L'hiver doux dans les Hauts-de-France empêche l'hibernation des abeilles : "le risque, c’est une surconsommation des réserves dans les ruches et une famine au printemps"

Les températures élevées de cet hiver poussent les abeilles à sortir de la ruche et à puiser dans les réserves de miel alors qu'elles devraient être moins actives en hiver. Un phénomène connu des apiculteurs des Hauts-de-France.

Une quinzaine de degrés et une météo chargée en humidité : "Avec un temps comme ça, les abeilles vont sortir mais il n’y a rien à butiner", prédit Daniel Boidin, apiculteur à Pont-de-Metz, dans la Somme. S’il reconnaît que ce mois de décembre particulièrement doux est tout à fait appréciable en terrasse, le professionnel, lui, est moins enthousiaste. 

L'hiver, une saison sous surveillance

Pour ce propriétaire d’une quarantaine de ruches, la température idéale à cette période de l’année se situe vers les "5°C ou 6°C", soit 10 de moins que ceux affichés au mercredi ce vendredi 31 décembre.

Si les Hauts-de-France ne sont pas une grande région de miel, ils comptaient tout de même plus de 2000 détenteurs de ruches en 2016 dont environ 87 professionnels selon les données de l’APPN, une association de développement de la filière dans la région. 

L’hiver est pour eux une saison de surveillance. "Les abeilles ne sont pas inactives pendant tout l’hiver, explique Hélène Hébert-Fiers, sa présidente, mais elles se grappent dans la ruche et sortent très peu. Elles maintiennent une chaleur pour passer l’hiver."

Avec la température qui est trop douce, les abeilles sont en activité alors qu’elles devraient être en léthargie autour de la reine et ne consommer que très peu de miel.

Daniel Boidin, apiculteur dans la Somme

Une léthargie que la colonie va maintenir grâce à des provisions : environ 15 kg pour passer la saison, estime Daniel Boidin. "Aux alentours de 0°C, elles vont consommer environ 500 grammes de miel sur tout le mois de décembre", assure-t-il, tout en estimant que ce chiffre pourrait être multiplié par quatre sous les températures actuelles. "Le risque, résume le président du Groupement de défense sanitaire des abeilles de la Somme, c’est une surconsommation des réserves et une famine au printemps."

La crainte du gel tardif

D’autant que le début du printemps conjugue une grosse activité dans la ruche et des ressources encore limitée avec une floraison timide. Une ponte continue pendant l’hiver peut favoriser le développement du varroa, un parasite de l’abeille. Dernier aléa enfin : "le développement précoce de la végétation, souligne Hélène Hébert-Fiers. Le risque, c’est que le froid et le gel arrivent derrière et détruisent les bourgeons donc les fleurs. Ça fera des ressources en moins pour nos colonies."

Un scénario "pas rare ces dernières années" et qui s’est encore réalisé en 2021 - privant notamment les amateurs de miel d’acacia. D’où "une vigilance supplémentaire" pour cette productrice du Dunkerquois face à des températures un peu trop clémentes. "Il faudrait que ça redescende", confirme son homologue picard. À partir de la mi-janvier, il évaluera régulièrement les réserves de ses protégées que le producteur viendra compléter en cas de pénurie.  

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