Classement des villes vertes. Amiens dégringole de cinq places : les raisons d’une chute

Amiens, a récemment été classée 9e ville la plus verte de France par l’Observatoire des villes vertes. C’est la seule ville des Hauts-de-France à y figurer. Une distinction ternie par une chute vertigineuse de cinq places depuis le dernier palmarès en 2020. Quelles sont les raisons d'une telle descente en trois ans ?

Le Parc de la Hotoie, le Parc Saint-Pierre, et surtout les hortillonnages et leurs 300 hectares de jardins sur l'eau. Les espaces verts ne manquent pas à Amiens. Ce qui lui a valu la 9ᵉ place du classement des villes les plus vertes de France. C’est la seule représentante des Hauts-de-France. Une performance à nuancer, car on note un recul significatif depuis 2020, où la ville se tenait fièrement à la 4ᵉ place du classement.

Angers reste à la 1^re place, Rennes prend la 2^e place, gagnant cinq places par rapport à 2020. Enfin, Strasbourg fait une entrée en se hissant directement à la 3ᵉ place.

Quels critères ?

Le classement, établi par des professionnels en urbanisme et en environnement (l'association Hortis et l'Unep), se base sur des critères précis tels que la densité d'espaces verts, la qualité de l'air, les politiques de développement durable, et l'accessibilité aux transports écologiques. À noter que ces données sont auto-déclaratives, fournies par la municipalité.

L'Observatoire des villes vertes, à l'initiative du palmarès, a choisi de récompenser Amiens pour plusieurs raisons "Parmi ses initiatives remarquables, la Petite Venise du Nord a notamment réalisé l’aménagement paysager de son réseau de bus. Ce projet a permis de renaturaliser le paysage urbain. Le projet inclut également la plantation de 1 336 arbres de plus de 7 ans et l’installation de 90 sondes tensiométriques pour une connaissance fine de la quantité d’eau dont les arbres ont besoin" explique l’Observatoire des villes vertes.

Amiens propose 58 m² d’espaces verts par habitant, contre 50 m² en moyenne en France.

Une récompense, mais une lourde chute dans le classement

La ville d’Amiens dédie un budget aux espaces verts de 65 € par habitant et par an, contre 80 € en moyenne. Une diminution importante depuis le dernier palmarès en 2020, où la métropole allouait 104 € par habitant (la moyenne nationale était alors de 76 €).

Une évolution, que la municipalité justifie : "Le dernier classement est tombé l'année où nous finalisions le parcours du BHNS [nldr : bus à haut niveau de service] et l'aménagement urbain et les plantations d'arbres qui vont avec. Mais notre budget global a augmenté et continuera d'augmenter. Il faut regarder le budget "nature" dispatché dans plusieurs lignes différentes. Il n'est pas catalogué spécifiquement espaces verts" explique Bruno bienaimé, adjoint au maire d’Amiens en charge de la transition écologique, de la santé et de la promotion du vélo.

La ville ne cache pas son ambition de vouloir gagner à nouveau des places dans le classement. Et cela passe par des initiatives comme "l'année de l'arbre" en 2024, pour promouvoir la place de l'arbre et de la nature en ville.

Mais l'opposition reste sceptique. Elle soulève des questions sur les politiques environnementales mises en œuvre au cours de ces dernières années. C'est le cas de Thomas Hutin, écologiste d'Amiens et conseiller départemental : "On veut industrialiser la métropole. On peut citer Boréalia, ou la Venise verte à Camon. Il y a toute une réflexion à avoir sur ce que l’on veut pour notre ville. Il faut réfléchir à diminuer la place de la voiture et développer les alternatives".

Des projets d’artificialisation des sols pointés du doigt

"J’attends depuis le début du mandat une politique volontariste sur le sujet. Mais à part l’installation d’une cage à papillon ou d’une prairie éphémère l’été, les Amiénois peinent à voir autre chose que des actions de communication. Le sujet est primordial et là encore, Amiens se fait déclasser. C’est triste." déplore Renaud Deschamps, conseiller municipal d'opposition.

"Amiens aime bien les classements, c’est un outil de communication, mais la réalité, c'est que le budget pour les espaces verts diminue, on urbanise et bitume Amiens sans vision des espaces de vie agréables pour tout le monde", ajoute Thomas Hutin.

L’élu dénonce par exemple la tendance à l’artificialisation des sols, avec notamment deux projets : Borealia 2, projet d’aménagement urbain sur 62 hectares à l’ouest d’Amiens, et la Venise verte, projet de construction d’un immeuble de 15 mètres face au Marais des bœufs à Camon.