Chaque jeudi soir, à Lens, les "Robins des rues" aident les plus démunis en distribuant des paniers alimentaires. Avec l’inflation, la demande d’aide a explosé et l’association a vu le nombre de bénéficiaires multiplié par quatre depuis sa création en 2021.
À Lens, comme chaque jeudi à 18h, sur le parvis de l’église Saint Léger, les "Robins des rues" sont au rendez-vous pour la distribution de nourriture. Pendant que les bénévoles s’installent, près de quatre-vingts personnes discutent et se réchauffent autour d’un café, éclairées par les lumières de la ville. Parmi eux, Kevin qui ne réussit pas à vivre de son allocation adulte handicapé : "Je n’ai que cinquante euros par semaine pour faire mes courses, si je ne venais pas ici, je n’en aurais pas assez pour toute la semaine".
Marine, elle, vit dans un logement mal isolé. Avec le prix de l’énergie qui s’est envolé, elle doit choisir entre payer ses factures et faire ses courses : "Même si je me chauffe très peu, tout mon argent passe dans l’électricité." En plus de venir chercher de l’aide alimentaire, elle trouve aussi dans ces rendez-vous du réconfort auprès des autres bénéficiaires : "Parler entre nous, évacuer le stress, avoir un sourire, un partage, ne pas penser à la galère de la nourriture qu’on n’a pas. C’est important" se confie-t-elle.
Avec l’inflation, l’association a vu le nombre de ses bénéficiaires multipliés par quatre depuis sa création, il y a trois ans. Une situation qui inquiète les bénévoles de l’association. "On n’y arrive plus, on a commencé on avait vingt, trente personnes, ça allait. Maintenant, on a même des gens qui viennent du Resto du cœur, parce qu’il n’arrive plus non plus à subvenir aux besoins, du coup les gens viennent ici", se désole la fondatrice Jamila Idri.
Pour alimenter les distributions, les Robins des rues ont mis en place une logistique bien rodée. Dès l’aube, les bénévoles se rendent à la banque alimentaire pour charger leur camionnette de palettes entières de produits sucrés et salés issus des surplus des industries agroalimentaires. Dans le Pas-de-Calais, elles sont 118 associations à venir s’y approvisionner. Et ce chiffre ne fait qu’augmenter. "Pas plus tard, qu’hier, j’ai eu quatre demandes d’associations qui veulent se créer dans le secteur de Lens." explique Micheline Thumerelle, présidente de la banque alimentaire de Carvin.
Près de huit kilos de denrées par bénéficiaire
Cette première collecte de l’année a permis de récupérer 425kg de denrées. Elle sera complétée grâce aux dons d’un deuxième partenaire. Un hypermarché de Loison-sous-Lens donne régulièrement ses invendus à l’association, six caddies complets, ce jour-là. Les bénévoles peuvent compter aussi sur la générosité de quelques petits commerçants, qui fournissent chaque jeudi une vingtaine de plats chauds, confectionnés spécialement. "C’est presque une famille qui est en train de se construire, une famille de solidarité", s’émeut Philippe Marem, président des Robins des rues, en chargeant la marchandise.
Grâce à cette collecte, chaque bénéficiaire présent sur le parvis de l’église Saint Léger repart avec sept à huit kilos de nourriture. Et ils pourront compter chaque jeudi sur la présence de l’association pour la distribution hebdomadaire.