Le député (LFI) de la Somme a voté contre la proposition de loi dont il était à l'initiative, visant à revaloriser le travail des agents d'entretien. Il estime que son texte a été vidé de sa substance par la majorité.
"Vous êtes contre votre texte ? Ah d'accord, bien, c'est original", lance Brigitte Bourguignon la présidente (LREM) de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée à François Ruffin lors du vote sur la proposition de loi visant à améliorer les conditions de travail des femmes de ménage.
Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère du député, qui justifie son vote ainsi : "Vous venez de vider complètement le texte ! J'avais deux mesures : c'était de survaloriser les heures tôt le matin et tard le soir, vous l'avez viré. Et c'était que les conditions de salaire à l'intérieur de l'entreprise soient les mêmes que pour les sous-traitants. Vous changez le titre (...) et à la fin, ce serait supposé être mon texte ?"
Il reproche à la majorité, dont la présidente, le rapporteur et deux des vices-présidents sont issus, d'avoir modifié le texte pour que ces points ne soient pas inscrits dans la loi, mais soumis aux négociations entre syndicats et directions des entreprises concernées. "Et vous me dites (...) que je devrais aller dans l'hémicycle pour défendre ce zéro absolu !", poursuit-il.
La proposition de loi a tout de même été adoptée en commission, mais la vidéo de l'échange, postée par François Ruffin, a été retweetée plus de 4 000 fois, partagée près de 8 000 fois sur Facebook et relayée par plusieurs médias.
Bien sûr que je m'énerve ! En Marche vide mon texte sur les femmes de ménage, change son titre, n'en garde rien, et il faudrait que j'approuve cette mascarade ?
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) May 27, 2020
Ils ne changeront jamais. Et elles continueront à se lever à 4h du matin, à travailler 3 heures pour trente euros... pic.twitter.com/ge2lWGeTYq
"Ils ne veulent pas passer de la parole aux actes"
Le député LFI était l'invité du 19/20 de France 3 Hauts-de-France ce mercredi 27 mai.
"Ce n'est pas mon texte, ce ne sont pas juste des virgules qui ont été changées", insiste François Ruffin. Il déplore notamment le retrait d'un article qui donnait aux agents d'entretien des hôpitaux le droit de toucher la "prime covid-19" promise aux personnels hospitaliers (les hommes et femmes de ménages étant souvent employés par des entreprises sous-traitantes, ils ne sont pas à proprement parler des "personnels hospitaliers"). Et rappelle également qu'il souhaitait la revalorisation des heures effectuées entre 18 heures et 9 heures du matin.
"Ce n'est plus du tout le même titre, et plus du tout du tout le même contenu", regrette-t-il. "J'ai pris au mot le président de la République quand il disait que notre pays tenait tout entier sur des femmes et des hommes que notre économie rémunère si mal [...], et bien on a vu qu'ils ne veulent pas passer de la parle aux actes."