Actuels ministres du gouvernement d'Elisabeth Borne, anciens candidats à la présidentielle, figures politiques nationales ayant marqué la précédente législation... Qui sont les personnalités candidates aux législatives dans les Hauts-de-France ?
Ils sont actuellement ministres, présidents ou présidentes de partis ou tout simplement très médiatique et ont occupé une place prépondérante lors de la dernière législature, voire ils jouent leur avenir politique.
Dans les Hauts-de-France, nous avons sélectionné huit candidats à la députation dont l'enjeu dépasse très largement les frontières de la région.
Marine Le Pen (RN) obtient plus de 50% des suffrages exprimés mais doit aller au second tour
À Hénin-Beaumont, une question était sur toutes les lèvres : Marine Le Pen va-t-elle pouvoir se passer du second tour pour devenir députée ? Dans sa circonscription, l’ex-candidate malheureuse à la présidentielle avait récolté 45,15% des voix le 10 avril dernier, au soir du premier tour du scrutin national.
Avec 53,96% des suffrages exprimés, la candidate du RN a explosé son score par rapport à 2017 mais doit quand même passer par le second tour. En cause, la règle des 25% des inscrits que nous vous expliquons dans cet article.
Face à la candidate RN, une autre Marine comptait bien créer la surprise en portant les couleurs de la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale.
Marine Tondelier, conseillère régionale écologiste dans les Hauts-de-France, a récolté 23,43% des suffrages exprimés et s'est donc qualifiée au second tour.
Au total, neuf candidats s'affrontaient dans cette circonscription.
François Ruffin (Nupes) conforté dans sa circonscription
Les électeurs de la 1ère de la Somme ont décidé de renouveler leur confiance au député sortant François Ruffin, investi par la Nupes. Il se place largement en tête de ce premier tour avec 40,09% des suffrages, loin devant le Rassemblement national qui obtient un score de 22,58%.
Devenu le trublion de l'Assemblée nationale au fil de son mandat en multipliant les coups d'éclat médiatique, François Ruffin est devenu un symbole de la gauche des insoumis. Il réalise ce soir un exploit, dans une circonscription qui avait placé Marine le Pen en tête du premier tour de la présidentielle, loin devant Jean-Luc Mélenchon.
Adrien Quatennens (NUPES), raz-de-marée à Lille mais l'abstention le contraint à un second tour
Il est incontestablement l’une des figures qui a marqué la précédente législature à l’Assemblée Nationale. Adrien Quatennens, présenté comme le numéro 2 de la France Insoumise derrière Jean-Luc Mélenchon, s’est forgé une stature nationale au fil des ans.
Avec 52,05% des suffrages exprimés, le député sortant n’est toutefois pas élu dès le premier tour. En effet, la loi impose à un candidat d’obtenir au moins 25% des voix des électeurs inscrits pour se passer du second tour. Or, dans cette circonscription qui compte 61 729 inscrits sur les listes électorales, il lui aurait fallu engranger 16 056 bulletins de vote, mais il n’en a récolté "que" 15 000. "C’est une nouvelle fois une abstention record qui s’est jouée ce jour et qui, ici, dans la 1ère circonscription du Nord, nous fait manquer l’élection dès le soir du premier tour", a déclaré Adrien Quatennens aux militants réunis devant son QG dans le quartier Moulins à Lille.
C’est une nouvelle fois une abstention record qui s’est jouée ce jour et qui, ici, dans la 1ère circonscription du Nord, nous fait manquer l’élection dès le soir du premier tour.
Adrien Quatennens, candidat NUPES dans la 1ère circonscription du Nord
En 2017, il avait remporté la bataille dans la 1ère circonscription du Nord face au candidat En Marche ! avec à peine 50 voix d’avance. Élu pour la première fois à l’Assemblée nationale à l’âge de 27 ans, il a été l’un des fers de lance du rassemblement de la gauche sous la bannière de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES).
Adrien Quatennens affrontera Vanessa Duhamel, conseillère municipale d’opposition et membre du MODEM, dimanche 19 juin prochain. Avec 6 071 voix, elle a récolté 21,07% des suffrages exprimés.
Gérald Darmanin (Ensemble !), candidat en terrain conquis à Tourcoing
Dans la 10ème circonscription du Nord comprenant Tourcoing, les candidats opposés à l’actuel ministre de l’Intérieur voulaient en faire un vote pour ou contre la politique d’Emmanuel Macron. Car le président a été clair : si l’un de ses ministres est battu lors des élections législatives, il devra démissionner.
Gérald Darmanin en était bien conscient et avait réussi à mettre les militants des Républicains dans sa poche en choisissant le député sortant comme suppléant. Il y a cinq ans, Vincent Ledoux - alors candidat Les Républicains - l’avait emporté. Il s'était finalement rangé derrière la majorité présidentielle avec un objectif : devenir député si le binôme l’emporte, car le ministre de l'Intérieur conservera son poste au gouvernement.
Au soir du premier tour des législatives, Gérald Darmanin est arrivé largement en tête avec près de 40% des suffrages exprimés.
