie ont eu un accident de parcours. Souvent c'est un sentiment de honte, on n'en parle pas. C'est pourquoi c'est important d'aider ceux qui en ont envie.

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"Ce n'est pas qu'au mois de septembre que l'on fait des choses pour l'illettrisme à Calais"

Cette Coopérative des Solutions a été créée en 2020 à Calais, "il s’agit d’une démarche d’accompagnement pour co-créer une solution locale de prévention ou de lutte contre l’illettrisme en associant tous les acteurs concernés y compris les personnes en situation d’illettrisme", peut-on lire sur le site de l'Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme. À Calais, 420 personnes y ont été formées au repérage de l'illettrisme.

Ce n'est donc, pas peu fière, qu'Isabelle Lefebure raconte que Calais est une ville motrice sur la question. "L'année dernière, on a eu la chance d'accueillir deux témoins nationaux : Kendji Girac et Aline Le Guluch, pour montrer aux Calaisiens que des stars nationales étaient en situation d'illettrisme, pour leur montrer que tout est possible." Alors quand elle est appelée dans d'autres territoires pour partager ses solutions de formation à destination des professionnels au sujet de l'illettrisme, elle est d'autant plus fière. "C'est une reconnaissance de notre démarche, on est super content."

► Lire aussi : "L'illettrisme n’est pas une fatalité" : adultes, ils réapprennent à lire, écrire et compter

Ainsi le travail fourni lors de ces journées nationales d'action contre l'illettrisme se poursuit toute l'année. "À Calais, ce n'est pas qu'au mois de septembre qu'on fait des choses pour l'illettrisme. On a à cœur de lire des histoires aux enfants pour qu'ils baignent dans un bain de langage, et à la moindre difficulté on les oriente vers un professionnel compétent" détaille-t-elle aux sujets des plus petits calaisiens.

Et pour les adultes qui souhaiteraient se tourner de nouveau vers la formation, ou obtenir de l'aide, un accompagnement est également possible. Pour ce faire, il est possible de se rapprocher la Coopérative des Solutions de Calais au 06.74.91.91.25 ou par courriel : cooperativedessolutionscalais@mairie-calais.fr

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