L'Ufap-Unsa, syndicat majoritaire chez les gardiens, a accepté de signer l'accord présenté par la chancellerie. La CGT et FO refusent, mais le mouvement s'est affaibli vendredi.
La ministre de la Justice a annoncé vendredi l'application "rapide" du protocole d'accord signé par le principal syndicat de surveillants et appelé les personnels à reprendre le travail, espérant une sortie du conflit qui bloque les prisons françaises depuis douze jours.
Nicole Belloubet s'est félicitée de la signature par l'Ufap-Unsa d'un accord qui "permettra de mettre en oeuvre des mesures concrètes pour améliorer la sécurité des agents en détention, accélérer les recrutements et renforcer les dispositifs indemnitaires", dans un communiqué, où elle promet que "ces mesures entreront rapidement en vigueur".
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— Nicole Belloubet (@NBelloubet) 26 janvier 2018
Alors que les deux autres syndicats représentatifs, FO et la CGT, ont rejeté cet accord , l'Ufap-Unsa a annoncé avoir pris ses "responsabilités". Le premier syndicat de la pénitentiaire avec 40% aux élections juge que le texte "traduit une volonté de changer le fonctionnement des prisons devenues de véritables coupe-gorge et zones de non droit".
"La sécurité était l'engagement premier de ce mouvement lancé suite à la tentative d'assassinat de surveillants" par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil le 11 janvier, a souligné son secrétaire général, Jean-François Forget, sur BFM-TV.
Montée en première ligne après une série de négociations aussi houleuses qu'infructueuses, Nicole Belloubet a présenté jeudi aux trois grands syndicats un projet d'accord censé répondre à la colère des 28.000 surveillants.
Le texte comprend notamment des mesures pour améliorer la gestion des détenus radicalisés, renforcer la sécurité des agents (gilets pare-balles, menottes...), la création de 1.100 emplois supplémentaires et une enveloppe de plus de 30 millions d'euros pour des indemnités, soit une augmentation globale de 1.150 euros par agent par an.
Le jour même, la CGT (15%) et FO (30%) ont annoncé qu'elles ne signeraient pas le document, déplorant l'absence de propositions sur l'évolution statutaire des personnels de la catégorie C à B de la fonction publique. Parlant de "Pur scandale", de "haute trahison", d'"accord minoritaire": les deux syndicats ne mâchaient pas leurs mots pour qualifier l'engagement de l'Ufap et promettaient de "maintenir la pression".
Sur le terrain, le mouvement, très suivi cette semaine, a semblé faiblir vendredi, avec 62 établissements sur 188 touchés à des degrés divers (contre 116 jeudi), selon les chiffres de la Direction de l'administration pénitentiaire.
Les surveillants, engagés depuis deux semaines pour exiger "un minimum de reconnaissance" alors qu'ils "risquent leur vie pour 1.500 euros", restaient très mobilisés à Marseille, Meaux, Réau, Besançon, Lille-Sequedin, Strasbourg, Avignon et Borgo, où deux gardiens ont été grièvement blessés par un détenu radicalisé la semaine dernière.