A quelques jours de la fin des négociations avec les grandes surfaces, les Jeunes Agriculteurs de la Somme ont mené une action coup de poing mercredi soir en déversant des déchets devant les centrales d’achats d’Amiens Nord et de Chaulnes.
Rendez-vous de tracteurs à Amiens dans la nuit du mercredi 24 février au jeudi 25 février, avec un message : "Nos produits ont un prix".
Devant le Auchan de la zone industrielle Nord, une montagne de vieux pneus illustre la colère des agriculteurs de la Somme et fait barrage. À quelques kilomètres de là, un autre groupe déversent déchets et pailles devant une centrale d’achat de Chaulnes. Objectif : bloquer la distribution de produits dans les grandes surfaces.
À quelques jours de la fin des négociations commerciales avec les acteurs de la distribution, c’est au tour des agriculteurs de la Somme de se mobiliser pour réclamer une rémunération plus juste. La semaine dernière, les agriculteurs de l'Oise, du Nord et du Pas-de-Calais avaient réalisé des opérations similaires.
Désormais l’heure n’est plus à la méthode douce. Et si de réelles augmentations de salaires ne sont pas promises, les agriculteurs devront frapper encore plus fort. "Si les industriels, les grandes surfaces et les centrales d’achat ne jouent pas le jeu, on va bloquer les sites plus longtemps et il y aura des répercussions dans les rayons" confie Guillaume Clop, président des Jeunes agriculteurs de la Somme. "Si on fait ça pendant 4 jours, les rayons seront vides".
"Nous sommes des vache à lait"
La loi EGAlim était une promesse électorale d’Emmanuel Macron qui visait à rétablir l’équilibre des relations commerciales producteurs-grande distribution, mise en place en 2018. Mais les agriculteurs affirment qu'elle n’est toujours pas correctement appliquée : "Il n’y a pas de gendarme pour le faire" commente Guillaume Clop. Aujourd'hui, ces producteurs s'estiment très mal payés. "+ de 55h par semaine pour gagner – d’un SMIC".
"Pour [les distributeurs], on est des vaches à lait" s’insurge le président des Jeunes Agriculteurs de la Somme. Il regrette une marge trop importante entre le produit acheté aux producteurs et celui vendu en magasin.
L’exemple du lait tombe bien :
1 litre de lait est payé 32 centimes, commercialisé à plus d’1 euro en grande surface.
Une hausse du chiffre d’affaires des distributeurs
Produits "trop chers" selon les particuliers et des salaires trop bas pour les agriculteurs, les deux bouts n’y trouvent plus leur compte. En revanche, "les intermédiaires affichent des bénéfices record aux années précédentes" s’énerve Guillaume Clop.
Dans un communiqué, le syndicat avance un chiffre d'affaires avec une hausse de 3,6 % pour Carrefour en France, soit "sa meilleure performance depuis 20 ans". "Quant à nous agriculteurs, nous devons nous battre pour obtenir 1 centime de l’œuf de poule ou encore 3 centimes sur la brique de lait" poursuit le communiqué. De plus, ils pointent l’importante augmentation des coûts de production "accentuée notamment par la sécheresse de l’été dernier".
D’autres actions pourraient voir le jour d’ici la fin de la semaine. Ce jeudi 25 février, les syndicats des agriculteurs de la Sommes souhaitent sensibiliser les consommateurs en installant des panneaux le long des 5 principaux axes routiers menant à Amiens (Flixecourt, Poulainville, Roye, Poix-de-Picardie et Ailly-sur-Noye).