Depuis jeudi 30 mars, les pêcheurs français sont en grève pour plusieurs raisons : réforme des retraites, inflation et surtout nouvelles réglementations européennes. Au Tréport, de nombreuses poissonneries ont baissé le rideau temporairement. Les restaurants, non approvisionnés, doivent s'adapter.
Au Tréport, à la limite entre la Picardie maritime et la Normandie, la colère des pêcheurs gronde. Depuis jeudi 30 mars, ils sont en grève, les bateaux ne quittent plus le port. Des banderoles sont accrochées aux chalutiers : "Laissez nous travailler", "Marins en colère".
Leurs raisons sont multiples : inflation, réforme des retraites, difficultés à vivre de leur travail. Il y a quelques mois déjà, la hausse du carburant, la diminution des quotas de pêche ainsi que les réglementations liées au Brexit avaient déjà créé des tensions. Mais ce qui crispe surtout les pêcheurs aujourd'hui, c'est la possible restriction des zones de pêche voulue par l'Europe. Soit, une interdiction de la pêche de fond dans les aires marines protégées d'ici 2030.
"J'aimerais pouvoir travailler normalement"
William Devismes, vice-président du comité régional des pêches Normandie, pratique ce métier depuis 43 ans. Du haut de ses 58 ans, il déplore le changement des conditions de travail. "Dites-moi quels jeunes ont envie de partir dans les métiers de la pêche aujourd'hui ? Je parlais avec un directeur d'école dans la marine, et il m'expliquait que ça devenait très difficile de trouver des gens à cause des contraintes".
Un métier qui n'attire plus selon lui à cause des nombreux obstacles pour l'exercer. "On sait gérer la ressource, on s'abstient déjà sur certaines choses pour que la ressource en poissons puisse durer. Je ne vois pas la nécessité de nous infliger des restrictions supplémentaires, il faut nous laisser travailler normalement ", ajoute le pêcheur.
Emmener toute la filière avec eux
Les pêcheurs veulent faire durer la grève et emmener avec eux toute la filière. De leur côté, les commerçants, qui pour certains soutiennent le mouvement, sont aussi impactés. Les restaurateurs spécialisés en poissons et fruits de mer commencent déjà à surveiller leur approvisionnement.
"Forcément, avec l'annonce de la grève, que je comprends très bien, nous sommes aussi concernés, car nous travaillons déjà avec eux et à flux tendu. La carte est réévaluée, on ne peut plus vendre certains produits ou alors on doit se réapprovisionner ailleurs. On a encore un peu de stock, mais l'impact commence à se faire ressentir et ce sera encore plus le cas la semaine prochaine", explique Marc-Antoine Lavoine, patron de deux restaurants.
Les poissonneries, dont les étals sont déjà plus qu'à moitié vide au Tréport baissent le rideau au fur et à mesure de l'arrêt des livraisons. Les fins de stock sont écoulés sur les marchés. Les pêcheurs souhaitent poursuivre le mouvement de grève, qui pourrait se durcir dans les jours à venir.