Hesdin : Stéphane Sieczkowski-Samier, jeune maire très contesté, proche de la sortie ?

Mise en examen, accusations de mauvaise gestion, inéligibilité : à Hesdin, Stéphane Sieczkowski-Samier, l'un des plus jeunes maires de France, multiplie les frasques. Lâché par sa majorité, l'édile pourrait même, fait rare, prochainement perdre ses délégations.

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Les opposants au jeune maire d'Hesdin Stéphane Sieczkowski-Samier devraient prochainement saisir le tribunal administratif en référé, pour faire retirer ses délégations au premier magistrat, qui multiplie les frasques depuis le début de son mandat en 2014.

Dans une lettre recommandée datée du 17 décembre, l'opposition, désormais majoritaire, avait demandé au maire la tenue d'un conseil municipal avec, à l'ordre du jour, "le retrait des délégations accordées au maire".

Avec 14 arguments à l'appui : "aucune transparence dans le budget et la gestion de la commune", "aucune visibilité sur les dépenses",  "dépenses inconsidérées", "dépenses à caractère personnel" -dont "pistolet, costume, pressing, restaurants"-,  "abus de pouvoir", entre autres. Un premier coup de semonce des élus de l'opposition, que Stéphane Sieczkowski-Samier avait balayé d'un revers de main début janvier.
 



"Petit Sarko"


Surnommé le "petit Sarko", dont il est un fervent admirateur, le fringant jeune homme avait pourtant créé la surprise en étant élu en 2014, à 22 ans, sous l'étiquette divers droite et avec le soutien, alors, du député LR Daniel Fasquelle.

Beaucoup y voyaient un "espoir" pour cette petite ville de 2.200 habitants, ancienne cité prospère du Pas-de-Calais située à une quarantaine de kilomètres du Touquet. 

Une campagne électorale "à l'américaine", un homme "jeune", "dynamique"... "J'étais ébloui, je me suis dit, +ce gars ira loin+", admet Matthieu Demoncheaux, fondateur de l'association "Les amis d'Hesdin", créée pour "redorer l'image de la ville". A présent, il lâche : "La situation est déplorable, c'est un gâchis".

Au sein de la petite mairie, sur la place pavée du centre-ville, M. Sieczkowski-Samier a "planté l'ambiance" dès son installation, relate un salarié qui souhaite garder l'anonymat : "il a convoqué le personnel et nous a traités de +fainéants+, de +bons à rien+. Il nous a dit: +Maintenant, je vais vous apprendre à travailler+".


Inéligible pour trois ans


Côté judiciaire, M. Sieczkowski-Samier est visé par plusieurs enquêtes : détournement de fonds publics, acquisition d'armes de troisième catégorie, prise illégale d'intérêt et complicité de faux et usage de faux en écriture publique.

Dans cette dernière affaire, le maire a été mis en examen, tout comme sa mère, conseillère municipale, et l'ancien chef de la police municipale.

L'édile est soupçonné d'avoir envoyé en avril 2016 en sous-préfecture une fausse délibération du conseil municipal qui décidait de confier la gestion des logements communaux à l'agence immobilière Orpi, appartenant à... la mère du jeune élu.

Il est par ailleurs soupçonné d'avoir acheté avec l'argent de la mairie deux revolvers soft gomm pour une raison inconnue, la police municipale n'étant pas habilitée à les porter. 
 
Une autre enquête, ouverte pour "achat de voix", a été classée sans suite, affirme le parquet de Boulogne-sur-Mer.

Autre incartade: le 10 juin, il a écopé d'une amende de 135 euros pour avoir roulé sans casque sur un quad conduit par la Miss France d'alors, Maëva Coucke.
 
Un mois plus tôt, l'édile avait été déclaré inéligible pour trois ans par le Conseil constitutionnel à cause du rejet de ses comptes de campagne lors des législatives de 2017.


"Dépenses inconsidérées"


Au sein du conseil municipal, seules quatre personnes le soutiennent encore, dont sa mère, Christiane Samier, sur treize au départ. "Dès qu'il a été élu, il nous a fait comprendre que c'était lui le chef et qu'on n'avait plus qu'à le suivre comme des moutons de Panurge. C'était hors de question !", souffle un ex-membre de la majorité. 
  
Contactés, l'édile et ses quatre derniers soutiens n'ont pas donné suite aux questions liées au recours à venir de l'opposition devant le tribunal administratif. "Ils veulent m'épuiser mais ils seront épuisés bien avant moi", affirme le maire de 26 ans, étudiant en droit, dans une interview publiée sur le site de la mairie.

"Au début, les gens lui ont pardonné beaucoup de choses, en raison de sa jeunesse", mais "il est mégalo, malhonnête et inconscient", vilipende un élu local. Et de poursuivre : "il y a chez lui une confusion totale des intérêts publics et privés (...) On pense parfois que les jeunes et le +monde nouveau+ vont changer les pratiques. Ce n'est pas forcément le cas !"



 
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