Face au ministre, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale a investi Leslie Mortreux. Originaire du Douaisis elle est militante à Révolution écologique pour le vivant, le parti créé par Aymeric Caron. Elle sera opposée au ministre de l'Intérieur au second tour. Au total, dix candidats se présentaient dans la circonscription.
Brigitte Bourguignon (Ensemble !), une ministre en danger à Desvres ?
Elle aussi jouait clairement son avenir dans le gouvernement d’Elisabeth Borne. L’actuelle ministre de la Santé est candidate à sa réélection dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, vaste territoire rural comprenant notamment les communes de Desvres et Lumbres. Ancienne membre du Parti Socialiste, elle dit représenter l’aile gauche du parti d’Emmanuel Macron.
Avec 32,1% des suffrages exprimés, elle s'est hissée en tête au soir du second tour. Elle affrontera dimanche 19 juin prochain la candidate du Rassemblement national. Christine Engrand, représentante du parti d'extrême droite, a obtenu 30,26% des voix et espère renverser l’actuelle ministre. Au total, onze candidats étaient sur la ligne de départ dans cette circonscription.
Il y a à peine un an, les électeurs de la circonscription avaient déjà été appelés aux urnes lors d’une élection législative partielle. Alors ministre de l’Autonomie, elle avait laissé sa place à son suppléant qui avait démissionné, d’où l’organisation d’un nouveau scrutin.
Avec 62,05% des voix, Brigitte Bourguignon s’était imposée face à la candidate du Rassemblement National Marie-Christine Bourgeois, qui n’avait recueilli que 37,95%.
Fabien Roussel (NUPES) en tête au soir du premier tour à Saint-Amand-les-Eaux
Il a fièrement porté les couleurs du Parti Communiste Français lors de la dernière présidentielle. Arrivé en 8ème position avec 2,28% des suffrages exprimés, le secrétaire fédéral du parti et député de la 20ème circonscription du Nord est candidat à sa réélection.
Avec 34,13% des suffrages exprimés au soir du premier tour des législatives, Fabien Roussel est arrivé en tête devant le candidat du Rassemblement national. Guillaume Florquin occupe la deuxième place avec 32,64% des voix. Les deux hommes s'affronteront donc dimanche 19 juin prochain pour le second tour.
Delphine Alexandre, candidate de la majorité présidentielle, est arrivée en troisième position avec 14,69% des suffrages exprimés, soit un peu plus de 5% des inscrits. Elle ne se qualifie donc pas au second tour.
Élu en 2017, il avait succédé au communiste Alain Bocquet en obtenant 63,88% des voix face au candidat FN. Quasi-inconnu du grand public il y a cinq ans, il a gagné une aura nationale avec son slogan des "jours heureux" lors du scrutin d’avril dernier.
Représentant de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) dans la circonscription de Saint-Amand-les-Eaux, Fabien Roussel espère conserver son siège pour rempiler cinq ans de plus.
Au soir du premier tour de la présidentielle, il avait certes obtenu 12,41% des suffrages exprimés – soit près de 10 points de plus qu’à l’échelle nationale – mais il avait été devancé par Marine Le Pen et ses 36,94%.
Barbara Pompili (Ensemble !) mise en difficulté par la France insoumise
Elle passe au second tour, mais c'est loin d'être une franche réussite. L'ex-ministre de la Transition écologique, symbole du camp Macron, récolte 4 000 voix de moins qu'en 2017. Avec un score de 29,84%, elle n'arrive qu'en deuxième position, devancée d'une très courte tête par la candidate de la Nupes Zahia Hamdane, qui obtient 29,98%... Soit seulement 51 voix d'écart.
À noter tout de même que c'est une belle performance pour la France Insoumise, qui double ses voix par rapport à 2017. Difficile de dire s'il s'agit d'un vote d'adhésion aux idées de l'Insoumise, d'un bénéfice tirée de l'union de la gauche, ou d'un vote punitif pour le précédent gouvernement, incarné par Barbara Pompili. Pour assurer sa réélection, la candidate du parti présidentiel devra convaincre les électeurs de l'UDI et des Républicains, qui représentent 13% des suffrages. La grande inconnue reste celle du report des voix du Rassemblement national qui a obtenu 14% des voix... une réserve de voix loin d'être acquise pour l'ancienne ministre.
Éric Woerth (Ensemble !), conforté malgré son ralliement au camp présidentiel
Les électeurs de la 4ème circonscription de l'Oise ont choisi de renouveler leur confiance à l'homme plutôt qu'au parti. Éric Woerth, député de la droite traditionnelle depuis 20 ans, s'est présenté cette année sous la bannière Ensemble !. Une stratégie qui a été payante puisqu'il arrive en tête avec 27% des voix et se qualifie ainsi au second tour, au détriment de son ami Arnaud Dumontier, investi par Les Républicains, qui est éliminé.
Mais tout n'est pas joué pour l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy : il devra affronter la candidate du Rassemblement national Audrey Havez, qui a obtenu 24,15% des voix. Les voix obtenues par Les Républicains pourraient donc être décisives pour le résultat du second tour. Se reporteront-elles plutôt vers Éric Woerth malgré son ralliement à Emmanuel Macron, ou iront-elle au Rassemblement national ? L'entre-deux-tours risque bien d'être une vaste opération séduction envers les électeurs de droite.