Le climat social est déjà tendu. Depuis deux mois, les pompiers sont en grève. C’est dans ce contexte que le président du SDIS de l’Aisne alerte sur les dérives et menace de ne plus assurer les carences d'ambulances privées.
Des pompiers sursollicités, qui n’en peuvent plus de jouer les brancardiers. Chaque année, les sapeurs-pompiers se substituent de plus en plus aux ambulances privées du département, très vite surchargées. "Dans la plupart des cas - 80% - ces interventions ne nécessitent pas la présence de nos agents. C’est du simple transport sanitaire", pointe Pierre-Jean Verzelen, président du Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS) de l’Aisne.
Le nombre de ces interventions a triplé en cinq ans. Il est passé de moins de 3 000, à plus de 9 000 interventions. Un coût important dans le budget : 3 millions d’euros, sur un budget de 44 millions d’euros, soit 6 à 7%.
Une intervention en carence d’ambulance coûte entre 800 et 900 euros au SDIS. Elle leur est indemnisée à un forfait, fixé nationalement à 121€.
"Pas de moyen de se faire entendre"
Faute d'une augmentation des moyens, pour se faire entendre, Pierre-Jean Verzelen menace de ne plus assurer ces interventions : "On demande une meilleure valorisation, ou alors on arrête complètement et on se concentre sur notre véritable mission. Ce sont des méthodes de mauvais garçon mais on a l’impression qu’il n’y a pas moyen de se faire entendre".Des pompiers qui ont l’impression de perdre leur mission première, liée à la gestion des situations d'urgence. "Un beau jour, s’il y a un vrai accident ou un gros incendie, on ne sera pas en capacité d’intervenir. Notre métier a changé, on compense le manque de moyens chronique du système hospitalier".
Pierre-Jean Verzelen laisse au gouvernement jusqu’au 31 octobre pour trouver une solution. Il espère une mise en place d’un nouveau système, pour début 2020.
À ces carences des ambulances privées s’ajoutent aussi les interventions qu’effectuent les sapeurs-pompiers pour le compte des Services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR). Une facture forfaitaire de 346 euros par intervention, non payée par les hôpitaux. Chacune de ces interventions sont répertoriées. Un recours au tribunal administratif sera déposé par le SDIS de l'Aisne, afin de réclamer le paiement des factures.
Les autres départements picards également concernés
En 2018, le SDIS de l’Oise avait voté une délibération afin de facturer aux hôpitaux les interventions qui relèvent selon eux du SMUR. Un coût qu’ils estiment à 1,4 millions d’euros. Des hôpitaux avaient attaqué le SDIS au tribunal administratif d’Amiens.L’année dernière, dans la Somme, 5 134 interventions de secours à personnes pour carence de moyens d’ambulanciers privés ont été effectuées. Cela représente près de 12% des interventions.